Balthazar : le retour de Maya, la fin de la saison 3… la créatrice de la série se confie – News Séries


Alors que la diffusion de « Balthazar » se poursuit ce soir sur TF1, Clothilde Jamin, l’une des deux créatrices, a répondu à nos questions sur la genèse de la série et sur la saison 3, qui marque un tournant important pour les héros.

THIBAULT GRABHERR / TF1

Lancée le 12 novembre dernier, la saison 3 de Balthazar, qui continue de rencontrer d’excellents scores d’audience sur TF1, se poursuit ce soir à 21h05 avec un nouvel épisode inédit qui accueille notamment Samira Lachhab (Demain nous appartient) en guest. À cette occasion, Clothilde Jamin, l’une des deux créatrices de la série, nous a accordé une interview et a répondu à nos questions sur la genèse du projet, sur la conception des différentes enquêtes, et sur les principaux enjeux de cette saison 3, qui fait évoluer de manière importante la relation entre Balthazar (Tomer Sisley) et Hélène Bach (Hélène de Fougerolles), et va enfin nous amener vers la résolution tant attendue de l’enquête concernant le meurtre de Lise, la femme du héros.

AlloCiné : Si l’on remonte à la création de Balthazar, comment vous est venue l’idée de la série ? Qu’est-ce que vous aviez envie de raconter au départ ?

Clothilde Jamin : À la base, avec Clélia Constantine, la co-créatrice de la série, on avait une envie commune de parler de la médecine légale, car c’est quelque chose qui nous avait toujours beaucoup intéressé. Et qui n’avait pas encore vraiment été fait en France. Ce qui nous intéressait c’était de nous demander ce qui fait que certaines personnes ont envie de passer leurs journées, et leurs vies en fait, dans quelque chose que le reste du monde passe son temps à essayer d’oublier. À savoir : la mort. C’est vraiment ça qui nous intéressait au départ, ainsi que le côté hors norme de ces médecins légistes. Et l’autre élément qui nous a tout de suite plu, et qui s’est confirmé lorsqu’on a rencontré de vrais légistes, et notamment notre consultant, Emmanuel Margueritte, qui est médecin légiste à Montpellier, c’est la croisée qu’il y a entre la médecine légale et l’enquête. Chaque corps est une enquête. Et donc ça croise vraiment deux univers extrêmement fascinants pour nous, et pour tout scénariste : le monde de la médecine légale, du corps, de la science, et le monde du polar. C’est un métier qui rejoint vraiment ces deux notions.

Et ensuite, au moment de concevoir la série, il y avait cette dernière question qui nous intéressait avec Clélia : lorsqu’on est habitué à la mort, est-ce que la mort en devient pour autant acceptable ? Et la réponse est « Non, pas du tout ». Balthazar vit avec la mort au quotidien, mais lorsqu’il y est confronté lui-même, c’est tout aussi atroce et tragique que pour n’importe quel être humain.

THIBAULT GRABHERR / TF1

C’est donc dans un second temps que vous avez imaginé le twist de la série, qui fait que Balthazar a la capacité de « parler » aux morts ?

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En fait ça nous est venu très rapidement, dès le début. Parce qu’il y avait une notion poétique qui nous plaisait beaucoup. C’est un métier très solitaire, parce que les légistes travaillent majoritairement avec des morts. Alors pourquoi ne pas parler avec les morts eux-mêmes ? C’est une projection d’esprit, bien sûr, mais on se parle tous parfois un peu à nous-même, et pour Balthazar l’idée était d’arriver à personnifier ces conversations. Et en plus, sur un polar, c’est toujours compliqué d’arriver à donner une identité à une victime décédée, parce qu’elle ne peut pas parler, on n’a pas accès à ses émotions. Et là ça nous permettait d’avoir une mécanique qui nous attache aux victimes.

L’une des forces de la série réside dans ses enquêtes, qui sont toutes assez dingues. Comment les concevez-vous chaque saison avec les autres scénaristes ? Vous inspirez-vous de réelles affaires criminelles ?

Ça dépend. Pour tout vous dire, on s’est vraiment éclaté sur cette saison 3, sur chacun des épisodes. Peut-être encore plus que lors des saisons précédentes. Je pense que c’est vraiment ça qui est la clé. On est entre 5 et 6 scénaristes, on se retrouve tous ensemble, et on sait qu’on a peu de temps pour imaginer une enquête. Alors on se demande de quoi on a vraiment envie de parler. Qu’est-ce qui nous ferait plaisir ? Et je pense que cette notion de plaisir se retrouve vraiment dans la saison 3. À chaque épisode on s’est vraiment fait plaisir. Après, ça passe par des références communes. On travaille beaucoup sur le genre. L’épisode 1 de la saison 3, par exemple, c’est un genre très spécifique. C’est l’intrus dans un univers clos qui au départ a l’air paradisiaque et qui va peu à peu se révéler tout sauf paradisiaque. On a voulu twister cela. En saison 2 on avait exploré le genre de la maison hantée, ça nous avait bien fait marrer aussi. Mais en saison 3 on est allé encore plus loin dans ces genres-là. Avec des mécaniques particulières aussi. Je pense à la mécanique de l’interrogatoire croisé sur l’épisode 3, par le biais duquel on s’aperçoit que les souvenirs ne sont pas les mêmes selon les personnes. C’était génial à écrire.

