Goldeneye, un James Bond avec Pierce Brosnan… Et un jeu d’anthologie !


Si le James Bond Goldeneye célèbre les 25 ans de sa sortie en salle, marquant le retour de l’agent 007 après une pause de six ans, le film fut accompagné d’un jeu devenu mythique et sorti deux ans plus tard, sur Nintendo 64.

Il y a tout juste 25 ans, le 20 décembre 1995, sortait sur nos (grands) écrans Goldeneye, le 17e opus de l’increvable saga James Bond, porté cette fois-ci par Pierce Brosnan qui se glissait sous le costume de l’agent 007. Un film sorti aussi après un hiatus de six ans dans la franchise, en raison de conflits légaux. Le film a aussi une portée historique : c’est en effet le premier de la série a être réalisé après la chute de l’URSS et la fin de la Guerre Froide, qui reste la trame de fond de l’histoire.

Comme souvent, pour ne pas dire toujours ou presque, une licence aussi forte a drainé dans son sillage de nombreux produits dérivés, dont un jeu vidéo. Mais, à la grande différence des nombreux titres développés à la va-vite par des équipes sous-dimensionnées et aux budgets étriqués, conçus comme de simples produits dérivés opportunistes, le jeu Goldeneye, sorti sur la console Nintendo 64 et développé par Rare, fut une petite révolution dans le monde vidéoludique. Il fut le premier jeu de tir à la première personne (FPS) à intégrer des éléments d’infiltration et à atteindre un réalisme aussi poussé, avec des ennemis dotés d’une véritable intelligence artificielle, ainsi que pour la qualité de son mode multijoueur.

Avec des ventes estimées à huit millions d’exemplaires malgré une sortie tardive deux ans après le film, il a beaucoup contribué à la popularité du genre FPS, tout en étant un des rares cas d’adaptation réussie de film en jeu. Un titre aussi important et séminal que fut Wolfenstein 3D ou Doom en leurs temps, tous deux développés par les apprentis sorciers d‘Id Software. Le jeu Goldeneye montrera que le FPS avait aussi sa place sur console, alors que le genre constituait jusque-là une chasse gardée du PC.

Il aura fallu trois longues années au studio Rare pour développer le jeu. Fort de son travail sur le fabuleux jeu Donkey Kong Country sorti sur Super Nintendo en 1994, énorme succès à la clé, Rare est le bras armé de la marque Nippone. Cette année-là justement, la firme acquiert les droits d’adaptation pour réaliser un jeu James Bond. Elle propose alors à Rare de s’en occuper. Prévu pour être développé sur un an avec une équipe de dix personnes, le projet initial est de faire un jeu de plate-forme en deux dimensions sur Super Nintendo, un genre pour lequel Rare a fait ses preuves, en reprenant la technique utilisée pour la modélisation de Donkey Kong Country.

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Sous la houlette de Tim Stamper, ainsi que d’autres personnes ayant travaillé sur Doneky Kong Country, les premières itérations autour de ce jeu futur jeu James Bond ne sont pas franchement concluantes. Mis en sommeil quelques temps, le projet reprend grâce à Martin Hollis, le concepteur de Goldeneye 007, qui était alors second programmeur. Il propose alors à Tim Stamper de prendre le relais avec une nouvelle équipe afin de concevoir un jeu de tir en 3D sur la future console de Nintendo, baptisée alors Ultra 64, qui deviendra la Nintendo 64. Le travail reprend en 1995. A ce moment là, l’équipe imagine deux modes de jeu, au cas où : une version Rail Shooter, et une version FPS. L’ennui, c’est qu’elle ne dispose à ce moment là d’aucun kit de développement de la console Nintendo 64, et ne sait donc pas comment celle-ci se comporte exactement…

Présenté pour la première fois lors d’un salon Nintendo en novembre 1995, dans une indifférence polie, cette première version, alors sobrement baptisée « Bond », n’est qu’un rail shooter de plus, dans la veine d’un Virtua Cop. Le succès incroyable du jeu Quake (1996) de Id Software, et surtout l’explosion des ventes de la Playstation qui popularise grandement la 3D, poussent finalement le studio Rare à considérer Goldeneye 007 comme un jeu de tir en vue FPS à part entière.

Développement anarchique

Développé à plein régime de manière anarchique par une vingtaine de personnes dans une grange réaffectée perdue dans la campagne anglaise, le jeu Goldeneye 007 est nourri d’idées brillantes, novatrices : possibilité de tenir deux armes, de zoomer avec, de viser précisément des parties du corps d’un ennemi comme ses pieds ou sa tête, de détruire des caméras de surveillance, d’utiliser un silencieux… Bénéficiant d’une carte blanche, le studio se fend de géniales trouvailles, pleines d’humour, comme cette arrivée de Bond dans les toilettes au second niveau, en plombant au silencieux un soldat en pleine commission… Tout récemment d’ailleurs, dans une interview accordée au journal britannique The Independent, les développeurs ont confié avoir reçu à l’époque une demande de Nintendo, exigeant de réduire le niveau de violence et de gore du titre, afin qu’il soit plus conforme à la cible familiale.

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Impossible d’évoquer le jeu en faisant l’impasse sur son volet multijoueurs culte. Initialement d’ailleurs, Nintendo demanda au studio Rare de ne pas travailler dessus, pour des raisons de temps. Qu’à cela ne tienne : Steve Ellis (un des développeurs) se fournit alors une copie du code source du jeu solo, et conçoit un mode multijoueur dans son coin. Duncan Botwood, également colocataire d’Ellis, l’implémente dans le jeu, tandis que Karl Hilton les aide pour les décors. L’affaire est bouclée en un mois. Le résultat ? Des sensations folles et frénétiques, avec la possibilité de jouer jusqu’à 4 simultanément en écran partagé : à l’époque, seule la console Nintendo 64 est équipé pour accueillir jusqu’à 4 manettes en même temps. Des heures et des heures d’amusement, en un temps où les joueurs pouvaient encore largement partager le plaisir assis sur un même canapé, plutôt que par box fibrée (ou non d’ailleurs…) interposées…

Ci-dessous, un exemple de gameplay du multijoueurs..

 

Troisième plus grand succès commercial sur la console Nintendo 64, Goldeneye 007 a connu plusieurs héritiers spirituels, comme Perfect Dark, le nouveau jeu du studio Rare sorti en 2000, suite non officielle de ce Goldeneye 007 développée avec le même moteur de jeu. De Half-Life à Splinter Cell en passant par les (més)aventures de l’agent 47 alias Hitman, nombreux sont les titres à lui devoir beaucoup. Signe de la valeur du jeu et de son aura, un exemplaire sous blister s’était adjugé lors d’une vente aux enchères chez Drouot en 2013, pour un prix de 9800 €. Son propriétaire s’était finalement rétracté. Si vous avez des cartouches de jeux des anciennes consoles qui traînent quelque part dans votre cave ou votre grenier, ca vaut le coup d’y jeter un oeil (ou deux), sait-on jamais…

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