Pourquoi la relation amoureuse est-elle si compliquée ?
Un zoom sur nos blessures avec l’autrice et psychothérapeute Sarah Serievic
On dit que l’amour nous fait déplacer des montagnes. C’est vrai. Sauf que les montagnes en question sont nos conditionnements inconscients, mis en place pour pallier nos blessures d’enfance et/ou d’adolescence.
Ces conditionnements inconscients, Sarah Serievic, notre invitée, psychothérapeute et autrice du livre « aimer sans masque » au Seuil, les appelle des masques. Nous sommes nombreux à en porter, parce que nous sommes nombreux à pallier ces blessures au lieu de les voir et de les soigner.
Les masques sont la manifestation d’âmes qui sont blessées, et qui pensent qu’elles ne méritent pas l’amour. Sarah Serievic
L’origine des souffrances amoureuses
Ainsi, le principal défi de l’amour commence d’abord avec soi-même. Qu’importe le partenaire, la relation amoureuse sera toujours vouée à engendrer de la souffrance. « Nous avons un enfant intérieur blessé et qui cherche réparation chez le partenaire amoureux. Le problème c’est que non seulement ça ne répare rien, mais cela peut même intensifier les blessures. »
Personne ne peut soigner l’enfant intérieur d’un autre. C’est à nous, adulte, de devenir le parent intérieur de cet enfant et de lui apporter ce dont il a besoin. Or, rien de mieux que les relations amoureuses pour prendre conscience de ses besoins et ses désirs.
« Nous attirons les rôles (masques) qui correspondent à notre problématique. La vie va nous faire rencontrer notre problématique pour en guérir. Tant que l’on reste victime de la problématique, on n’en guérit pas. Ce qu’il faut changer dans une relation, ce n’est pas l’autre, mais soi-même. C’est la relation qui doit changer. »
Un exemple type étant que celui ou celle qui a été abandonné(e) va forcément être attiré(e) par quelqu’un qui ne sait pas s’engager.
« L’amour doit être la puissance de métamorphose qui va faire exploser les masques. » Et, à ce propos, quels sont-ils ?
Quels sont les rôles amoureux que nous jouons à notre insu ?
Le triangle de Karpman
Le concept de masque ou des rôles amoureux n’est pas nouveau. Sarah Serievic s’est inspirée du schéma du triangle dramatique du psychiatre Stephen Karpman. Ce schéma apparait dans le couple dès lors que la communication est perturbée. Autrement dit, quand on n’arrive plus à exprimer ses émotions et ses idées. Il va s’en suivre, un « jeu psychologique » où chacun des partenaires va endosser trois rôles : le sauveur – la victime – le bourreau en fonction des circonstances.
Pour Sarah Serievic, ces 3 rôles se déclinent en d’autres rôles plus subtils.
Les 6 masques selon Sarah Serievic
Le sauveur
c’est le 1er rôle que nous jouons tous, parce que nous avons tous appris à être des enfants sages désireux de faire plaisir à nos parents pour être aimés d’eux. Le sauveur est celui dont l’énergie et les pensées sont orientées vers son partenaire et ses besoins supposés. Mais en ne se préoccupant que de l’autre, il en oublie ses propres besoins.
Le chevalier servant
Proche du sauveur, il est entièrement dévoué à son partenaire. Mais cette extrême attention cache une très mauvaise image de soi, où l’on ne sent pas digne d’être aimé pour qui on est, ni ce que l’on veut faire.
Le romantique
C’est celui qui se réfugie dans son imaginaire pour ne pas avoir à affronter son réel mal-être. Il rêve ses relations amoureuses plus qu’il ne les vit.
Le puritain
C’est celui qui a fait une croix sur l’amour sensuel et sexuel en idéalisant ou diabolisant l’homme ou la femme. Très souvent, ce comportement s’explique par une fidélité aux attentes familiales d’être une femme ou un homme « comme il le faut ».
