78 % des dirigeants ayant répondu à l’enquête de conjoncture de la Fédération nationale entrepreneurs des territoires (FNEDT) sont pessimistes pour l’avenir. Plus d’un sur deux observe une hausse des impayés auprès de leurs clients céréaliers.
« Que ce soient les difficultés économiques de leurs clients agriculteurs, le refus de révision de prix de certains gros groupes industriels, ou la tentative de choix du moins-disant des collectivités aussi en difficultés… Trésorerie et marges fondent. Les carnets de commande s’allègent dans les secteurs les plus touchés par les intempéries », résume sombrement Philippe Largeau, le président de la FNEDT.
La Fédération a sondé ses adhérents. Ils avaient visiblement envie de se confier : en cinq jours, plus de 700 ont répondu à l’enquête de conjoncture, un chiffre inédit qui démontre « leurs préoccupations ». 78 % des dirigeants d’entreprise de travaux agricoles, mais aussi forestiers et ruraux, déclarent un moral oscillant entre le « moyennement bon » et le « pas bon du tout ». Plus d’un tiers prévoit une trésorerie négative à la fin de la l’année 2024.
L’inflation ralentit les investissements
Désorganisation des travaux, casse de machines, dégradation des conditions de travail… « C’est dans les régions les plus impactées par le changement climatique avec tempêtes, inondations et sécheresses, que les indicateurs sont les plus alarmants », souligne la FNEDT.
Les tensions économiques avec les clients céréaliers se répercutent sur leur situation : annulation de chantiers, délais de paiement allongés et trésoreries à sec. 55 % des ETA rencontrent des difficultés à être payées dans les temps et près d’une sur 2 observe une hausse des impayés.
Les entreprises envisagent l’avenir avec prudence, « au risque parfois de compromettre leur développement ». 25 % reportent des investissements, 12 % revendent du matériel et 11 % envisagent de replier leurs activités. « L’inflation, en particulier sur les agroéquipements et les pièces détachées, reste bien présente à l’esprit des dirigeants », commente Philippe Largeau.
Des difficultés à recruter
Paradoxalement, cette situation n’a pas de conséquences néfastes sur l’emploi. Moins de 5 % envisagent une réduction d’effectif. Les chefs d’entreprises s’inquiètent plutôt des difficultés de recrutement. « La main d’œuvre se tourne vers les TP ou les transports », alerte la FNEDT.
Pour faire face à cette « énième crise », la FNEDT en appelle à l’État, aux banques et aux assurances et réclame des prêts garantis, une baisse des taux et prix, et un accès à des prêts de trésorerie.