Trois femmes ont témoigné jeudi dans un reportage diffusé sur France 2 pour dénoncer les agressions sexuelles qu’elles auraient subies entre 1989 et 2001.
Les regards se figent et les mâchoires se serrent. Au lendemain de la diffusion d’un sujet télévisé diffusé dans l’émission «Envoyé spécial» sur France 2, relatant la parole de trois femmes qui auraient été victimes d’agressions sexuelles de la part de Nicolas Hulot, les membres du gouvernement ont été amenés à réagir. Invités dans les médias, plusieurs ministres ont évoqué les accusations dont fait l’objet leur ancien collègue qui a siégé sur les bancs du gouvernement entre mai 2017 et août 2018 en tant que Ministre chargé de la Transition écologique et solidaire.
Mercredi, quelques heures avant la diffusion du sujet, Nicolas Hulot avait annoncé quitter «définitivement» la vie publique. Puis avait nié en jouant la carte de l’ironie. «Je sais que j’ai un physique très ingrat. Et que donc seule la contrainte me permet de vivre des histoires d’amour…Plus sérieusement, je n’ai jamais séduit par contrainte», avait-il déclaré sur BFMTV.
Une séquence qui n’est pas passée pour celle qui est dorénavant en charge de ces questions au gouvernement. «Sérieusement ? Plaisantez sur les sujets de viol ? Il y a 90.000 femmes qui sont violées chaque année dans notre pays (…). Cette tirade est scandaleuse, elle est honteuse, je ne comprends même pas comment on peut faire de l’ironie à un moment aussi grave», s’est d’abord exclamé vendredi soir Elisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’égalité entre les Femmes et les Hommes sur BFMTV. Avant de pousser un vrai coup de gueule : «Je suis complètement libre pour vous dire que je suis en colère quand j’entends un homme (…) qui ironise sur des accusations dont il se dit victime. (…) C’est intolérable, c’est inacceptable.»
Avant même qu’une enquête préliminaire pour viol et agressions sexuelles soit ouverte, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a dû répondre à la polémique vendredi matin sur BFMTV-RMC. «Ce que j’ai vu sur les réseaux sociaux, ce sont des témoignages poignants, voire glaçants, et qui nous rappelle la nécessité que la justice puisse faire son travail dans ces situations et face à de tels actes», a d’abord expliqué Gabriel Attal, un peu gêné.
Avant de devoir répondre à l’accusation du soutien de l’exécutif à Nicolas Hulot lors d’une première accusation anonyme remontant à 2018. Procès nourri par une partie de l’opposition. «Ce dont je me souviens à l’époque, c’est qu’il y avait un témoignage d’une femme qui disait “je ne veux pas qu’on parle de cette affaire, je ne veux pas qu’on cite mon nom”. Voilà, il y a eu un soutien à l’État de droit, à la présomption d’innocence. Vous avez aujourd’hui des témoignages supplémentaires qui s’ajoutent, et qui n’étaient pas connus l’époque», tente de convaincre le membre du gouvernement. Et d’indiquer que «la parole des femmes doit être entendue, crue et respectée dans le cadre de l’État de droit et de la justice.»
«Les faits sont assez terrifiants»
Autre membre du gouvernement en première ligne, Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la Citoyenneté. Au gouvernement comme secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les Femmes et les Hommes en 2018, elle rappelle sur RMC qu’à l’époque, «le procureur disait que les faits n’étaient pas établis. Aujourd’hui, les faits sont assez terrifiants.»
Si elle ne regrette pas la nomination de Nicolas Hulot, elle a tenté de défendre l’action menée au gouvernement en matière de lutte contre les violences sexuelles et sur la prise en charge de la parole. Comme son collègue, Marlène Schiappa «croit par principe la parole des victimes», et «en l’état de droit et en la justice». Tout en estimant que «ce n’est pas à (elle) de faire un vote à main levée pour savoir qui est coupable.»