Le prédateur
La meilleure défense c’est l’attaque, n’est-ce pas ? Derrière son charisme, sa réussite sociale affichée et son éloquence, le prédateur est celui qui tient à cacher sa fragilité engendrée par ses blessures d’enfance.
L’amazone
Au même titre que le prédateur, l’amazone possède une armure pour se protéger des souffrances. Son objectif est de garder le contrôle pour ne pas être blessée. Pour l’amazone, la vie est un combat. Souffrir c’est normal, il faut savoir passer outre. Par conséquent, c’est une personne qui ne sait pas prendre soin d’elle ni recevoir l’attention et l’amour des autres.
Certains rôles se retrouvent davantage chez les hommes (comme le prédateur ou le chevalier servant) que chez les femmes (la puritaine et l’amazone). Toutefois, ce n’est qu’une généralité et ces masques peuvent être endossés par toutes et tous.
Prendre conscience de nos masques
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Comment faire tomber les masques ?
En mettant de la conscience dans les rôles que nous jouons. Par exemple, en se rendant compte qu’en faisant des reproches accusateurs à son partenaire, on est en train de tomber dans la victimisation. Dès que cette conscience apparaît, notre réaction n’est plus la même, et la relation se transforme déjà.
Pour faciliter cette prise de conscience, Sarah Serievic propose un atelier thérapeutique appelé le Théâtre Authentique.
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Qu’est-ce que le Théâtre authentique ?
Ce n’est justement pas du théâtre, mais la réalité de la personne que l’on va vivre. Ce processus vient du psychodrame. Etymologiquement, psychodrame signifie l’âme (psyché) qui se met en action (drama).
On va, par exemple, mettre en scène une situation où l’on va se croire victime de l’autre. Et à travers le jeu, on va comprendre comment on devient cocréateur de cette situation de conflit.
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Pourquoi est-ce que le Théâtre Authentique est-il efficace ?
C’est parce que le cerveau ne fait pas la différence entre le symbolique et le réel. Rejouer une scène de vie où on lâche ses émotions et sentiments bloqués, c’est enfin s’en débarrasser. Vivre en direct et émotionnellement ce qui n’a pas pu être vécu dans la réalité de l’instant, va permettre une reprogrammation cellulaire qui va donner suite à un élan vital, que la personne va retrouver en elle.
C’est le fameux principe de la catharsis que les Grecs connaissaient déjà il y a 5000 ans.
L’amour vrai selon Sarah Serievic
L’amour vrai n’est pas le romantisme
L’amour n’a rien de romantique. C’est d’abord une énergie. Le cœur est la 1ère cellule qui se met en place quand le fœtus se confectionne.
La fonction du cœur n’est pas d’aimer romantiquement. Sa fonction est de vibrer : un cœur, ça se contracte et ça s’ouvre. On confond cela avec l’état amoureux, parce que les palpitations cardiaques sont plus intenses.
L’amour vrai, c’est l’énergie de l’évolution et du vivant
L’amour c’est une chaleur, une douceur puissante, qui va faire exploser tous les systèmes qui ne fonctionnent plus. C’est cela le sens de l’amour amoureux : une rencontre qui va faire permettre de faire exploser nos vieux systèmes de pensées et de croyances qui ne fonctionnent plus.
L’amour véritable, c’est une puissance de métamorphose, c’est l’énergie de l’évolution et du vivant. A chaque fois que nous sommes vivants dans une relation face à un paysage, une musique, un petit enfant, nous sommes dans l’amour.
Il n’y a qu’un seul pouvoir, c’est l’amour.
Toute relation nourrie par le cœur est un pouvoir du rayonnement de l’être. Alors aimez et soyez en vie.
Merci Sarah !
Pour info, Sarah Serievic animera un voyage initiatique du 14 au 20 avril , en Egypte à la rencontre d’Isis . Le temple d’Isis sera privatisé pour l’occasion.
Must read : aimer sans masque de Sarah Serievic aux éditions du seuil