deux dirigeants agricoles en appel pour une retenue d’eau illégale


Deux dirigeants de la chambre d’agriculture du Lot-et-Garonne sont jugés jeudi en appel à Agen pour avoir fait creuser illégalement il y a deux ans le «lac de Caussade», une retenue d’eau pour l’irrigation, au cœur d’un conflit entre défenseurs de la ruralité, protecteurs de l’environnement et État. Pour défendre le lac et ses «bâtisseurs» Serge Bousquet-Cassagne et Patrick Franken, condamnés en juillet 2020 à neuf et huit mois de prison ferme, plusieurs centaines d’agriculteurs se sont donné rendez-vous devant le palais de justice, avec tracteurs et remorques, à l’appel de la Coordination rurale (CR 47, majoritaire).

Située au nord de Villeneuve-sur-Lot, dans la commune de Pinel-Hauterive, cette retenue d’eau a été creusée en 2019 par la chambre d’agriculture, gérée par la CR 47, pour une vingtaine d’agriculteurs désireux d’irriguer leurs exploitations en saison sèche. Contesté par des associations environnementales mais soutenu par des élus de droite et de gauche, ce lac artificiel donne lieu à une saga judiciaire doublée d’un dialogue de sourds depuis l’annulation fin 2018 – après intervention des ministères de la Transition écologique et de l’Agriculture – d’un arrêté préfectoral autorisant les travaux. Sur le plan administratif, la justice a confirmé en février en appel l’illégalité de l’ouvrage, incompatible avec le Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux et pourtant opérationnel depuis l’an dernier. Selon la préfecture du Lot-et-Garonne en 2020, un rapport a aussi conclu qu’il présentait un «risque de rupture avéré».

«Délinquance environnementale»

«Ce combat du rat des villes contre le rat des champs ne s’arrêtera jamais», avait prévenu Serge Bousquet-Cassagne, président de la Chambre d’agriculture, après sa condamnation par le tribunal correctionnel d’Agen. France Nature Environnement (FNE), partie civile, s’était félicitée que «la délinquance environnementale et écologique» soit sanctionnée. Les peines de Serge Bousquet-Cassagne et Patrick Franken avaient été assorties de la révocation d’un sursis, respectivement de 4 et 14 mois, attaché à une condamnation ultérieure. Ils avaient été condamnés chacun à une amende de 7.000 euros et la Chambre d’agriculture à 40.000 euros d’amende, dont 20.000 avec sursis.

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Mais le tribunal correctionnel n’avait pas ordonné la remise en état du site, contrairement aux réquisitions du parquet et aux demandes des associations de défense de l’environnement. En février, la Cour administrative d’appel de Bordeaux n’avait pas non plus suivi cette voie. «Si quelqu’un décide de toucher (au lac de Caussade), les paysans du Lot-et-Garonne ne se laisseront pas faire», a déjà prévenu Serge Bousquet-Cassagne, connu pour son franc-parler. Les défenseurs de l’environnement ne prévoient pas de contre-manifestation jeudi face aux agriculteurs. «On ne veut pas mettre de l’huile sur le feu, contrairement à la Coordination rurale», assure-t-on chez FNE, qui dit s’attendre «à une audience un peu mouvementée».



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