LES INCONTOURNABLES
Perrotin, mastodonte de la rue de Turenne
Il a commencé à exposer à 21 ans, dans un petit appartement loué dans le quartier des Halles à Paris. Emmanuel Perrotin (né en 1968) savait-il alors qu’il allait ouvrir des antennes à Hong Kong, New York, Tokyo, et cumuler plus de 7 000 mètres carrés d’espaces d’exposition à travers le monde ? Aujourd’hui et depuis 2005, c’est au 76 rue de Turenne que l’on se rend régulièrement pour découvrir les dernières œuvres de Sophie Calle, Bernard Frize, Takashi Murakami ou Kaws. Que des stars, ou presque, au petit poil dans cet ancien hôtel particulier du XVIIIe siècle et son extension de l’impasse Saint-Claude.
76, rue de Turenne • 75003 Paris
www.perrotin.com
Marian Goodman, galeriste et libraire d’art
Papesse des galeristes, Marian Goodman (née en 1928) s’est démarquée dans les années 1970 et 1980 en faisant découvrir au public américain les grands artistes européens. Tout commence en 1965 lorsqu’elle fonde une maison d’édition de livres d’artistes et de multiples : elle travaille rapidement avec de grands noms tels que les Allemands Joseph Beuys et Gerhard Richter ou l’Américain Roy Lichtenstein… En 1974, soucieuse de trouver une galerie pour son ami Marcel Broodthaers, elle échoue et décide finalement d’en ouvrir une, à New York. La grande aventure est lancée : en 1995, elle ouvre un espace à Paris, puis en 2014 à Londres. En 2016, son espace parisien se double d’une librairie, tout aussi incontournable, rappelant ainsi son goût pour les livres.
Galerie Marian Goodman
79 Rue du Temple • 75003 Paris
www.mariangoodman.com
Georges-Philippe et Nathalie Vallois, la passion des Nouveaux Réalistes mais pas que
Passons sur la rive gauche, un couple nous y attend. Georges-Philippe et Nathalie Vallois y ont ouvert leur galerie en 1987 en pleine rue de Seine, au beau milieu des très chics antiquaires et des enseignes spécialistes de l’art moderne. Leur dada ? Les Nouveaux Réalistes. Ils représentent Niki de Saint Phalle, Jacques Villeglé et Jean Tinguely. Quelques Américains aussi, qu’ils contribuent à faire (re)découvrir (Robert Cottingham, John DeAndrea) et des émergents dont le génial duo iranien Peybak.
Galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois
33 & 36 rue de Seine • 75006 Paris
www.galerie-vallois.com
Templon, temple d’art à deux pas de Pompidou
En 1972, il fallait avoir du nez pour ouvrir une galerie rue Beaubourg, soit à quelques mètres du futur Centre Pompidou inauguré cinq ans plus tard. Ce nez, c’est celui de Daniel Templon (né en 1945), prodige passionné qui commence son activité de galeriste à l’âge de 21 ans et passe sa vie à défendre et exposer Gérard Garouste, Chiharu Shiota, Pierre & Gilles. Beaucoup d’Américains d’abord (Andy Warhol, Willem de Kooning, Frank Stella), puis un éclectisme international avec quelques pépites de la jeune scène contemporaine (Abdelkader Benchamma, Billie Zangewa). En 2018, Templon ajoute à son premier espace caché au fond d’une cour une adresse sur rue (du Grenier Saint-Lazare), plus grande, plus haute et plus lumineuse.
Galerie Daniel Templon
30, rue Beaubourg • 75003 Paris
danieltemplon.com
28 Rue du Grenier-Saint-Lazare • 75003 Paris
www.templon.com
Almine Rech, l’autre reine de la rue de Turenne
Fille du couturier Georges Rech et épouse du petit-fils de Pablo Picasso, Almine Rech n’a cessé de grandir pour devenir, au fil des années 2000 et 2010, l’une des galeristes les plus importantes de Paris. D’abord installée dans le 13e arrondissement dans les années 1990, elle s’est agrandie en déménageant à plusieurs reprises. En 2014, elle inaugure son adresse actuelle dans un hôtel particulier de la rue de Turenne et multiplie depuis les gros coups – après Bruxelles, ses espaces s’ouvrent à Londres, dans l’Upper East Side à New York et à Shanghai. Côté artistes, il faut souligner son amour premier pour l’art conceptuel et minimal, et pour les artistes américains, avec de belles trouvailles, comme la jeune peintre canadienne Chloe Wise, qui explose les compteurs d’Instagram.
