10 expositions en galerie qui nous excitent


1. Richard Serra atterrit chez Gagosian

Un labyrinthe d’acier qui serpente, tel un long ruban souple et rigide à la fois, l’espace de la galerie Gagosian au Bourget. On reconnaît bien sûr au premier coup d’œil l’œuvre de Richard Serra, qui avait marqué les esprits en 2008 lors de sa participation à Monumenta au Grand Palais. L’installation hors norme – elle pèse 210 tonnes et mesure 4 mètres de haut, 17,7 mètres de large et 18,2 mètres de long – méritait un lieu à sa démesure… Et quel formidable cocon que ce qui fut un ancien hangar à avions, avant l’intervention de Jean Nouvel et HW architecture ! Avec Transmitter, Serra transforme une fois de plus l’acier, matériau froid et industriel par excellence, en matière noble, sensuelle, vivante. Le visiteur est invité à se mouvoir entre ses courbes, à admirer de près la moindre de ses aspérités… Un must see !

Richard Serra, Transmitter

Richard Serra, Transmitter, 2020

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acier • 400 × 1770 × 1820 cm • © 2021 Richard Serra/Artists Rights Society (ARS), New York Photo: Thomas Lannes / Courtesy Gagosian, Paris, New-York

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Richard Serra : Transmitter

gagosian.com

2. Daido Moriyama dans la ville, à la galerie Polka

Bienvenue à « Moriyamapolis », cité où cohabitent des hommes et des femmes errant parfois sans but dans une atmosphère moite et interlope. Sur les murs de la galerie Polka, Daido Moriyama (exposé conjointement à la Maison Européenne de la Photographie) déploie son univers sensoriel et incandescent. En noir et blanc comme en couleur, ses images, d’une intensité folle, évoquent tantôt Buñuel, tantôt Lotar. Nous sommes à Tokyo ou bien ailleurs : la ville photographiée par Moriyama, toujours obsédante, se joue des lois du temps et de l’espace. Elle vrombit, déploie à l’envi ses motifs d’enseignes, de néons lumineux et de bas résille. Et le photographe de nous embarquer dans son tourbillon d’expérimentations visuelles hautement addictives.

Daido Moriyama, Photo de la série Pretty Woman

Daido Moriyama, Photo de la série Pretty Woman, 2017

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© Fondation Daido Moriyama / Courtesy Akio Nagasawa et Polka Galerie, Paris

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Daido Moriyama. Speakeasy

Du 17 septembre 2021 au 30 octobre 2021

www.polkagalerie.com

3. Les mini-gourmandises de Sophie Varin chez Sultana

Il ne faut surtout pas hésiter à se pencher, à plisser les yeux. Car les peintures de Sophie Varin sont de toutes petites gourmandises, qui se savourent comme des bonbons. Sur de minuscules toiles de lin ou de coton – les plus grandes mesurent 14,5 centimètres par 9, les plus petites 6 par 4,5, et peuvent tenir au creux de la main ! – cette jeune artiste aux talents de miniaturiste imagine des mini-scénarii aux couleurs acidulées. Des récits opaques, sans début ni fin, où les intrigues se nouent et se dénouent dans des environnements évanescents. Joyeux et étonnant !

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Sophie Varin, De gauche à droite : Unrecognizable Elements of Fate / Sometimes we interfere sometimes we don’t / Reasonable Doubt

Sophie Varin, De gauche à droite : Unrecognizable Elements of Fate / Sometimes we interfere sometimes we don’t / Reasonable Doubt, 2021

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Courtesy Sophie Varin et Galerie Sultana, Paris / © photo : Aurélien Mole

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Sophie Varin. Ni bien ni mal

