Une semaine avant son congrès, la FNSEA fait le point sur les avancées politiques du salon de l’agriculture et présente les grandes lignes de son rapport d’orientation, « Entreprendre en agriculture, notre projet, notre futur », qui porte des propositions pour l’attractivité du métier. Si elle se veut optimiste pour le secteur agricole, Christiane Lambert, qui ne se représente pas après deux mandats à la tête du syndicat, alerte également sur l’importance de maintenir des moyens de production et appelle les responsables politiques à ne pas répéter les mêmes erreurs qui, sur le nucléaire, ont notamment conduit à perdre notre souveraineté énergétique.
Trois semaines après la clôture du salon de l’agriculture, et une semaine avant son congrès, la FNSEA dresse un premier bilan des avancées politiques obtenues sur plusieurs sujets clés. Si des annonces restent attendues, de la part du ministre de la transition écologique, sur le dossier de l’eau, le président s’est engagé à ne pas revenir sur les conclusions du Varenne de l’eau, et sur les avancées devant faciliter le stockage de l’eau. La FNSEA attend également la sortie prochaine du décret sur la réutilisation des eaux usées, et la possibilité d’irriguer à partir de ces eaux.
Une rencontre avec le garde des Sceaux, Eric Dupont-Moretti, devrait permettre de progresser sur la question du mal-être des agriculteurs, avec notamment la mise en place expérimentale de tribunaux d’activités économiques, qui permettrait de mieux appréhender les problématiques agricoles avant les tribunaux de commerce, moins adaptés.
« Identifier tous les points de blocage qui brident l’agriculture »
A l’occasion d’un rendez-vous avec le ministre de l’économie, Bruno Lemaire, la FNSEA a également sonné l’alarme concernant la dégradation continue de la productivité agricole française. « Nous avons fait un parallèle avec ce qui s’est passé pour la souveraineté énergétique, car nous avons le triste sentiment que l’agriculture vit la même chose », en lien avec des décisions excessives prises « sans étude d’impact », explique Christiane Lambert. Un travail est en cours avec le sénateur de la Haute-Loire Laurent Duplomb (Les Républicains) pour déposer une proposition de loi identifiant tous les points de blocage qui brident l’agriculture française, poursuit-elle.
Car si la présidente de la FNSEA porte un regard « positif » sur l’évolution du secteur agricole, au regard de « l’attractivité de nos métiers », elle rappelle que la France s’est mis aux pieds un certain nombre de boulets en matière de compétitivité, notamment en ce qui concerne la surtransposition. Dernier exemple en date, l’utilisation des néonicotinoïdes : si l’enrobage des semences est interdit pour tous les pays européens, 10 pays vont continuer à utiliser le produit en foliaire. Or, la France a interdit cet usage sur son territoire avec la loi Pompili de 2016. « On a pris de mauvaises décisions en matière nucléaire, aujourd’hui, on fait une loi pour redresser la barre, je veux la même chose pour l’agriculture ! », insiste Christiane Lambert.
Attractivité, moyens de production : le cap du prochain mandat
Le dossier sera porté par son successeur à la tête de l’organisation puisqu’après deux mandats, Christiane Lambert a choisi de ne pas se représenter à la présidence de la FNSEA. Le congrès, qui se tient du 28 au 30 mars à Angers, renouvellera 68 membres du conseil d’administration, avant l’élection du bureau et du nouveau président le 13 avril.
Le rapport d’orientation, « Entreprendre en agriculture, notre projet, notre futur », devra ainsi fixer un cap pour l’attractivité du métier et le maintien des moyens de production via l’innovation, la technologie, l’irrigation, la protection des plantes, les alternatives aux phytos, « tout ce qui fait qu’en France on peut redresser la barre et arrêter de régresser en termes de production », explique Christiane Lambert.
Le rapport est structuré autour de trois axes : les femmes et hommes, avec un débat sur les actifs agricoles « car on risque d’avoir un facteur limitant, le nombre de bras -salariés ou exploitants », explique Yannick Fialip, rapporteur du texte. Deuxièmement, le projet économique, « clé de voûte du développement des projets agricoles, qui nécessite de retrouver des prix rémunérateurs et la liberté d’entreprendre sur nos exploitations », poursuit-il. Enfin, les transitions. « L’agriculture est prête à s’adapter, mais il faut lui laisser le temps, on travaille sur du vivant », rappelle-t-il. Le texte sera discuté la semaine prochaine, devant les 850 congressistes attendus.