64, rue de Turenne • 75003 Paris
www.alminerech.com
David Zwirner, nouveau venu dans l’arène parisienne
Avec ses yeux bleu glacé, David Zwirner (né en 1964) est l’un des visages les plus célèbres de la planète galeristes. Fils d’un marchand d’art allemand et collectionneur dès ses jeunes années, il fait ses premiers pas en solo en 1993 dans le quartier de SoHo à New York – il y inaugurera, en 2021, un nouvel espace de cinq étages dans un bâtiment signé Renzo Piano, rien que ça ! À Paris, il défraie la chronique en s’installant à l’automne 2019 en plein cœur du Marais, dans l’espace sous verrière anciennement occupé par l’immense Yvon Lambert. Une place de choix, devenue immédiatement incontournable avec des expositions de Raymond Pettibon, de Dan Flavin et de Jordan Wolfson.
Galerie David Zwirner
108 Rue Vieille du Temple • 75003 Paris
www.davidzwirner.com
Kamel Mennour, de la photographie à l’art
Entre Saint-Germain-des-Prés et Saint-Michel, la galerie Kamel Mennour se visite dans deux espaces distants de cinq minutes à pied, rue Saint-André-des-Arts et du Pont de Lodi. Enfant d’une femme de ménage qu’il a voulu rendre fière, l’homme (né en 1965) a débuté rue Mazarine en 1999, dans un lieu minuscule retapé soigneusement pour y exposer des photographes – Nobuyoshi Araki, Martin Parr, Annie Leibovitz. Trois ans plus tard, il s’ouvre à l’art contemporain et défend Daniel Buren, François Morellet, Martial Raysse. Depuis, il a déménagé, n’a pas écouté ceux qui lui conseillait d’aller dans le Marais et a fait son chemin : en 2016, ouverture d’un troisième espace parisien rue de Matignon, et d’un autre à Londres. Parmi ses artistes, Claude Lévêque et François Morellet, mais aussi Hicham Berrada, Zineb Sedira (prochaine représentante de la France à la Biennale de Venise) et Mohamed Bourouissa.
Galerie Kamel Mennour – Saint-André des Arts
47 Rue Saint-André des Arts • 75006 Paris
www.kamelmennour.com
Galerie Kamel Mennour – Pont de Lodi
6 Rue du Pont de Lodi • 75006 Paris
www.kamelmennour.com
EXTRA MUROS ET EXTRA !
Thaddaeus Ropac à Pantin, joie d’espace
Géant parmi les géants, Thaddaeus Ropac (né en 1960) a réussi son coup en ouvrant un espace à Pantin en 2012. Parisien depuis 1990 (après Salzbourg et avant Londres), le galeriste, ancien assistant de Joseph Beuys, a réhabilité une chaudronnerie du XIXe siècle, y installant un café et une petite librairie, devinant avec un certain génie qu’il serait bientôt évident pour les visiteurs du Marais (et pas que) d’aller faire un tour au nord-est de Paris pour découvrir ses sublimes expositions d’art minimal et conceptuel. Avec, en vrac, des stars comme Anselm Kiefer, Antony Gormley, Georg Baselitz, Ron Mueck.
Galerie Thaddaeus Ropac Pantin
69, avenue du Général Leclerc • 93500 Pantin
ropac.net
Gagosian au Bourget, l’envol !
Dans la famille des espaces extra muros et extraordinaires, le pape Gagosian a fait fort au Bourget en 2012, aidé dans sa tâche par l’architecte Jean Nouvel : un bâtiment industriel de plus de 1 650 mètres carrés est venu compléter la (longue) liste de lieux où Larry Gagosian s’est implanté depuis 1979, année de la fondation de la galerie à Los Angeles (Londres, Athènes, Bâle, Genève, Hong Kong, Rome…). Un espace immense pour artistes de taille – Taryn Simon, Tatiana Trouvé, William Forsythe en plus de Jeff Koons, Harmony Korine et Sally Mann.
