Invité de RTL ce mardi, le ministre de l’Économie a toutefois rappelé que la priorité du gouvernement était d’investir dans les véhicules électriques.
«Il faut laisser toutes les portes ouvertes.» Interrogé ce matin par RTL, Bruno Le Maire a assuré que le gouvernement était prêt à un effort pour compenser la hausse du prix du carburant, comme il l’a récemment fait avec le chèque énergie pour le gaz et l’électricité. Sur le même sujet des énergies, il a par ailleurs attaqué frontalement deux candidats à la présidentielle : Xavier Bertrand et Anne Hidalgo.
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«Sur le diesel et l’essence, si l’envolée se poursuit il faudra réagir, a donc assuré Bruno Le Maire. On l’a fait sur le gaz et l’électricité, donc s’il faut le faire sur le carburant, nous sommes prêts à le faire.» Le ministre de l’Économie a toutefois rappelé que la «cohérence» du gouvernement, qui a fléché un tiers de son plan de relance vers la croissance verte, était «plutôt de subventionner des véhicules électriques et des bornes de recharge rapide».
«Les candidats perdent toute cohérence»
Alors qu’Anne Hidalgo a prôné ces derniers jours une baisse des taxes sur le carburant, Bruno Le Maire a fustigé une «incohérence complète» de la part de la maire de Paris «qui souhaite financer les énergies fossiles» tout en faisant la guerre aux automobilistes dans sa ville. «On n’en est pas à une incohérence près», a poursuivi le ministre.
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Même sujet -l’énergie-, autre victime : Xavier Bertrand. Le président de la région Hauts-de-France, lui aussi candidat, a en effet regretté que l’État, qui a touché selon lui deux milliards d’euros sur l’augmentation des taxes en valeur absolue, n’en ait redistribué que 500 millions à travers le chèque énergie. «Les candidats perdent toute cohérence, a dit Bruno Le Maire. Je ne sais pas d’où il sort ce chiffre, mais il oublie que quand il y a une augmentation de ces taxes, il y a une hausse des charges sur les entreprises, et donc une diminution de l’impôt sur les sociétés» qui arrive dans les caisses de l’État. «Tous ces calculs ne tiennent pas la route, revenons à la cohérence, a conclu le ministre à ce sujet. Le pouvoir d’achat n’est pas [un plan de] communication, c’est une ligne politique.»
Défense du nucléaire
Pour Bruno Le Maire, la «vraie réponse structurelle» à apporter pour contrer l’envolée des prix de l’énergie est à chercher du côté de Bruxelles et de l’Union européenne. «Ce qui est scandaleux, a-t-il dit, c’est que le prix de l’énergie soit le prix du fonctionnement des centrales à gaz qu’on fait tourner [à l’autre bout] de l’Europe. Il faut que le prix [de l’énergie] ne soit pas indexé sur le prix du gaz, mais sur le coût moyen de la fabrication d’énergie en France.» Il a par ailleurs redit son attachement au nucléaire. «Ce que nous montre de manière très crue la crise énergétique, c’est qu’il faut être plus indépendant, [et donc] réinvestir sur le nucléaire.» Des investissements qui ne tarderont pas, puisque Emmanuel Macron a pour objectif d’accélérer le développement en France de la technologie des petits réacteurs modulaires, ou small modular reactors (SMR).
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Bruno Le Maire a enfin été interrogé sur le scandale des Pandora Papers, cette enquête sur la fraude fiscale menée par plusieurs médias. «J’ai demandé à la DGFIP [de repérer les] contribuables français dans cette liste, a-t-il dit. On va chercher [ceux] qui ont triché et [on sera] intraitables avec [eux].» Pour ce faire, Bercy va diligenter une «task force» composée notamment de magistrats du Parquet national financier et de spécialistes de la direction générale des finances publiques. «Nous vérifierons chaque centime d’euro», a assuré Bruno Le Maire.