ANALYSE – C’est à une véritable tentative de déstabilisation de ses frontières par un régime biélorusse instrumentalisant «l’arme hybride» des migrants, et soutenu en arrière-plan par Moscou, que l’UE est confrontée.
Depuis quelques jours, l’Europe découvre avec stupéfaction les images de milliers de migrants acheminés par avion des confins afghans, syriens ou irakiens, qui tentent, encouragés par des forces de sécurité biélorusses, de forcer les frontières de la Pologne et des Pays baltes à coups de hache et de supplications. «Germany, Germany», crient-ils à travers les barrières de fil de barbelés érigées à la hâte, pour signifier aux gardes-frontières polonais qu’ils n’ont pas l’intention de s’attarder chez eux, car leur rêve d’une vie meilleure est plus loin, au pays d’Angela Merkel.
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Ce spectacle surréaliste et tragique révèle plusieurs réalités géopolitiques très inconfortables. La première, c’est que l’Europe fait face à une tentative de déstabilisation agressive de sa frontière orientale, orchestrée quasi ouvertement, par le despote biélorusse Alexandre Loukachenko, qui utilise les migrants comme arme de «guerre hybride». La mobilisation des leviers étatiques de Minsk pour organiser un ballet