Face à la flambée des cas de Covid, l’Autriche opte pour un confinement général et la vaccination obligatoire


Le gouvernement, qui a confiné depuis lundi les personnes non-vaccinées, a décidé d’un confinement général de trois semaines pour faire face à l’épidémie.

Vienne

Les lumières s’étaient allumées pour la première fois jeudi sur le marché de Noël, installé au pied de la cathédrale Saint-Rupert de Salzbourg. À cette ouverture, peu de gens étaient allés boire un vin chaud et flâner devant les petits chalets, comme si une épée de Damoclès alourdissait l’atmosphère. Vendredi, le couperet est tombé : un nouveau confinement général de trois semaines a été annoncé par le gouvernement autrichien, qui avait déjà confiné les personnes non-vaccinées depuis lundi.

À cette nouvelle mesure s’ajoute une décision inédite en Europe : la vaccination contre le Covid sera obligatoire pour tous à partir du 1er février 2022. Cette décision va concerner environ deux millions de personnes, 34 % de la population vivant en Autriche n’ayant pas été protégée. « Nous n’avons pas réussi à convaincre suffisamment de personnes de se faire vacciner », a déclaré le chancelier Alexander Schallenberg après avoir discuté de la situation avec les gouverneurs de toutes les régions du pays.

Contenir l’explosion de cas graves

Avec un taux d’incidence supérieur à 1 000 cas pour 100.000 habitants et des services de réanimation au bord de la saturation dans deux régions, les experts espèrent ainsi contenir l’explosion de cas graves de coronavirus. « La situation est très critique », commente Eva Schernhammer, épidémiologiste à l’université de Vienne. Il y a eu un pic de vaccinations en mars, avril et mai, dont une grande partie avec AstraZeneca. Or le vaccin britannique est un peu moins efficace que ceux développés avec la technologie de l’ARN messager (Pfizer et Moderna), et il perd une bonne partie de son efficacité au bout de six mois, ce qui coïncide avec l’automne, où le virus connaît une résurgence saisonnière.

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« Couplé à un taux global de vaccination relativement bas, ceci provoque une augmentation exponentielle des cas positifs depuis deux semaines, explique l’épidémiologiste. Les projections sont catastrophiques : d’ici une à deux semaines, il pourrait y avoir des services de réanimation débordés. Dans certains hôpitaux, des opérations, parfois vitales, ont déjà été repoussées. Et les personnels de santé, qui sont déjà très sollicités depuis deux ans, vont devoir faire face à la pire situation depuis le début de la pandémie. »

Dans l’hôpital de Wels (Haute-Autriche), où travaille la neurologue Ursula Straka, les places dans les services de réanimation sont devenues très rares depuis près d’un mois. « La moitié est occupée par des malades du coronavirus, explique-t-elle. Entre 85 et 90 % de ces patients ne sont pas vaccinés. Actuellement, la plus jeune a 27 ans. Nous avons également reporté des opérations, et dans l’ensemble, j’ai l’impression que nous avons un pic de surmortalité parmi les malades. »

La lutte antivaccin s’organise

Il est difficile de généraliser les raisons pour lesquelles une grande partie des Autrichiens ne font pas confiance à la vaccination. En Europe, il semble que les pays et les régions de langue allemande suivent tous cette même tendance : en Allemagne et dans le Tyrol du Sud, la province germanophone de l’Italie, le taux de vaccination est inférieur à 70 %, alors que 86 % du reste de l’Italie a reçu au moins une injection.

L’obligation vaccinale avancée par le gouvernement autrichien risque de ne pas faire plier les résistances. Heimo, qui a dû quitter son travail à l’hôpital parce qu’il n’était pas vacciné, reste sans voix quand on lui apprend la nouvelle. « Cela ne me fera pas changer d’avis et je ne paierai certainement pas d’amende si je refuse de me faire vacciner. Je ne crois pas en l’efficacité et l’innocuité d’un vaccin qui a été développé aussi vite. Je ne tiens pas à servir de cobaye pour une expérimentation. Je suis même prêt à descendre dans la rue pour défendre mes droits. »

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La lutte antivaccin s’organise sur la scène politique. Un nouveau petit parti indépendant, baptisé Personnes, liberté, droits fondamentaux (Menschen, Freiheit, Grundrechte) a réussi à faire entrer trois députés au Parlement régional de Haute-Autriche lors d’élections locales en septembre dernier. Ils appellent à manifester samedi à Vienne, aux côtés de l’extrême droite, qui multiplie les appels du pied à tous ceux qui refusent de se faire vacciner.

Herbert Kickl, chef du parti FPÖ et testé positif au coronavirus cette semaine, a déclaré, entre autres, que l’ivermectine, un médicament utilisé pour traiter les parasitoses, pouvait éviter les formes graves de la maladie, même si son inefficacité et sa dangerosité ont d’ores et déjà été prouvées par des essais cliniques.

Reste à savoir si, dans un pays où les manifestations font peu partie du paysage culturel, les opposants à la vaccination descendront dans la rue avec ces formations ­politiques.


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