Rencontre avec Gil Alma (« Nos Chers Voisins »), interprète du héros de la nouvelle série policière de France 2 réalisée par Antoine Garceau (« Dix pour cent »).
Après une première diffusion en janvier, le premier épisode de César Wagner a été rediffusé le 27 novembre dernier, avec de belles audiences à la clé. Lorsque France 2 vous a proposé ce nouveau duo policier, aviez-vous des appréhensions ? Ou au contraire était-ce un genre auquel vous aviez envie de toucher ?
Gil Alma : Quand on vous propose un premier rôle, c’est toujours le Graal pour un comédien ! Après, on a toujours peur que ça ne marche pas. J’ai été un peu rassuré parce que cette idée d’hypocondrie et de côté sensible allaient le rendre attachants, et je crois que c’est un peu le cas. Et j’ai été très heureux que France TV pense à moi, parce qu’ils font de belles fictions, et moi qui vient plutôt de TF1, j’ai été honoré qu’ils me choisissent.
Le public vous a connu grâce à Nos Chers Voisins sur TF1. Est-ce que le fait d’accepter le rôle de César Wagner était aussi une envie de votre part de vous décaler, de sortir un peu de la comédie ?
Je pense que c’est aussi de la chance. J’ai eu l’occasion de travailler un peu avec France TV avant qu’on me propose la série, sur des trucs qui n’étaient pas de la comédie. Tous les comédiens que je connais aiment faire le grand écart, de la comédie, du drame… J’ai beaucoup de chance, le projet est tombé pile au bon moment. Dans César Wagner il y a du comique de situation, tandis que dans Nos Chers Voisins c’était du De Funès. Mais j’ai eu beaucoup de bol !
La comédie découle aussi du duo que vous formez avec Olivia Côte, qui joue la médecin-légiste Elise Beaumont, selon l’éternel principe des opposés qui s’attirent. Peut-on s’attendre à les voir se tourner autour sans jamais franchir le pas, un peu à la X-Files ou Bones ?
Effectivement, le truc c’est que Wagner a tellement un problème gigantesque que le simple fait d’embrasser quelqu’un, pour lui c’est insurmontable. Alors peut-être qu’il devrait devenir pote avec un psychiatre, qu’il travaille sur lui et qu’il arrive à aller au-delà de son hypocondrie. A mon avis, ça va être chaud pour qu’ils passent à la vitesse supérieure tous les deux ! Ce sera peut-être le cas avec le docteur joué par Amaury de Crayencour. Ce serait couillu !
L’hypocondrie dont souffre Wagner est un trouble de la santé mentale, qui masque souvent une anxiété très profonde, voire même une dépression. De quoi a-t-il peur, selon vous ? Est-ce que c’est lié à sa famille, à sa relation complexe avec sa mère, ou à son père qu’on ne mentionne pas ?
Un père absent, c’est sûr. Une mère un peu dure, trop présente, aussi. Peut-être pas assez d’amour « sain » : comme elle est très politisée, elle aurait aimé que son fils fasse une carrière politique. Capitaine de police, pour elle c’est pas génial. Donc il a ressenti du jugement assez tôt dans son enfance, qui ne l’a pas rassuré. Ça plus le poids d’une grande famille à Strasbourg… On peut estime qu’il a un manque de confiance en lui, une anxiété sous-jacente qui est ressortie sous forme d’hypocondrie. C’est tombé sur la maladie.
Connaissiez-vous Olivia Côte avant de travailler avec elle sur la série ?
On a jamais tourné ensemble, mais je la connaissais en tant que comédienne, quand elle faisait sa shortcom Vous les femmes sur Téva. On avait le même agent à l’époque, donc j’avais pas mal regardé ce qu’elle faisait. Elle est complètement barjo, c’est formidable ! C’est une punk, c’est génial d’avoir une comédienne atypique et drôle comme ça, qui sort des sentiers battus. Elle est top !
Ces trois premiers épisodes sont réalisés par Antoine Garceau, qui a beaucoup travaillé sur Dix pour cent et collaboré avec Cédric Klapisch. Comment s’est déroulé le tournage ?
C’est drôle car j’avais passé un casting cinéma pour un film qu’il devait réaliser et qui ne s’est pas monté au final, et déjà au casting, sans le connaître, je l’avais trouvé très doux. Il a une vraie intelligence émotionnelle dans le travail, et aussi dans la vie. Et je l’ai retrouvé un an plus tard sur César Wagner. On s’est bien trouvés, on a les mêmes valeurs, et le même regard sur le métier, on prend un peu de hauteur par rapport à tout ça. J’aime les gens avec qui on se comprend rapidement, et avec qui les choses sont simples.
Si une saison 2 devait se confirmer, vous continueriez avec la même équipe ?
Ca marche tellement fort, qu’à priori oui. Il y a deux prochains épisodes dans les tuyaux, ça c’est sûr, et on tournerait en avril-mai. Après, pour la réalisation, Antoine voulait faire une petite pause, ce qui est compréhensible car c’est assez lourd de tourner des téléfilms crossboardés comme ça (lorsque plusieurs épisodes sont tournés en même temps, ndlr). Et puis il a quand même beaucoup travaillé ces derniers temps. Je pense qu’on va travailler avec une réalisatrice qui est très bien, je suis très content. Mais ce n’est pas encore signé donc je vais pas dire de nom. Peut-être trois ou quatre épisodes l’an prochain, selon l’agenda et la volonté de France Télévisions.
Quels sont vos futurs projets, en marge de César Wagner ?
J’arrête pas ! (rires) J’ai deux films qui vont sortir bientôt dans lesquels j’ai des petits rôles : Le Sens de la famille de Jean-Patrick Benes, avec Franck Dubosc et Alexandra Lamy, qui sort très bientôt, et Do you do you Saint-Tropez, une grosse comédie avec Poelvoorde, Clavier, Depardieu, Thierry Lermitte, Jérôme Commandeur, un truc de malade. Et puis j’adore la scène, je viens de là. J’ai monté un spectacle, « Gil et Ben réunis », c’est un duo d’humour, dans lequel je vais me marier et Benoît (Joubert, ndlr), qui est mon témoin, m’accompagne dans un salon du mariage pour me donner des idées. Nous avons plein de dates à venir en 2021; on a fait quatre représentations jusqu’à présent, et à chaque fois on a reçu une standing ovation, et le public était mort de rire. On s’est dit qu’on tenait un truc ! C’est un mélange de stand-up et de comédie à sketches; de l’humour populaire au sens le plus noble du terme.