Du 10 septembre 2021 au 30 octobre 2021

galeriesultana.com

4. Ôde au mainstream à Jeune création

Les mots, à un près, sont ceux du poète et musicien américain Gill Scott-Heron. « Glad to take height and see the slow motion world » invite à se retirer du monde. Prendre de la hauteur, changer les lois de la perspective et observer simplement ce qui se passe là, en bas. À la galerie Jeune Création, la commissaire indépendante Mathilda Portoghese a réuni cinq jeunes pousses au talent prometteur. Cinq créateurs en prise avec la société, qui puisent dans les cultures populaires la matière première de leur art. Avec son installation multimédia Bakou, Aïda Bruyère ressuscite ainsi les plus belles heures de la chaîne MTV, détournant avec délice les codes visuels des real TV américaines des années 2000. Rayane Mcirdi s’est quant à lui pris de fascination pour la passion de son cousin, mordu de kung-fu, et retrace avec lui le parcours d’un « héros disciple » dans un petit film aussi burlesque que jubilatoire… Tandis que Jérémie Danon nous fait écouter la parole bouleversante de personnes en réinsertion, dont l’image est incrustée dans des décors de synthèse tirés de jeux vidéo à la beauté époustouflante. Sans oublier le vestiaire coloré de Chalisée Naamani, habité de symboles, et les dessins au feutre de Nadjib Ben Ali, qui figent sur papier les meilleurs moments de la coupe du monde de 2018. Tous apparaissent comme de grands enfants, jouant avec des modèles et des références qu’a priori tout oppose mais qu’ils maîtrisent parfaitement. C’est aussi ça, savoir prendre du recul.

Jérémie Danon, Plein air

Jérémie Danon, Plein air, 2020-2021

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Photographie à la chambre argentique Bruce GTA V projet • Courtesy Jérémie Danon

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Glad to take height and see the slow motion world

Du 12 septembre 2021 au 23 octobre 2021

www.jeunecreation.org

5. Des mots et des motifs à la 193 gallery

Se fondre dans le décor. Littéralement. Enveloppées dans de larges tissus, les silhouettes photographiées par Alia Ali ressemblent à de curieux fantômes perdus dans un océan de motifs colorés. Le choix du tissu n’est pas anodin. Il s’agit en grande partie de wax – ce fameux textile importé en Afrique au XIXe siècle par des marchands hollandais et dont l’histoire est étroitement liée à celle de la colonisation – mais pas que. On trouve également du batik ou encore de la laine Maasaï… À travers ce tour du monde, Alia Ali, qui est originaire du Yemen et de Bosnie (elle vit et travaille aujourd’hui aux États-Unis), s’interroge sur les notions de récupération et de réinterprétation. Par un habile dialogue entre texte et textile, elle questionne les rapports d’inclusion et d’exclusion, mais aussi l’effacement des corps. Et nous rappelle que le textile est avant tout un fondement de l’humanité.

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Alia Ali, Série FLUX, de gauche à droite : Pulse / Throb / Beat

Alia Ali, Série FLUX, de gauche à droite : Pulse / Throb / Beat, 2019

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Impression pigmentaire sur Photo Rag 310g laminé UV monté sur Dibond d’aluminium, dans un cadre customisé en bois traité et tapissé par l’artiste de laine Massai • 124,5 × 89 × 7,5 cm • Courtesy Alia Ali / © 193 Gallery, Paris

Du 2 septembre 2021 au 24 octobre 2021

www.193gallery.com

6. Le sens du partage selon Barthelemy Togo

En 1991 disparaissait Edmond Jabès, écrivain et poète français né en Égypte, qui toute sa vie durant s’est fait le passeur d’art et de culture, de part et d’autre de la Méditerranée. Trente ans plus tard, à la galerie Lelong & Co. le peintre Barthelemy Togo lui rend un émouvant hommage, inspiré du Livre du partage, écrit par Jabès en 1987. Autour de cette idée de partage, l’artiste opère des rapprochements entre l’œuvre de l’écrivain admiré et les Bamiléké, un peuple d’Afrique Centrale. L’exposition, qui rassemble notamment une série de peintures bleues, initiée en 2020 à l’occasion de la Biennale internationale de Busan en Corée, dévoile en creux les valeurs chères à Barthelemy Togo. Une leçon d’humanité.

Barthélémy Toguo, Partage V

Barthélémy Toguo, Partage V, 2020

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Encre sur toile • 205 × 195 cm • © Barthélémy Toguo / Courtesy Galerie Lelong & Co, Paris & Bandjoun Station

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Barthélémy Togo. Partages

Du 9 septembre 2021 au 10 novembre 2021

www.galerie-lelong.com

7. Le merveilleux jardin de la galerie Praz-Delavallade

Au commencement était le verbe. Celui de Nietzsche, puisé dans Le Gai Savoir (1887) : « Ah ! Ces Grecs, ils s’entendaient à vivre : pour cela il importe de rester bravement à la surface, de s’en tenir à l’épiderme, d’adorer l’apparence, de croire à la forme, aux sons, aux paroles, à tout l’Olympe de l’apparence ! » Et ainsi de suite. À la galerie Praz-Delavallade, le peintre Guy Yanai et la directrice artistique Aurore Chauve nous ouvrent les portes d’un jardin enchanteur, où l’on croise pêle-mêle les Polaroids de fleurs voluptueuses de François Halard, les photographies de statues callipyges de Camille Vivier ou encore les visions bleutées de Chris Johanson. Les deux commissaires nous invitent à une balade contemplative, où tout n’est que beauté et sensualité.

