Dans les ruines de l’abbaye de Jumièges, le Liban à cœur ouvert


Elle serait la plus belle ruine de France. Contre toute attente, la destruction partielle de l’abbaye de Jumièges au XIXe siècle l’a transformée en lieu de visite et d’étonnement, séduisant jusqu’à Victor Hugo et George Sand qui venaient déjà l’admirer en leur temps. Elle attire désormais nombre de visiteurs venus découvrir les merveilles de la Seine-Maritime, et ajoute cet été à son patrimoine ancien deux expositions d’art et d’architecture – l’une en plein air, dans l’ancienne nef, l’autre dans un bâtiment annexe.

Ce qu’il faut savoir

Les deux tours qui accueillent les visiteurs depuis le XIe siècle s’élèvent à 50 mètres de hauteur, et donnent un bel indice de l’importance de l’abbaye de Jumièges au Moyen Âge, alors l’un des plus importants monastères bénédictins de Normandie. La nef de l’abbatiale est d’architecture romane, et n’a plus aujourd’hui pour toit que le ciel immense. Lors de son achèvement, elle était aussi la plus haute de Normandie, ses murs s’élevant à 25 mètres du sol. Levez le nez : en plus des ornements sculptés, quelques vestiges des décors peints aux XIIIe et XVIe siècles subsistent malgré le passage des années et des intempéries.

C’est ici, dans cet environnement hypnotisant, calme, immense et sublime, que l’architecte libanaise Hala Wardé a choisi d’exporter le projet montré lors de la Biennale d’architecture de Venise en 2021 : une installation de verre brisé, récupéré après l’explosion du 4 août 2020 à Beyrouth, des céramiques inspirées par des peintures d’Etel Adnan, de grandes photographies d’oliviers centenaires et une bande-son méditative signée Soundwalk Collective et Mika.

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À ne pas rater

Dans le logis abbatial, une exposition de photographies intitulée « Au bord du monde, vivent nos vertiges » complète le panorama libanais. Blessés, meurtris par l’explosion du 4 août 2020, les artistes ici réunis s’intéressent aux paysages (Paul Gorra), aux profondeurs des sols (Joana Hadjithomas et Khalil Joreige), aux brisures (Roger Moukarzel) et aux souvenirs anonymes (Valérie Cachard et Gregory Buchakjian). Un accrochage très sensible, pensé par une jeune chercheuse, Clémence Cottard Hachem, et par Laure d’Hauteville, conseillère artistique installée de longue date au Liban.

Hala Wardé, « A Roof for Silence », installation architecturale à l’Abbaye de Jumièges en Normandie, 2022

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Céramique inspirée des peintures d’Etel Adnan et photographie d’un olivier centenaire, « A Roof for Silence », installation architecturale à l’Abbaye de Jumièges en Normandie, 2022

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« A Roof for Silence », installation architecturale à l’Abbaye de Jumièges en Normandie

« A Roof for Silence », installation architecturale à l’Abbaye de Jumièges en Normandie

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Vue de l’exposition « Au bord du monde, vivent nos vertiges » présentée dans le logis de l’abbatiale de Jumièges, 2022

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A roof for silence. Installation architecturale

Du 15 juin 2022 au 6 octobre 2022

www.abbayedejumieges.fr

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Au bord du monde, vivent nos vertiges

Du 9 juillet 2022 au 6 novembre 2022

www.abbayedejumieges.fr



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