4 abbayes et monastères où passer une nuit divine


Quelle bénédiction ! Certains lieux sacrés ont fait l’objet, en France, d’une reconversion réussie. Les uns sont devenus des centres d’art ; les autres, des logis plus ou moins haut de gamme. D’autres encore mêlent les deux fonctions.

En misant sur le confort, l’hôtel du Couvent coche toutes les cases du luxe, tandis que La Tourette offre une expérience plus rudimentaire, quoique tout aussi inoubliable. Forte d’un musée d’art moderne en son sein, l’abbaye de Fontevraud oscille, en dehors de ses chambres, entre culte et culture. L’abbaye de Royaumont, dans le Val-d’Oise, est quant à elle devenue une fondation qui accueille les musiciens mais aussi les visiteurs pour des escapades hors du temps.

L’hôtel du Couvent à Nice, un miracle de sobriété

L’Hôtel du Couvent, cinq étoiles dans un écrin du XVII<sup>e</sup> siècle

L’Hôtel du Couvent, cinq étoiles dans un écrin du XVIIe siècle

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Fondé par les sœurs clarisses en 1604, puis occupé par les visitandines entre 1803 et les années 1980, cet ancien couvent – le couvent de la Visitation – reste un modèle d’hospitalité sur les hauteurs de Nice. « Le plus beau compliment que l’on puisse m’adresser, c’est ‘Qu’as-tu fait durant toutes ces années ?’ », déclare Valéry Grégo, fondateur du groupe Perseus qui pendant dix ans a œuvré, avec une discrétion à toute épreuve, à la reconversion du lieu en cinq-étoiles. « J’ai été contacté par la mairie. Sans grande conviction, j’y suis allé. À peine les portes se sont ouvertes que j’étais conquis. C’est de l’ordre du spirituel. Cela ne s’explique pas ». L’herboristerie et la boulangerie d’origine ont été réactivées, comme si le temps n’avait pas passé. Seul un bâtiment a été construit pour optimiser la capacité d’accueil, quoique dans le respect absolu des matériaux (chaux, pierres sèches, tuiles, bois de récupération) et des techniques adoptées par les religieuses en leur temps. Les mâts génois, qui avait été transformés en poutres, ont été recyclés en bureaux. L’établissement de 88 chambres abrite un parcours thermal, une piscine à ciel ouvert, un couloir de nage de 20 mètres, un studio de danse et de yoga, ainsi qu’un centre culturel où se succèdent festivals de musique, de danse et de poésie… S.B.

Le couvent de La Tourette près de Lyon : pour l’amour de Le Corbusier

Le couvent de la Tourette, signé Le Corbusier

Le couvent de la Tourette, signé Le Corbusier

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© Elie Vautey / Alexandre Schabel

À Éveux, non loin de Lyon, le couvent Sainte-Marie de la Tourette attire chaque année des visiteurs du monde entier. Cet édifice de style brutaliste, conçu par Le Corbusier entre 1953 et 1960, avec l’intervention de l’ingénieur et musicien Iannis Xenakis, apparaît comme un lieu de recueillement doublé d’un espace d’exposition. L’idée d’une programmation culturelle revient au frère Marc Chauveau qui souhaitait imbriquer des œuvres dans une œuvre qu’il qualifie lui-même « d’art total ». Après François Morellet, Philippe Favier, Michel Verjux, Lee Ufan ou encore Anselm Kiefer, place aujourd’hui (jusqu’au 23 novembre) au peintre belge Michel Mouffe (né en 1957), dont le tout premier solo show a eu lieu en 1983 au cœur de la maison Guiette réalisée par l’architecture moderniste, à Anvers. Il s’agit donc presque pour lui d’un retour aux sources.

