Tandis que la France et l’Allemagne misent tout sur la vaccination, les pays voisins multiplient les restrictions, du couvre-feu à la fermeture des lieux publics.
Amandine Alexandre (à Londres), Slim Allagui (à Copenhague), Pierre Avril (à Berlin), Anne Rovan (à Bruxelles)
Face à la propagation rapide du variant Omicron, les pays d’Europe réagissent – ou anticipent – en prenant des mesures de plus en plus radicales. Alors que la France a décidé de transformer le passe sanitaire en passe vaccinal, mettant ainsi la pression sur les 6 millions de non-vaccinés, nos voisins ont recours à un large éventail de restrictions.
• Les Pays-Bas reconfinent
C’est une douche froide pour les Néerlandais. Le chef du gouvernement, Mark Rutte, a annoncé samedi soir un confinement jusqu’au 14 janvier pour limiter la propagation d’Omicron. «Si nous attendons de tout savoir sur ce variant, nous arriverons probablement trop tard», a-t-il justifié. Les Pays-Bas sont le premier pays de l’UE à prendre de telles mesures. Tous les magasins non essentiels, les établissements culturels et les salles de sport ont baissé le rideau dimanche matin. Seuls les stations-service, les supermarchés, les boulangeries et les pharmacies peuvent rester ouverts jusqu’à 20 heures Pas plus de deux visiteurs par foyer et par jour pourront être reçus à domicile durant cette période. La règle est néanmoins assouplie pour Noël et le Nouvel An, avec quatre invités maximum. Les écoles garderont leurs portes closes au moins jusqu’au 9 janvier.
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Ces décisions interviennent alors que le pic de la cinquième vague liée au variant Delta est désormais dépassé. Seulement 100 cas Omicron ont été identifiés à ce stade. Mais les autorités sanitaires néerlandaises estiment que ce variant sera majoritaire d’ici à la fin de l’année. Or, les Pays-Bas ne sont par armés pour y faire face. Non seulement les hôpitaux sont saturés, mais la campagne de vaccination, lancée tardivement, patine faute de personnels suffisants – non seulement pour les prises de rendez-vous, mais aussi pour injecter les doses. Selon les derniers chiffres du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, seulement 10,6 % de la population majeure des Pays-Bas a reçu une troisième dose, deux fois moins que la moyenne dans l’UE (23,5 %). Afin d’augmenter la cadence dans les centres de vaccination et chez les médecins généralistes, des réflexions sont en cours pour supprimer la surveillance d’un quart d’heure imposée après l’injection.
• L’Angleterre cherche un «coupe-feu»
À quelques jours de Noël, les Anglais sont plongés dans l’incertitude. Dimanche, le ministre de la Santé a laissé entendre que le gouvernement pourrait instaurer sous peu des restrictions supplémentaires, sans plus de détails. «Il est temps d’être plus prudent. Nous savons qu’Omicron se répand à toute vitesse», a déclaré Sajid Javid sur la BBC. Le ministre a laissé entendre que des mesures «coupe-feu» – que la presse avait annoncées pour janvier – pourraient intervenir avant la fin de cette semaine.
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Alors que 90.000 nouveaux cas de Covid ont été enregistrés vendredi et samedi, les scientifiques britanniques sonnent l’alarme. Selon des projections, le nombre de contaminations outre-Manche pourrait atteindre entre 600.000 et 2 millions de cas par jour d’ici à la fin du mois. Ce nouveau pic de l’épidémie pourrait entraîner entre 3000 et 10.000 hospitalisations par jour, ainsi qu’entre 600 et 6000 décès quotidiens.
Londres reste le principal foyer du variant Omicron et le nombre d’hospitalisations y est en hausse. Le maire a déclaré un «incident majeur» qui doit conduire à une meilleure coordination des services publics. Boris Johnson compte sur l’accélération du nombre de vaccinations: samedi, 830.000 rappels ont été administrés en Angleterre.
