Sommet de l’élevage – Rémunération, Europe, les grands thèmes abordés par le ministre


Présent lors de la journée d’ouverture du Sommet de l’élevage, le 5 octobre, le ministre de l’agriculture a rappelé son engagement sur la rémunération, alors que les éleveurs, notamment allaitants, ne parviennent toujours pas à couvrir leurs coûts de production. Le sujet de l’Europe et de ce qu’elle apporte, ou non, à l’élevage, a également été longuement abordé, la France devant prendre en janvier la présidence tournante du conseil de l’Union européenne.

« Notre élevage est de qualité et doit être rémunéré comme tel », c’est le message martelé par le ministre de l’agriculture lors de sa visite au Sommet de l’élevage, à Cournon-d’Auvergne (Puy-de-Dôme), le 5 octobre. Car après la loi Egalim promulguée en 2018 et qui n’a pas tenu ses promesses en matière de prix équitable, une deuxième loi « pour la protection de la rémunération des agriculteurs » va être mise en œuvre dans les prochaines semaines avec, cette fois, des mécanismes obligatoires pour prendre en compte les coûts de production des éleveurs : indicateurs de coûts de production à la base de la construction du prix, sécurisation de ce prix lors des négociations entre industriels et grande distribution, contractualisation sur trois ans obligatoire avec le premier acheteur, transparence…

La loi, qui doit être adoptée le 14 octobre par le Parlement, prévoit l’entrée en vigueur des mécanismes de transparence dès le 1er janvier 2022, l’obligation de la contractualisation au plus tard le 1er janvier 2023 avec la possibilité d’avancer la mise en œuvre. « Notre objectif, c’est le 1er janvier 2022 pour les jeunes bovins et les génisses », et pour les broutards, le 1er juillet 2022, a précisé Julien Denormandie lors d’une séance de questions-réponses sur la loi Egalim 2, le matin de sa visite.

Concilier élevage et Pacte Vert européen

Autre sujet de débat, le rôle de l’Europe dans le soutien à l’élevage. Alors que 2 000 éleveurs bovins disparaissent chaque année en France, quels leviers l’Union européenne peut-elle apporter pour soutenir l’innovation et un modèle d’élevage français qualitatif ? Pour Pascal Lamy, ancien commissaire européen au commerce, ancien directeur général de l’OMC, la transition demandée par les citoyens européens va nécessiter d’adapter « la protection des agriculteurs européens et notamment des éleveurs, car on sait très bien que le secteur carné est celui qui émet le plus de CO2 dans l’ensemble des productions agricoles ».

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Néanmoins, pour le président de l’institut Delors, l’agriculture ne peut pas se soustraire aux objectifs du Pacte Vert, qui « correspond à ce qu’a exprimé la majorité démocratique au Parlement européen : on ne peut pas mettre l’agriculture hors la loi du pacte vert », répond-t-il notamment à la présidente de la FNSEA. Pour lui, il faudra quoiqu’il en soit atteindre la neutralité carbone en 2050, réduire de – 55 % les émissions de gaz à effet de serre… Et ce, même si l’étude d’impact indique que les orientations du Pacte Vert vont conduire à une baisse de production, une augmentation des prix et une augmentation des importations dont le bilan carbone réduira de deux tiers le bénéfice liés aux efforts européens…

Pour le député européen Jérémy Decerle (Renew), éleveur et ancien président de Jeunes agriculteurs, « l’objectif c’est surtout de relever, dans les ordres de priorité, les questions de revenu, de renouvellement des générations… c’est sûr que quand y’aura plus de paysans, y’aura plus de problèmes pour réduire les pesticides », souligne-t-il.

Refonder les règles de la politique commerciale

« Le Green deal est une bonne vision politique si elle est inclusive, si elle concerne aussi la politique commerciale. Le changement doit s’opérer là-dessus », explique de son côté Julien Denormandie. Dans une tribune publiée par Le Figaro le 3 octobre, le ministre de l’agriculture déplore, avec ses homologues espagnol et autrichienne, que les théories sur lesquelles se base actuellement le commerce international « ne savent pas prendre en compte le caractère vulnérable et non renouvelable de certaines ressources », et il entend bien profiter de la présidence française du Conseil de l’UE, à partir de janvier 2022, pour faire bouger les lignes.

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La compétitivité de l’élevage français n’est « pas sur le coût, mais sur la qualité, ce qui n’est possible que si cette qualité est rémunérée », explique le ministre. « Pour la rémunérer il faut se protéger plus contre ce qui n’est pas de la même qualité », notamment contre l’utilisation d’hormones ou d’antibiotiques de croissance, de produits qui génèrent de la déforestation, rappelle-t-il.

Néanmoins, l’élaboration des textes de déclinaison du Green Deal devrait prendre « un an et demi à deux ans », soit après la présidence française qui dure six mois. Une période au cours de laquelle l’objectif de la France est clair : « obtenir les clauses miroir sur les antibiotiques, consolider le positionnement sur la politique commerciale, et créer cette dynamique politique pour prendre un autre chemin dans la vision de ces politiques commerciales », indique Julien Denormandie.





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