THIBAULT GRABHERR / TF1

Avez-vous un épisode préféré dans cette saison 3 ?

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En vrai, sur cette saison, je les aime tous. On a eu la chance d’avoir des réalisateurs de talent qui ont fait un super boulot. Mais j’aime énormément l’épisode 3 justement, qui nous permet d’avoir accès aux souvenirs discordants de Balthazar et d’Hélène. Je trouve ça hyper sympa. J’aime aussi beaucoup l’épisode 5, qui plonge les personnages dans une sorte de monde parallèle. Ça, à écrire, c’était génial parce que toutes les cartes étaient rebattues. On pouvait presque imaginer un nouveau personnage avec Balthazar en fait. Et puis j’aime beaucoup aussi les deux derniers, évidemment. La fin de saison opère une vraie montée en puissance. Et puis on a accès à nos personnages dans leur intimité la plus pure car il y a de moins en moins de polar dans ces épisodes. Le dernier épisode n’est d’ailleurs que de l’arche personnage, il n’y a pas d’enquête. C’était super à concevoir.

La saison 3 opère une nette accélération dans la relation Balthazar-Hélène. Ils s’avouent enfin leurs sentiments, il n’y a plus de sous-entendus ni de non-dits. Est-ce que vous avez hésité à aller aussi vite ? Ou est-ce qu’au contraire c’était évident pour vous qu’il ne fallait pas étirer ce ressort à l’infini ?

C’est toujours la grande difficulté d’une série longue, et d’une série longue en France : on ne sait vraiment jamais combien de saisons il y aura. On n’a pas de visibilité. On ne se dit pas « Sur Balthazar on va faire 6 ou 7 saisons » ou « On ne va faire que 3 saisons ». On ne sait jamais à l’avance ce que vont donner les audiences ou quelles vont être les envies des comédiens, des scénaristes, de la chaîne. Il y a plein d’aléas dans la vie d’une série. On a donc choisi de saisir un peu la chance quand elle était là. On savait qu’on avait cette saison 3 et que la relation entre Hélène et Balthazar s’était déjà épaissie. Et on avait vraiment envie que ça évolue. D’autant plus qu’on savait qu’on allait les mettre dans des situations catastrophiques dans cette nouvelle saison, donc tout ça allait forcément avoir un impact sur leur relation.

THIBAULT GRABHERR / TF1

Et vous en êtes venus à la conclusion avec les auteurs que le meilleur obstacle à mettre en travers de leur possible bonheur c’était Maya, qui a fait un retour surprise à la fin de l’épisode 2 ?

Oui, forcément, Maya c’est un obstacle car c’est une promesse de bonheur et de renouveau pour Balthazar. Elle est très pure, quelque part. Elle n’a pas un passif particulièrement marqué. C’est quelqu’un qui est très gai, qui a les mêmes envies que Balthazar. Elle a envie de croquer la vie. Donc oui on avait vraiment envie de ça. D’autant plus qu’avec Hélène ce n’est pas simple. Elle a peur de se lancer. Balthazar et elle sont tellement différents que pour Hélène c’est inconcevable de s’imaginer être réellement en couple avec quelqu’un comme lui. Donc Maya est un obstacle, oui, mais finalement Hélène est également son propre obstacle dans cette histoire et dans une possible relation entre les deux héros. Et puis il y a le passé de Balthazar, qui constitue sûrement le dernier obstacle, et pas des moindres. Et Hélène et Balthazar vont se retrouver liés dans cette quête pour retrouver le tueur en série qui a tué Lise, la femme de Balthazar. Parce qu’Hélène va reprendre l’enquête. Et cela va aussi créer des tensions très fortes entre eux.

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Cette saison 3 marque aussi la fin d’un important chapitre pour Balthazar, avec la résolution de l’intrigue autour de la mort de Lise. Est-ce que vous aviez un plan précis depuis la saison 1 ? Vous avez toujours su que la conclusion arriverait en saison 3 ?

Non, pas forcément en saison 3, parce que ça aurait pu aussi bien être en saison 4, en saison 5, ou en saison 2. Encore une fois, on évolue en même temps que la série. En revanche on savait déjà où on allait. Il se trouve qu’on y est arrivé en saison 3 parce que des choses ont fait que c’était le bon moment. Mais ce que j’ai l’habitude de dire c’est qu’une série c’est quasiment organique. C’est un être vivant qui évolue en permanence avec les gens qui la créent, qui la constituent. Les scénaristes, nos comédiens, évidemment, qui sont formidables, les réalisateurs. Et comme elle évolue en permanence on part avec des choses très précises en tête mais on passe finalement notre temps à nous adapter à la série elle-même.

Propos recueillis le 6 novembre 2020 par téléphone.

La bande-annonce de la saison 3 de Balthazar :

 



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