24 pays et acteurs publics se sont engagés à arrêter dès 2022 de financer les projets d’extraction et de production de gaz, de pétrole ou de charbon.
Un vent nouveau a soufflé jeudi matin, à Glasgow (Grande-Bretagne), lors de la COP26. Il était d’ailleurs difficile d’approcher du pavillon de la Grande-Bretagne, où un accord sur la réduction du financement des énergies fossiles a été annoncé. Quelque 24 pays et acteurs publics, dont les États-Unis, le Canada, le Costa Rica, le Danemark, la Finlande, le Portugal, la Suisse et bien sûr le Royaume-Uni, se sont engagés à arrêter dès 2022 de financer avec de l’argent public la plupart des projets d’extraction et de production de gaz, de pétrole ou de charbon. «Nous mettons la finance publique du bon côté de l’histoire», a annoncé Greg Hands, ministre britannique de l’Énergie et du Changement climatique, en présentant l’initiative qui a été qualifiée d’«avancée historique » par des participants. «Il ne s’agit pas d’un accord pour 2030 mais dès la fin de 2022», s’est félicité notamment Vivienne Yeda, directrice générale de la Banque de développement de l’Afrique de l’Est. Les autres initiatives annoncées à la COP26 sur le charbon, la déforestation ou le méthane entreront en vigueur à la fin de la décennie.
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Si l’AFD (Agence française de développement) et la BEI (Banque européenne d’investissement) ont signé cet accord, la France et l’Europe en tant que tels ne l’ont pas ratifié. Interrogée sur la non-signature par Paris de cet accord, l’Élysée renvoyait vers de récentes déclarations de Bruno Le Maire. Fin octobre, à Paris, lors du «Climate Finance Day», il déclarait: «Nous avons arrêté tout financement export pour le charbon. Nous avons donné un calendrier pour l’arrêt du financement export des exploitations pétrolières en 2025 et gazières en 2035. La crise du gaz change la donne et elle montre que nous devons réduire plus rapidement que prévu notre dépendance au gaz. Nous avions donné une clause de rendez-vous sur les financements export gazier en 2023, nous avancerons cette clause de rendez-vous à 2022 .» En clair, Paris ne peut pas signer tout de suite car la France a des engagements.
Toutefois, Marie Bord Laurans, directrice climat de l’AFD, rappelle que «depuis 2017, plus de 50 % des investissements de la France à l’international prennent en compte les changements climatiques et sont engagés vers la transition énergétique». Elle juge «importante» l’initiative qui sera ratifiée par l’Italie.
«Investir dans ce que nous voulons»
L’accord semble crucial à Richard Florizone, directeur général de l’IISS (Institut international pour le développement durable), car «pour suivre le scénario à 1,5 °C, selon l’Agence internationale de l’énergie, il n’y a plus de place pour de nouveaux investissements dans les énergies fossiles après 2021». Entre 2017 et 2019, deux fois plus de soutiens financiers ont été consacrés, au total, dans les pays en développement aux énergies fossiles qu’aux énergies renouvelables.
Il estime l’enveloppe totale apportée à plus de 32 milliards de dollars par an pour le gaz, le charbon et le pétrole, contre 15 milliards en cumul pour l’hydroélectricité, le solaire et les éoliennes. Il exhorte les pays riches à « investir dans ce que nous voulons, pas dans ce que nous ne voulons pas». Déjà, les engagements des pays signataires permettraient de réaffecter 15 milliards de dollars par an.
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L’initiative britannique a été saluée par Tasneem Essop du réseau action climat international, qui y voit «un pas dans la bonne direction» qui doit être approuvée par davantage «de gouvernements pour mettre fin au financement des énergies fossiles».