Une baisse généralisée de la fiscalité pesant sur les pleins d’essence «n’est pas la bonne option, d’abord car ça coûte très cher», a noté le ministre de l’Économie.
Le gouvernement précise ses pistes pour appuyer les ménages face à la hausse des prix des carburants, et une baisse généralisée des taxes ne semble pas tenir la corde. Interrogé ce lundi sur Europe 1, le ministre de l’Économie s’est dit «davantage favorable» à la création d’un chèque carburant, plutôt qu’à une baisse de la fiscalité.
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Sur un litre de diesel coûtant 1,55 euro, la TVA et la TICPE pèsent 60% du prix, soit presque 90 centimes, a détaillé Bruno Le Maire. Mais une baisse de ces taxes «n’est pas la bonne option, d’abord car ça coûte très cher» : une baisse d’un centime coûte 500 millions d’euros à l’État. En outre, la baisse généralisée est, paradoxalement, «injuste», car elle donne la même compensation à la personne avec un «gros 4×4 motorisé» et «l’aide-soignante qui prend sa Clio» pour rendre visite à ses patients. Le patron de Bercy a également jugé qu’une baisse équivaudrait à une «subvention aux carburants fossile» : elle n’est donc «pas raisonnable, économiquement et pas sage environnementalement».
Si cette option est validée, un chèque carburant devrait arriver «le plus rapidement possible vers les Français» qui en ont besoin, a souligné Bruno Le Maire, précisant cependant que le travail pour définir le cadre de l’aide n’était pas encore terminé. Le ministre a également récusé avec véhémence l’accusation selon laquelle l’exécutif «se fait de l’argent sur le dos des Français» grâce aux taxes sur les carburants. «Sur 2022, si les prix restent au niveau [indiqué], nous pourrions toucher 2,5 milliards d’euros de TVA supplémentaire». Or, le chèque énergie supplémentaire, annoncé récemment, coûtera «600 millions» à l’État, et le plafonnement des prix de l’électricité et du gaz pèsera «5 milliards d’euros». L’État ne «gagne pas d’argent en période de crise énergétique», a conclu le ministre : il en perd.
Un calendrier à préciser
Plus tôt ce lundi, plusieurs membres du gouvernement avaient également précisé que la piste d’un chèque carburant était privilégiée à ce stade. Invité sur Cnews, le ministre délégué chargé des Transports, Jean-Baptiste Djebbari, a précisé que l’exécutif comptait cibler en priorité «les ménages les plus fragiles et les plus gros consommateurs de carburant». Lui aussi a exclu la piste du blocage des taxes, car ce serait alors «se priver de ressources fiscales pour financer les services publics».
Sur France 2, Barbara Pompili a elle aussi déclaré que «la piste, c’est plutôt le chèque carburant, sous quelle forme je ne sais pas encore, parce qu’on essaye de trouver le moyen de toucher les bonnes personnes». L’aide devrait toucher en priorité «les personnes obligées de faire leur plein», mais cette mesure sera difficile à mettre en place : «On n’a pas aujourd’hui, comme on l’a pour le chèque énergie, une base de données de toutes les personnes qui pourraient en avoir besoin», a noté la ministre chargée de la Transition écologique. Les annonces pourraient être faites «dès que possible», peut-être cette semaine, a-t-elle noté.
Dans la foulée de l’inflation qui touche les factures de gaz et d’électricité, forçant le gouvernement à réagir, le prix des carburants redevient, depuis quelques semaines, un dossier politique brûlant. Il y a dix jours, le prix de vente moyen d’un litre de SP98 et de SP95 dépassait les 1,6 euro, et le litre de gazole coûtait 1,54 euro. Des sommes supérieures aux niveaux observés en novembre 2018, au moment de la crise des «gilets jaunes». L’exécutif surveille ce sujet de près, promettant d’agir rapidement avec des mesures de court terme.