pour contourner les barrages, les médicaments arrivent en bateau


Les blocages routiers, liés au refus de la vaccination anti-Covid obligatoire des personnels soignants et pompiers, ainsi que l’enclavement des communes, empêchent nombre de pharmacies de recevoir les traitements pour leurs patients.

La débrouille face aux barrages routiers: au port de la commune de Pointe-Noire, un bateau habituellement touristique apporte une centaine de cartons et autant de bacs de médicaments sur un ponton défoncé. Les navires de nautisme touristique permettent de contourner les barrages routiers érigés dans la crise née il y a plus d’une semaine du refus de la vaccination anti-Covid obligatoire des personnels soignants ou des pompiers.

Et ceux qui le peuvent s’arrachent leurs services répertoriés sur Facebook, moyennant 50 à 100 euros par tête, notamment les pompes funèbres, les touristes devant rallier l’aéroport ou un hôtel, ou encore les pharmacies. «Nous sommes restés plusieurs jours, au début de la crise sans être livrés», relate Julie Piquion, pharmacienne de la commune.

Dans cette petite bourgade de la Côte-sous-le-Vent, comme dans les autres de la Basse-Terre, une barricade hermétique a été montée au début de la mobilisation qui secoue l’île depuis 10 jours. «J’arrive à passer sur le barrage, parce que je connais les gens de la région, mais pour les livreurs de médicaments, c’est une autre histoire», indique encore la pharmacienne, qui rapporte les bacs vides, des livraisons des jours précédents. Si un paquet manque, il faudra attendre demain, pour le récupérer. «Les pharmacies sont en flux tendu et ont 48 heures de stock environ», explique Julien Laplanche, directeur général du Groupement Pharmaceutique de Guadeloupe, une coopérative d’achats de médicament, qui approvisionne ses adhérents «deux fois par jour en temps normal».

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Avec les blocages routiers et l’enclavement des communes, nombre de pharmacies n’ont pas pu recevoir les traitements pour leurs patients. «Nos camions ne passent pas toujours, bien que leur cargaison relève du sanitaire. Alors, on s’est demandé comment on allait pouvoir livrer», raconte Julien Laplanche, dont l’entreprise livre plus de 1000 colis par jour. «On a eu l’idée de le faire par la mer».

Depuis lundi, des bateaux partent de Pointe-à-Pitre pour aller ravitailler les pharmacies encore inaccessibles par la route. «La tournée nous coûte, 1200 euros, six fois plus cher qu’une livraison normale, mais, on sait que nos clients sont livrés», rappelle Julien Laplanche. Ce système, un peu débrouille, mais très efficace, ne pourra pas tenir bien longtemps. «On perd quand même beaucoup d’argent», note le dirigeant.

Changer de business

«D’habitude je fais visiter Terre-de-Haut, aux Saintes, mais avec la situation, on perd de la clientèle», souligne Charly, le capitaine du bateau qui transporte les médicaments. Dans son secteur, tout le monde a réorienté son business, temporairement. «Ces types de ravitaillement sont essentiels pour la Côte-sous-le-Vent, puisqu’on est une île dans une île, et on n’a pas d’autres solutions que d’être approvisionné par la mer», indique Philippe Chaulet, producteur de café et responsable du Medef local, venu récupérer les médicaments pour son épouse, pharmacienne.

«Je n’ai vu qu’un seul camion en 10 jours, dit-il, en regardant les cartons s’entasser sur le ponton. » Cette situation nous permet quand même de nous rendre compte d’une chose: nous n’avons pas d’infrastructure qui nous permet d’être ravitaillés par barge, en cas de catastrophe climatique qui couperait tous les ponts par exemple«. «Quant à l’issue de la crise, dit-il, on va voir». La tournée est minutée. Il faut repartir vite. Mais le capitaine laisse s’éloigner un dauphin dont un aileron majestueux vient d’émerger, avant de faire vrombir à nouveau ses moteurs.

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