Trois personnalités appellent à la «démission collective des évêques» catholiques


Trois personnalités, dont le cofondateur de l’association de victimes La parole libérée François Devaux, lancent un appel lundi 11 octobre à la «démission collective» des évêques, après les conclusions de la Commission Sauvé sur la pédocriminalité dans l’Église catholique. Cet appel intitulé «Face à la faillite, la démission des évêques est la seule issue honorable», est également lancé par la théologienne Anne Soupa et la directrice de la rédaction de Témoignage chrétien, Christine Pedotti.

Il intervient six jours après la publication des travaux de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église (Ciase), qui a estimé à 216.000 le nombre de personnes victimes d’un prêtre ou d’un religieux en France depuis les années 1950, voire 330.000 si l’on ajoute les agresseurs laïcs en lien avec les institutions de l’Église.

«Bien plus que des défaillances, le rapport de la Ciase met en lumière une véritable faillite», estiment Christine Pedotti, Anne Soupa et François Devaux. Selon eux, «n’importe quelle organisation, association, entreprise en tirerait les conséquences qui s’imposent : se défaire de ses dirigeants (…) Nous demandons, comme un signe d’espoir et de renouveau, la démission collective de l’ensemble des évêques en exercice». Selon eux, la démission «est le seul geste à la mesure de la catastrophe et de la perte de confiance dans laquelle nous sommes. C’est un premier acte de repentir concret, coûteux, à l’égard des victimes. C’est la seule attitude qui peut permettre de restaurer la maison Église».

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«De plus, c’est la seule façon de rendre possible l’indemnisation des victimes car la faillite de l’institution est aussi matérielle. Les fidèles ne veulent pas contribuer pour des fautes qu’ils n’ont pas commises. Mais dans une Eglise restaurée dans laquelle tous et toutes seront représentés, cette solidarité et cette fraternité nouvelles permettront de trouver les ressources financières nécessaires», détaillent-ils.

Travailler à «l’Église d’après»

Tous trois font valoir que «dans l’Église catholique, des précédents existent : les évêques du Chili ont remis leur démission collective au pape François après qu’une gigantesque affaire de pédocriminalité a été dévoilée. En Allemagne, le cardinal Marx, archevêque de Munich, a lui aussi présenté sa démission au pape au nom de la responsabilité qu’il considérait porter au regard des abus sexuels, bien que lui-même n’ait pas failli». Et de poursuivre : «Sans doute, tous les évêques français n’ont-ils pas couvert des crimes, mais la structure même de la hiérarchie catholique suppose une continuité et une solidarité entre chaque évêque et son prédécesseur. À ce titre, si tous ne sont pas coupables, tous sont responsables».

Enfin, ils suggèrent au pape François, de nommer comme «légat» (représentant officiel du pape) Véronique Margron, présidente de la Corref (instituts et congrégations religieux), en attendant de travailler à «l’Église d’après».

En 2020, la théologienne Anne Soupa avait postulé à l’archevêché de Lyon pour succéder à Mgr Philippe Barbarin, afin de questionner la place des femmes dans la gouvernance de l’Église. La parole libérée, à l’origine des affaires Preynat et Barbarin, est aujourd’hui dissoute.

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La France compte un peu moins de 120 évêques.



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