• L’Irlande sous couvre-feu
En Irlande, les autorités tentent de juguler la propagation du virus en restreignant les horaires d’ouverture des pubs, restaurants et lieux fermés. Ceux-ci devront baisser leur rideau à partir de 20 heures dès ce lundi et jusqu’à la fin janvier. L’objectif, a expliqué le premier ministre, Michael Martin, est de «réduire les contacts sociaux de 20 % à 30 %». «Nous ne pouvons simplement pas attendre de voir ce qui se passe parce qu’il sera trop tard», a ajouté le Taoiseach, qui craint une envolée des hospitalisations.
• Les Danois privés de sorties
Les Danois se sont précipités samedi vers les cinémas, théâtres, musées, salles de concert, casinos et autres attractions pour profiter des dernières heures de divertissement autorisées avant la fermeture, dimanche à 8 heures, de tous les lieux de loisirs pour quatre semaines. Une mesure décidée la veille par le gouvernement et entérinée à une très large majorité au Parlement.«Nous devons imposer des restrictions pour freiner la progression alarmante des nouvelles contaminations», a justifié la première ministre, Mette Frederiksen. Les nouveaux cas, en hausse constante depuis le début de la semaine dernière, ont atteint vendredi un niveau record: 11.194 en 24 heures, dont 2550 infectés par l’Omicron.
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Plus de 12.000 infections par ce variant ont été enregistrées à ce jour dans le royaume scandinave, suscitant l’inquiétude des autorités sanitaires dans un pays où 76,2 % des citoyens sont pourtant vaccinés. De nouvelles projections de l’Institut de sérologie SSI estiment qu’à partir de Noël le pays aura entre 9000 et 45.000 personnes infectées par jour. Un écart de un à cinq qui changerait tout: «45.000 personnes contaminées, c’est un chiffre très effrayant, mais ce n’est sans doute pas un calcul irréaliste», nuance l’épidémiologiste Viggo Andreasen, espérant que ce scénario «ne devienne pas réalité».
• L’Allemagne rétablit la quarantaine
Malgré une légère baisse des contaminations ces dernières semaines, l’Allemagne doit se préparer à une nouvelle «vague massive» liée à la prolifération d’Omicron, a prévenu le ministre de la Santé, Karl Lauterbach. Sous la pression des régions, le gouvernement fédéral a suspendu ce week-end le trafic en provenance du Royaume-Uni, foyer de développement du nouveau variant, après avoir classé vendredi la France et le Danemark comme zones d’infection à «haut risque» . Berlin va donc imposer aux voyageurs non vaccinés en provenance de ces pays, ainsi que de Norvège, du Liban et d’Andorre, une période de quarantaine.
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Plutôt que le confinement, la nouvelle coalition au pouvoir mise essentiellement sur la vaccination, dont le taux reste inférieur à celui des autres grands pays européens, notamment à cause de difficultés d’organisation. Elle est devenue obligatoire pour le personnel soignant – avec une date limite fixée au 15 mars 2022 – avant de s’étendre à l’ensemble de la population. Un projet de loi sera bientôt déposé au Bundestag, alors que le mouvement antivaccin se radicalise. Quelques régions, dont Berlin et la Bavière – les Länder mènent leur politique sanitaire – ont également commencé à vacciner les enfants. Toutes, avec des degrés de coercition variables, réservent l’accès aux lieux publics, y compris les magasins, aux personnes protégées.
La Belgique sous tension
En Belgique, le variant Omicron représente déjà 10 % des nouvelles contaminations. Une réunion des autorités est prévue mercredi. Faut-il s’attendre à un énième tour de vis, voire à un reconfinement? Probablement pas, même si les scientifiques appellent là aussi à un renforcement des mesures. «Un lockdown n’est pas sur la table du gouvernement», a assuré dimanche la ministre de la Santé wallonne, Christie Morreale.
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La Belgique semble mieux armée que les Pays-Bas face au nouveau variant: 30 % des plus de 18 ans ont déjà reçu leur dose de rappel. Depuis fin novembre, toutes les discothèques sont fermées tandis que les bars et restaurants doivent baisser le rideau à 23 heures. Les restrictions liées au passe sanitaire sont contestées par une partie de la population. Dimanche, des milliers de personnes – 3500 selon la police, 50.000 selon les organisateurs – ont manifesté pour la troisième fois dans les rues de Bruxelles à l’appel du collectif Belgium United for Freedom. La police a chargé à plusieurs reprises après des jets de projectiles.