Les organisations professionnelles et syndicales des secteurs de la production cinématographique et audiovisuelle ont finalement arrêté un ensemble de mesures sanitaires pour la reprise des tournages pendant la pandémie. Que prévoient-elles ?
Après des semaines de débats, les organisations professionnelles de producteurs et les organisations syndicales représentatives de salariés dans les secteurs de la production cinématographique et audiovisuelle ont finalement arrêté un ensemble de directives de production pour la reprises des tournages pendant la pandémie, dont les lignes directrices ont été approuvées par le Comité central d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail dans la production de films. Un guide de 40 pages a été soumis et ont maintenant été communiqué aux Ministères du travail et de la santé pour validation et publication.
Alors que les équipes des feuilletons et quotidiennes, qui choisissent souvent d’intégrer la pandémie à leurs intrigues, commencent à reprendre le chemin des plateaux et après que le CNC a débloqué un fonds d’indemnisation de 50 millions d’euros pour relancer la majorité des tournages à l’arrêt depuis mars, de nombreuses questions demeurent dans le milieu du cinéma et de l’audiovisuel quant à la possibilité de respecter les mesures de distanciation sociale pendant les tournages.
Les mesures spécifiques aux tournages
Les recommandations approuvées par le CCHSCT audiovisuel sont nombreuses. Il faudra, par exemple, minimiser les effectifs présents et les adapter aux capacités d’accueil des plateaux et décors. La production devra mettre en place sur chaque décor les mesures de distanciation physique entre les différentes équipes, techniques et artistiques, (en aménageant les éléments de décor, repositionnant les intervenants, indiquant des marquages au sol…). La distanciation physique devra également être organisée pendant les répétitions et sur les lieux d’attente et de préparation, comme les loges des comédiens.
Le règlement de 40 pages prévoit aussi l’embauche de personnes supplémentaires sur le plateau : un soignant, un conseiller spécialiste du coronavirus et un assistant pour nettoyer tous les accessoires, ainsi qu’un chauffeur attitré pour tous les acteurs et les membres importants de l’équipe. Les rassemblements sur le plateau seront limités à 50 personnes, tandis que les tournages extérieurs seront interdits dans la majorité des cas, sauf s’ils se trouvent dans une zone privée qui peut être entièrement nettoyée avant et pendant le tournage.
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Quid des scènes intimes et de baisers ?
Ainsi que les comédiens Antoine Reinartz et Djanis Bouzyani le soulignaient pour AlloCiné, tout comme le cinéaste Alain Guiraudie dans les colonnes du Monde il y a quelques jours, ne plus représenter le contact semble absolument impossible et constitue qui plus est une contrainte énorme en matière de mise en scène. Le guide insiste lourdement sur le fait que les situations de travail conditionnent la possibilité de reprise de l’activité en période de pandémie et qu’il est nécessaire de porter une attention particulière à certaines activités difficilement compatibles avec le respect des gestes barrières, comme les scènes d’intimité (baisers et embrassades), avec des personnes âgées ou à risque, les séquences de foule, de groupe, ou de combat et même tout plan rapproché. Pour les baisers et autres scènes intimes, ainsi que les foules ou les combats, si la production refuse de réécrire les scènes ou de faire porter des masques aux acteurs, elle pourra demander aux acteurs de se faire tester ou de prendre leur température avant le tournage, et d’obtenir que les acteurs se mettent en quarantaine avant le début d’un tournage sur la base du volontariat.
Eric Altmayer, de Mandarin Productions, a par ailleurs indiqué à Variety que dans une version précédente des directives, les scènes intimes étaient déconseillées à moins que les acteurs ne portent des masques, mais que producteurs et cinéastes s’étaient fermement opposés à une telle restriction. Les recommandations liées au Covid-19 devraient considérablement augmenter le budget des films. Pour les films dont le tournage a été interrompu à la mi-mars, ces coûts qui pourront être en partie couverts par le fonds d’indemnisation de 50 millions d’euros mis en place par le CNC, qui prendra en charge jusqu’à 20% du budget d’un film, au cas par cas.
Retrouvez le guide complet par ici.