Galerie Gagosian – Le Bourget
26 Avenue de l’Europe • 93350 Le Bourget
www.gagosian.com
Galleria Continua, l’art en pleine campagne
Rendez-vous à Boissy-le-Châtel, en Seine-et-Marne, pour découvrir l’adresse prodigieuse ouverte en 2007 par Mario Cristiani, Lorenzo Fiaschi et Maurizio Rigillo. Ces trois Italiens passionnés se sont réunis en 1990 avec une envie : fonder des galeries (à Rome, La Havane, Pékin, Rome) où le patrimoine ancien dialoguerait avec la création contemporaine. Ici, une usine de 10 000 mètres carrés et une ancienne papeterie de 30 000 mètres carrés, avec parc de sculptures, restaurant et skatepark, accueillent les visiteurs dans un cadre hors du commun. Leurs invités ? Kader Attia, Ai Weiwei, Leandro Erlich… Canon !
Ouvert du mercredi au dimanche de 12 h à 18 h
Ligne P depuis Gare de l’Est : Coulommiers
48 Rue des Papeteries • 77169 Boissy-le-Châtel
www.galleriacontinua.com
Komunuma, le nouveau venu de Romainville
Encore en chantier à l’heure où nous écrivons, le projet Komunuma ne devrait pas tarder à ressembler (vraiment) à quelque chose. Pour l’heure, on déniche entre les bâches les espaces des galeries Jocelyn Wolff (également présent à Belleville), Vincent Sator (également dans le Marais), Air de Paris, In Situ – Fabienne Leclerc et l’association Jeune Création. Bientôt, la Maëlle Galerie rejoindra la danse, quittant sa petite adresse bellevilloise pour un espace de 100 mètres carrés. Et c’est sans doute ce qui attirera dans cette ville encore peu prisée des collectionneurs : de la place, de l’air, de la lumière, et les projets hors normes qui vont avec.
43 Rue de la Commune de Paris • 93230 Romainville
www.komunuma.com
OÙ DECOUVRIR DES ARTISTES ÉMERGENTS
Crèvecoeur, pointue à Belleville
Fondée en 2008, la galerie Crèvecœur partage entre Marseille et Paris son ambition défricheuse – parmi ses (jeunes) artistes, Renaud Jerez, Shana Moulton et Louise Sartor. Dans le 10e arrondissement, Crèvecœur se cache dans la cour d’un immeuble récent de la rue des Cascades et aime les accrochages collectifs. Sonnez à l’interphone et laissez-vous guider par l’œil expert d’Axel Dibie et Alix Dionot-Morani, les deux galeristes qui se sont rencontrés sur les bancs de Sciences Po et qui n’hésitent pas à mettre la main à la pâte.
9 Rue des Cascades • 75020 Paris
www.galeriecrevecoeur.com
Galerie Crèvecœur – Marseille
5-7, rue du Chevalier Roze • 13002 Marseille
www.galeriecrevecoeur.com
Marcelle Alix, l’autre duo bellevillois
À deux pas de la librairie Le Genre urbain et des restaurants chinois de la rue de Belleville, la galerie Marcelle Alix étonne avec son espace étroit et son escalier vertigineux. Rien qui ne décourage les curieux, ses artistes (Lola Gonzàlez, Liz Magor, Laura Lamiel) valant le détour rue Jouye-Rouve, où la galerie a été ouverte en 2009 par Isabelle Alfonsi et Cécilia Becanovic.
Galerie Marcelle Alix
4 Rue Jouye-Rouve • 75020 Paris
marcellealix.com
22,48 m2, l’art de poche
Toujours à Belleville, décidément, où Rosario Caltabiano a transformé son atelier, il y a dix ans tout pile, en galerie sur rue. 22,48 mètres carrés, c’est la taille de la première salle, qu’il a ensuite agrandie en transformant l’ancien bureau en espace d’exposition. Petite comme un appartement parisien, la galerie se place elle aussi du côté des jeunes artistes (dont quelques-uns intéressés par les « nouveaux médias » et l’intelligence artificielle), qu’elle accompagne avec des éditions – Émilie Brout & Maxime Marion, Caroline Delieutraz, Salut c’est cool.