Les dominicains ne sont pas tant connus pour recevoir que pour aller à la rencontre des gens. À La Tourette, où résident pourtant une dizaine d’entre eux, il est possible de séjourner. Une cinquantaine de chambres accueillent les individus et groupes en quête de quiétude au rythme des offices liturgiques. Chacune dispose d’une loggia avec vue sur un domaine forestier de 80 hectares. Les lavabos sont privatifs, tandis que les douches et toilettes sont communes. C’est un lieu hors du temps « [qui] ne se parle pas mais se vit de l’intérieur », pour ne pas citer Le Corbusier. S.B.

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Michel Mouffe chez Le Corbusier !

Du 16 septembre 2024 au 23 novembre 2024

www.couventdelatourette.fr

À l’abbaye de Royaumont, une escapade royale et musicale au nord de Paris

À gauche, les arcatures du cloître. À droite, le passage vers le cloître de l’Abbaye de Royaumont

À gauche, les arcatures du cloître. À droite, le passage vers le cloître de l’Abbaye de Royaumont

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© Abbaye de Royaumont / Photo Olivier Ouadah

Voilà un havre de paix et de verdure à moins d’une heure de Paris ! Fondée en 1228 selon le vœu du roi Saint Louis, l’abbaye de Royaumont a connu mille vies. En témoignent son sublime cloître cistercien un temps devenu filature textile, les vestiges de son église abbatiale, sa serre Belle Époque qui fournit une table gastronomique, son majestueux réfectoire des moines qui se métamorphose régulièrement en salle de spectacle, ou la bibliothèque médiévale Henry et Isabel Goüin, du nom des derniers propriétaires du domaine, lesquels ont créé la fondation de Royaumont en 1964 pour accueillir toute l’année de nombreux musiciens.

Un week-end n’est donc pas de trop pour explorer ce fabuleux patrimoine en perpétuel mouvement. Pour ce faire, une cinquantaine de cellules occupées par des religieuses à la fin du XIXe siècle ont été transformées en chambres d’hôtel douillettes et parfaitement équipées. Le must ? Séjourner sous les voûtes de la 110 qui, avec ses vitraux, invite à un vrai voyage dans le temps. Bon à savoir également, l’abbaye se prête à merveille à l’organisation de séminaires d’entreprise, pour une parenthèse sereine et magique. F.G.

L’abbaye de Fontevraud en Pays de la Loire : un temple de l’art

Vue du restaurant et du cloître de l’abbaye de Fontevraud

Vue du restaurant et du cloître de l’abbaye de Fontevraud

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© Nicolas Matheus (gauche) / ©Kreazim (droite)

À la frontière du Poitou et de la Touraine, se déploie l’une des plus grandes cités monastiques d’Europe. Fondée en 1101 par Robert d’Arbrissel, l’abbaye royale de Fontevraud fut dirigée par une longue lignée de femmes, à commencer par Pétronille de Chemillé. On y trouve les gisants d’Aliénor d’Aquitaine, de son mari, Henri II Plantagenêt, et de son fils favori, Richard Cœur de Lion. Désacralisé après la Révolution française, transformé en prison en 1814, classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et transformé en centre culturel au XXe siècle, le site abrite depuis 2021 un musée d’art moderne, grâce à une donation des collectionneurs Martine et Léon Cligman. Henri de Toulouse-Lautrec, Edgar Degas, Maurice de Vlaminck, Robert Delaunay

900 œuvres pour un patrimoine de 900 ans. Et les architectes d’intérieur Patrick Jouin et Sanjit Manku de métamorphoser le prieuré Saint-Lazare en un hôtel quatre-étoiles d’une profonde sobriété. À un design immaculé répond un confort indiscutable. Sans parler du restaurant, le tout ayant récemment permis à l’hôtel d’être distingué d’une Clef Michelin. Clou du spectacle : à la nuit tombée, les hôtes ont le domaine pour eux seuls. Enfin, prendre le petit-déjeuner au cœur du cloître ne manque pas de charme. S.B.

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Abbaye de Fontevraud

38 rue Saint-Jean de L’Habit, 49590 Fontevraud-l’Abbaye

À partir de 108 € la nuit.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site de l’abbaye de Fontevraud.

Image de Une : © Abbaye de Royaumont 



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