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Vue de l’exposition « The Greek Garden » à la galerie Praz-Delavallade

Vue de l’exposition « The Greek Garden » à la galerie Praz-Delavallade

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Du 11 septembre 2021 au 31 octobre 2021

www.praz-delavallade.com

8. Robert Mapplethorpe intime chez Thaddaeus Ropac

Un jeune garçon, aux traits fins et à la peau diaphane, se protège les yeux de la lumière éblouissante. Cette image pure aux élégants contrastes est la première d’une série de 16 photographies sélectionnées par Jean-Marc Bustamante dans l’œuvre de Robert Mapplethorpe. Des portraits en toute simplicité, qui offrent un nouveau regard sur cet artiste aussi prolifique que révolutionnaire, simplement posés contre les murs de la galerie Thaddaeus Ropac dans le Marais, tels des objets étrangement familiers… Au fil du parcours linéaire, des figures de l’intelligentsia new-yorkaise donnent la réplique à des icônes de l’underground, comme à de parfaits anonymes. Tous ces visages témoignent du rapport d’intimité noué entre le photographe et ses modèles durant la pose. Une bulle hors du temps.

Robert Mapplethorpe, Untitled Portrait

Robert Mapplethorpe, Untitled Portrait, 1981

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Tirage gélatino-argentique • 35 × 35 cm • Courtesy Thaddaeus Ropac, London · Paris · Salzburg · Seoul / © Robert Mapplethorpe Foundation

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Robert Mapplethorpe. Intérieur Jour

Du 4 septembre 2021 au 14 octobre 2021

ropac.net

9. Les paysages-doudous de Claire Tabouret chez Perrotin

Ceci n’est pas une toile. Ni vraiment un tableau. Ces paysages, Claire Tabouret les a peints cette année dans son atelier à Los Angeles, sur de la fourrure synthétique colorée. Compositions franches, couleurs pures, touches vives… Les imposants « fluffy landscape paintings » – comme les appelle l’artiste – convoquent l’esprit d’un fauve comme Matisse ou les motifs précubistes de Cézanne. Sous le pinceau de Claire, la nature apparaît étrangement vivante, et l’envie nous prend alors de caresser ces vastes étendues ; de laisser lentement glisser sa main à la surface duveteuse des tableaux, aussi tendres qu’un doudou. La promesse d’un jardin enchanté, à explorer à partir du 16 octobre.

Claire Tabouret, To be titled

Claire Tabouret, To be titled, 2021

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acrylique sur toile • 213,4 x 365,8 cm • Courtesy Almine Rech, Paris, Bruxelles et Perrotin, Paris, New-York

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Claire Tabouret. Paysages d’intérieurs

Du 16 octobre 2021 au 18 décembre 2021

www.perrotin.com

10. Le corps dans tous ses états à la galerie Paris-Beijing

« Esquisser de nouvelles possibilités d’existence » telle est l’ambition de cette exposition intitulée « Faire corps » pensée par la commissaire indépendante Camille Bardin, jeune lauréate du Prix AICA de la critique d’art. À la galerie Paris-Beijing, elle convoque à partir du 21 octobre dix artistes autour de la thématique du corps soumis aux stéréotypes de genre. Comme Pauline Rousseau qui, avec sa jouissive série Les Chefs-d’œuvre du musée du Louvre, désacralise les nus masculins du musée. Ou encore l’étoile filante de la photographie Ren Hang, qui a sondé les angoisses de la jeunesse chinoise, confrontée à la répression de la sexualité par un régime traditionaliste. Citons encore l’artiste afghane Kubra Khademi dont le travaille puissant porte aux yeux de tous les violences patriarcales qui, lorsqu’elles ne sont pas minimisées, sont carrément passées sous silence. Ici ou bien ailleurs. Entre les murs de la galerie, l’intime se mêle au politique – et vice versa. Le corps s’impose comme une formidable matière à créer, qui bouscule toutes nos certitudes et nous pousse à écrire de nouveaux récits collectifs inclusifs.

Kubra Khademi, Deviant Vision #12, Langue

Kubra Khademi, Deviant Vision #12, Langue, 2021

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Gouache sur papier • Coll. privée • © Kubra Khademi

Du 21 octobre 2021 au 18 décembre 2021

www.galerieparisbeijing.com



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