Oeuvres emblématiques de la filmographie de Luc Besson, “Le Grand bleu” et “Léon”, respectivement sorties en 1988 et 1994, sortent sur Amazon Prime en versions longues. L’occasion de pointer les différences avec leurs versions cinéma.
Il n’est guère surprenant que Le Grand bleu, sorti en 1988, et Léon, sorti en 1994, figurent parmi les oeuvres les plus appréciées du cinéaste Luc Besson, souvent diffusées à la TV d’ailleurs. Un tableau de chasse auquel on pourra adjoindre le toujours aussi fort et percutant Nikita, lui aussi multi-rediffusé depuis sa sortie en 1991.
Ce 14 décembre, la plateforme Amazon Prime accueille dans son catalogue Le Grand bleu et Léon, mais en versions longues. L’occasion de passer en revue les différences justement entre les versions exploitées en salles, et ces montages avant tout destinés aux fans.
De Victor le nettoyeur à Léon
Coincé entre la vision hypnothique et onirique du monde sous-marin avec Atlantis en 1991, et le comico-futuriste made in Hollywood avec Le Cinquième élément, Luc Besson livrait donc en 1994 Léon. Léon est directement inspiré de Victor, “nettoyeur” de son état, inventé par Luc Besson dans Nikita. Entre les deux films, le personnage change de prénom et gagne en humanité, passant d’un caractère froid et mystérieux dans Nikita à un fond émouvant et presque enfantin dans Léon.
Filmé aux Etats-Unis et tourné entièrement en anglais, Léon marque un tournant dans la carrière de Luc Besson. Le film lui permet d’asseoir sa réputation aux Etats-Unis (où Nikita avait connu une sortie limitée) et de conserver sa popularité en France, où Léon attire près de 3,5 millions de spectateurs. Et, bien entendu, le film a permis à Jean Reno de se propulser vers une carrière internationale, tout en révélant une jeune actrice promise à un grand avenir : Natalie Portman.
Quoi de neuf sur la table de montage ? Plutôt que de parler de version Director’s cut du film, le cinéaste lui-même préfèrait parler de version longue montée par ses soins, ou, en anglais, d’Extended cut, d’une durée de 133 min. Plus long d’une vingtaine de minutes par rapport au montage initial, le film est surtout destiné selon Luc Besson aux fans du film. La plupart des changements se trouvent dans la seconde partie du film, et développent beaucoup plus les rapports entre Mathilda et Léon ; ne se bornant plus à une simple relation de père / fille adoptive. On trouve notamment :
- Une scène dans laquelle Mathilda joue à la roulette russe pour forcer Léon à admettre qu’il l’aime;
- Une scène où elle lui demande ouvertement d’être son amoureux;
- Plusieurs scènes où on la voit accompagner Léon remplir ses contrats; bien qu’elle ne participe pas directement aux assassinats, elle en devient complice par sa seule présence.
L’appel du (grand) large
Enorme succès en salle en 1988 (près de 9,2 millions d’entrées), Le Grand bleu est ressorti l’année suivante dans une version plus longue de 50 minutes. Tandis que la version d’origine se centre sur le championnat de plongée en apnée ainsi que sur la relation à la fois amicale et rivale entre Jacques et Enzo, cette Director’s / Extended Cut donne davantage d’importance à l’histoire d’amour entre Jacques et Johanna (Rosanna Arquette), mettant Enzo un peu en recul. De quoi aussi satisfaire la comédienne, qui s’était plainte à l’époque de la première version d’avoir été pas mal coupée au montage.
Cette version fut ensuite éditée en VHS et en Laserdisc, puis en DVD en 2001 et en Blu-Ray en 2009. Pour l’anecdote, si le film fut un triomphe en salle, il se fit étriller par la Critique. De là cette inscription facétieuse que fit Besson sur l’affiche pour la ressortie de son film, à l’adresse de la Critique blasée : “N’y allez pas, ca dure trois heures !”
Voici les différences entre les deux versions :
- Johanna passe la nuit à parler de Jacques à sa colocataire Carol dans leur appartement new yorkais. Elle précise notamment que Jacques est américain par sa mère.
- Lorsque Jacques va sur le balcon après avoir fait l’amour avec Johanna, il aperçoit un dauphin puis plonge pour le rejoindre. Il tente de toucher le mammifère chaque fois que celui-ci fait un saut (reproduisant ainsi la photo ornant l’affiche du film). Johanna arrive à son tour et attend que Jacques sorte de l’eau. Ce dernier met fin à sa baignade au petit matin. À ce moment-là, Johanna lui affirme qu’elle va repartir à New York.
- Attristé par le départ de Johanna, Jacques rend visite à Enzo qui a dormi avec une combinaison de plongée. L’italien propose au français de l’emmener sur une plate-forme pétrolière où Enzo a été appelé pour un travail. Arrivés sur place, les deux hommes embarquent dans une capsule sous-marine qui est larguée vers le fond. Une fois arrivée en profondeur, une surdose d’hélium entraîne un changement de voix des personnages. Puis Enzo donne un peu d’alcool à Jacques en faisant tremper son doigt dans la bouteille pour qu’il puisse ensuite le sucer. Les deux hommes deviennent ivres, enfilent des scaphandres, descendent dans l’eau puis se mettent à valser en chantant l’air du Beau Danube bleu.
- À New York, Johanna se laisse aller au point de décevoir Carol. Par la suite, son boss Duffy (Griffin Dunne), qui a compris que Johanna lui avait menti pour expliquer son séjour en Sicile, licencie la jeune femme mais lui souhaite bonne chance dans sa vie amoureuse.
- Johanna téléphone à Jacques pour renouer le contact, réalisant qu’elle ne peut pas se passer de lui. Elle débarque à la gare sur la Côte d’Azur où elle retrouve Jacques. Puis les deux amoureux s’installent à l’hôtel Carlton et passent une longue nuit d’amour. Durant ce moment, Jacques est victime d’hallucination.
- Lors d’un déjeuner, l’oncle Louis (Jean Bouise) fait connaissance avec Johanna.
- Pendant que l’oncle Louis se dispute avec le poissonnier du port à propos de la marchandise, Enzo arrive en bateau puis présente Bonita (Valentina Vargas), sa nouvelle compagne.
- La scène de l’apéritif entre l’oncle Louis et Enzo a été non seulement déplacée (elle fut insérée après la victoire d’Enzo dans la version cinéma) mais aussi enrichie. Le champion italien se moque du vieil homme et de sa surdité. Par la suite, Jacques reçoit la visite du Dr Laurence (Paul Shenar) et le présente à Enzo.
- Une cérémonie de remise de trophée en l’honneur d’Enzo dans laquelle Novelli (Sergio Castellitto) fait un discours, précisant notamment qu’il serait dangereux de battre le record du champion. Pendant ce temps, Enzo fait signe à son frère de mettre des tranches de jambon dans un sandwich.
- Bonita rend visite à Johanna pour lui annoncer qu’elle part. Elle lui remet une photo de sa petite fille, renforçant ainsi le désir de Johanna d’avoir un enfant.