30 Rue des Envierges • 75020 Paris
www.2248m2.com
Laure Roynette, l’émergence au cœur du Marais
Retour à deux pas des rues Debelleyme et de Turenne pour découvrir, en face de la galerie et libraire d’art Florence Loewy, l’antre de Laure Roynette. De jeunes artistes, encore, aux pratiques variées, et un emplacement de choix, en angle. Belles vitrines et murs immaculés accueillent les peintures de Jean-Baptiste Boyer, les photographies de Léonard Bourgois Beaulieu ou les compositions géométriques de Laurie van Melle.
Galerie Laure Roynette
20 Rue de Thorigny • 75003 Paris
www.laureroynette.com
NOS COUPS DE CŒUR
Magda Danysz, street art au cœur du 11e
À 17 ans déjà, Magda Danysz ouvrait une première galerie rue Keller, dans le 11e arrondissement, et exposait JonOne. Les prémices de ce qui la démarquera rapidement après ses études de commerce. En 1998, elle ouvre son adresse et fait une nouvelle fois montre d’un appétit précurseur pour le street art, encore peu représenté sur le marché de l’art. Shepard Fairey, JR, ZEVS passent entre ses murs – aux côtés d’artistes chinois comme Liu Bolin, qui se peint entièrement pour disparaître dans des paysages, ou Li Hongbo et ses spectaculaires œuvres de papier.
Galerie Magda Danysz
Ouvert du mardi au vendredi de 11 h à 19 h
et le samedi de 14 h à 19 h
78, rue Amelot • 75011 Paris
magdagallery.com
Backslash, espace sublime à deux pas de République
250 mètres carrés rue Notre-Dame de Nazareth, Backslash est plutôt bien lotie ! Avec un bel étage et deux fondatrices dynamiques, Delphine Guillaud et Séverine de Volkovitch, la jeune enseigne a tout pour plaire. Les deux amies se sont rencontrées chez Daniel Templon et ont ouvert Backslash en 2010. Un peu de céramique avec Elsa Guillaume, de la peinture avec Fahamu Pecou et des échappées sculpturales en trois dimensions avec Michael Zelehoski. Une sélection enthousiasmante.
29 Rue Notre Dame de Nazareth • 75003 Paris
www.backslashgallery.com
Agnès b., nouvelle venue du 13e arrondissement
Qui l’eût cru ? Il n’y avait qu’elle, la grande créatrice et collectionneuse Agnès b. (née en 1941) pour oser s’installer dans le 13e arrondissement des années après que la fameuse rue Louise Weiss ait vu partir toutes ses galeries. Pas grave, nous souffle Agnès, n’hésitant pas à quitter l’adresse historique de la rue Quincampoix où sa Galerie du jour était installée depuis 1997 (après une création en 1984), pour le quartier flambant neuf de la Bibliothèque nationale de France. Une fondation et une galerie vous y attendent, avec une petite mais excellente librairie.
Place Jean – Michel Basquiat • 75013 Paris
la-fab.com
Galerie Polka, la plus photogénique !
300 mètres carrés, une revue et une librairie dédiés à la photographie : la passion d’Adélie de Ipanema et Edouard Genestar est plutôt tenace ! L’adresse a été fondée en 2007 et représente aujourd’hui une quinzaine de photographes – et non des moindres : Marc Riboud, Claude Nori, Joel Meyerowitz… En plein cœur du Marais, on y revient presque tous les mois.
12 Rue Saint-Gilles • 75003 Paris
www.polkagalerie.com
Nathalie Obadia, et de grandes artistes
Elle a fait ses classes chez Adrien Maeght, chez Daniel Varenne et chez Daniel Templon : fille de collectionneurs, Nathalie Obadia (née en 1962) s’est lancée en solo en 1993, et s’est rapidement fait remarquer en présentant de la peinture à l’époque où plus aucun galeriste n’osait le faire. Aujourd’hui, elle défend (entre autres) de très belles artistes comme Laure Prouvost, Agnès Varda, Rina Banerjee et Fiona Rae. Un engagement pour la création féminine conservé de ses débuts.
Galerie Nathalie Obadia
3 Rue du Cloître Saint-Merri • 75004 Paris
www.nathalieobadia.com