Les sept astronautes présents à bord de la Station spatiale internationale ont dû se réfugier, lundi matin, afin de se préparer à une évacuation éventuelle.
Les États-Unis ont accusé lundi 15 novembre la Russie d’avoir mené un tir de missile antisatellite «dangereux et irresponsable», dans une démonstration de force ayant eu pour conséquence directe de menacer la sécurité des astronautes à bord de la Station spatiale internationale. Lundi, «la Russie a conduit de façon irresponsable un test destructeur de missile antisatellite à ascension directe à l’encontre de l’un de ses propres satellites», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken.
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Cet incident relance les craintes de voir l’espace se transformer en un champ de bataille entre les grandes puissances. «Ce test a jusqu’ici généré plus de 1.500 de débris orbitaux traçables, et va probablement générer centaines de milliers de morceaux plus petits de débris orbitaux», a-t-il ajouté dans un communiqué.
Les astronautes ont dû se réfugier
Lundi matin, les sept personnes actuellement à bord de l’ISS – quatre astronautes Américains, un Allemand et deux cosmonautes russes – avaient dû se réfugier dans leurs vaisseaux amarrés à la station afin de se préparer à une éventuelle évacuation d’urgence. Selon le média spécialisé Spaceflight Now, ils avaient tous regagné l’intérieur de l’ISS en milieu de journée lundi, mais de nombreuses écoutilles restaient fermées entre les différents modules par mesure de précaution. «Ce test va significativement accroître le risque posé pour les astronautes et cosmonautes de la Station spatiale internationale», a déclaré Ned Price.
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Plus tôt, l’agence spatiale russe Roscosmos avait déclaré les astronautes à bord de l’ISS hors de danger, sans faire mention d’un test de missile. «L’orbite de l’objet, qui a forcé l’équipage aujourd’hui à se rendre dans le vaisseau selon les procédures standard, s’est éloignée de l’orbite de l’ISS», avait tweeté Roscosmos. «Les amis, tout est en ordre chez nous. On continue le travail selon notre programme», avait également dit sur Twitter le cosmonaute russe Anton Shkaplerov. Contactée, la Nasa n’a pas immédiatement répondu aux demandes de l’AFP.
«Les débris créés par ce test dangereux et irresponsable menaceront désormais les satellites et autres objets spatiaux vitaux pour la sécurité, l’économie, et intérêts scientifiques d’autres nations pour les décennies à venir», a accusé Antony Blinken. Ce tir va également «significativement accroître le risque posé pour les astronautes et cosmonautes de la Station spatiale internationale», a-t-il souligné, promettant que les États-Unis allaient «travailler avec (leurs) alliés et partenaires pour chercher à répondre à cet acte irresponsable».
Le Pentagone a lui déclaré travailler «activement pour caractériser le champ de débris». Il s’agit notamment d’identifier la trajectoire de chacun des objets. «Nous regardons de près le type de moyens que la Russie semble vouloir développer», a ajouté John Kirby, le porte-parole du Pentagone, précisant que Moscou n’avait pas prévenu Washington à l’avance.
«Inexcusable»
Des tirs antisatellites ont déjà été menés par seulement quatre nations (États-Unis, Chine, Inde et Russie). Mais ils sont très critiqués notamment à cause des nombreux débris générés, qui deviennent alors de dangereux projectiles. Ils peuvent par la suite notamment heurter les nombreux autres satellites en orbite, sur lesquels les pays comptent pour de très nombreuses activités, par exemple de communication ou encore de localisation. Pouvoir détruire des satellites d’autres pays peut donc se révéler être un atout militaire stratégique.
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«Des événements de débris causés par des tests antisatellites n’arrivent pas souvent, le dernier était un test indien» en mars 2019, a rappelé l’astronome Jonathan McDowell interrogé par l’AFP. Selon lui, en déduisant les trajectoires de l’ISS et des objets à proximité, le satellite visé par la Russie pourrait être un satellite nommé Cosmos 1408, qui n’est plus actif depuis les années 1980. «Le détruire n’était absolument pas nécessaire», a jugé le spécialiste. «Il s’agit purement d’un test militaire.» «Nous avons déjà beaucoup trop de débris là-haut pour délibérément en générer d’autres, c’est inexcusable», a-t-il ajouté.
Selon lui, certains débris provoqués par ce test se désintégreront en entrant dans l’atmosphère «dans les mois qui viennent», mais d’autres pourraient rester en orbite jusqu’à pendant dix ans. De nombreux experts appellent à une plus grande régulation du secteur face à ces risques. «Nous avons été très clairs, nous aimerions voir des normes spatiales afin que cela soit utilisé de façon responsable par toutes les puissances spatiales», a appuyé lundi le porte-parole du Pentagone.