Comme disait un certain G-Man, « L’homme qu’il faut, là où il ne faut pas, peut faire toute la différence », et dans Hyrule Warriors : L’Ère du Fléau, on peut appliquer cela à un simple petit robot/gardien qui, lors de l’assaut du château d’Hyrule en proie aux flammes, va user par inadvertance de la magie Sheikah pour revenir dans le temps et se retrouver peu avant que tout ne commence, lorsqu’un jeune chevalier dénommé Link va accompagner la Princesse Zelda à la recherche des 4 prodiges afin de contrer une certaine menace approchante qu’on n’a pas besoin de citer. Bon, le scénario vaut ce qu’il vaut (c’est du Zelda) mais il faut reconnaître que jamais un « épisode » n’a été autant mis en scène vu les nombreuses cinématiques et un aspect fan-service forcément voulu avec la présence de têtes connues (en plus jeunes), un regard plus poussé sur les compagnons de cette préquelle et de quoi légèrement développer le Lore, particulièrement sur ce qui se passe du coté des clans de Yigas avec son chef aussi charismatique qu’un Tingle (mais un autre vilain rattrape le lot).
Et donc pour ceux qui n’ont pas suivi et croyez-moi, il y en a malheureusement, L’Ère du Fléau n’est évidemment pas Breath of the Wild 2 mais tout simplement un bel apéro de nouveau à la sauce Musô que les fans du genre n’ont aucune raison de refuser puisque le premier Hyrule Warriors reste à ce jour l’un des meilleurs représentants dans l’exploitation d’une IP par Omega Force. Et cet épisode va encore plus loin tant on sent l’envie de vraiment faire lien avec l’un des principaux piliers du catalogue Switch dont la gigantesque carte qui ne propose (forcément) pas de s’y promener mais qui servira de menu principal pour sélectionner missions principales, missions secondaires et diverses choses à débloquer dont des magasins d’objets pour le craft, des boosts pour augmenter notre nombre de cœurs, d’armes en stock (elles ne se cassent pas !), vos possibilités de combo…
Si le jeu peut se terminer en une bonne dizaine d’heures bien que la difficulté peut vite grimper si vous ne faîtes pas quelques détours (et encore plus si vous augmentez le challenge), taper le 100 % va vous prendre une masse de temps tant il y a une giga-masse d’icônes sur cette map au point de donner ses sueurs froides à Yves Guillemot. Et y a le don pour nous pousser à ne pas lâcher la manette (ou la console elle-même) car si les missions principales prennent 30 minutes ou plus, les secondaires peuvent se torcher en 5 à 10 minutes, motivant à les enchaîner pour grimper toujours plus en puissance, avec de nouveau la fonction pour leveler rapidement les alliés en retard en échange de rubis. Le seul défaut assez énervant reste que certains objectifs de la carte sont soumis à des matériaux et que même avec l’indicateur de position (on peut savoir dans quelle mission les obtenir, quitte à ce qu’on soit déjà passé par là), certains sont soumis aux aléas du loot et il est possible de devoir torcher 2/3 fois une mission pour obtenir ce que l’on souhaitait.
Dans le gameplay, c’est donc du Musô t’as compris et on reprend donc la formule de Hyrule Warriors, notamment avec les jauges de Stun qui réclament quelques esquives ou en tout cas une observation du pattern pour frapper au bon moment. Mais plusieurs features s’ajoutent puisqu’il sera cette fois possible de faire apparaître nous-même cette jauge pour aller plus vite (exemple, viser la corne d’un Moblin avec notre arc), et on peut rajouter à cela de nouveaux combos aériens ou encore l’exploitation de la tablette Sheikah avec les mêmes pouvoirs que dans BOTW. Et vas-y que je t’ajoute aussi la baguette glace/feu/foudre des sorciers qu’on délaisse au départ avant de comprendre toute son importance, particulièrement dans les missions sous chrono. Bref, en quelques mots, L’Ère du Fléau est tout simplement l’un des Musô les plus complets autant dans son gameplay que dans la nervosité de certaines joutes, quitte à faire frémir la caméra.
En revanche, ce n’est pas dans son casting qu’il remportera la médaille tant il est réduit, encore plus que dans le premier Hyrule Warriors, mais c’est compensé par le travail sur le gameplay où tous les personnages proposent leur propre style. C’était déjà le cas mais ça le devient davantage ici puisque même le timing des combos et les features changent totalement d’un combattant à l’autre. Link, on connaît, et il est le seul à bénéficier d’un choix dans les armes (standard, armes lourdes et lance) mais un Daruk va lui se porter sur les combos lents mais en complément l’apparition de zones de magma à faire exploser, tandis que les coups de Zelda exploitent tous les compétences de la tablette. Revali lui est spécialisé dans la distance et imposera d’être dans les airs pour tirer le meilleur de ses atouts, là où Urbosa peut faire grimper une jauge d’attaque foudroyante. La plus surprenante est Impa, pas facile à maîtriser au départ puisque reposant sur des clones à faire apparaître mais quand on comprend comment elle fonctionne, elle est peut être la plus grisante niveau bordel à l’écran.
Bref, pour les fans de Musô et plus particulièrement ceux de Hyrule Warriors, cette « fausse suite » offre un véritable plaisir de jeu qui n’empêchera pas les problèmes propres au genre (« C’est répétitif dis donc ! »)… mais aussi d’autres plus embêtants. En mettant de coté les phases en créatures divines qui sont très moyennes ludiquement parlant, personne ne sera surpris si on pointe l’aspect technique. Visuellement, ça va encore puisque le design même du jeu permet de compenser la résolution mais c’est quand même la foire au popping et surtout, ce frame-rate ! Alors c’est un chouïa mieux que dans la démo mais que ce soit en dock ou en nomade, on passe du « ça peut aller » au « Oulah ! » sans que ce ne soit jamais injouable mais quand même. Et encore, si vous voulez rigoler, tentez de lancer une mission gourmande (genre sous la pluie/orage) en coop splitté. Et c’est là qu’on se souvient qu’une Switch Pro était censée sortir cette année selon les rumeurs…