
1. Il a connu la misère dès la naissance

Amedeo Modigliani photographié par Marc Vaux
Photo © PVDE / Bridgeman Images
Si les toiles de Modigliani s’arrachent aujourd’hui à des prix mirobolants, il n’en était pas de même de son vivant. Dès sa naissance, la pauvreté s’impose comme une malédiction. Au moment précis où sa mère accouche de lui, des huissiers s’affairent autour du lit pour saisir les biens de ses parents ruinés. Même disette à Paris, où l’Italien tente sa chance en 1906. Au bout de six ans passés dans la Ville Lumière, l’incompris n’a toujours ni marchand, ni galerie, ni cercle d’acheteurs. Vêtu d’une éternelle veste de velours élimée, il vivote en échangeant des œuvres contre un verre ou un repas dans les cafés de Montmartre puis de Montparnasse… dont il est malgré tout surnommé « le prince » en raison de son élégance aristocratique !
2. Il voulait être sculpteur
À partir de 1909, le jeune artiste se consacre pleinement à la sculpture sur pierre sous l’influence de son voisin Brâncuși. Inspiré par les masques africains qui inspirent déjà le cubisme de Picasso, il crée d’étranges caryatides aux nez rectilignes. Mais les poussières émises aggravent tant son insuffisance pulmonaire qu’elles le contraignent à renoncer à sa passion. En 1914, il troque définitivement le burin pour le pinceau, qu’il maniait depuis 1911. Dans la continuité de ses sculptures (dont seules vingt ont survécu), il peint des visages aux traits tranchés, comme taillés dans le roc…

Amedeo Modigliani, Tête, 1913
Grès • © bpk / Staatliche Kunsthalle Karlsruhe
3. Sa seule et unique exposition a été fermée par la police
Le 3 décembre 1917, Modigliani inaugure sa première (et dernière) exposition solo grâce à l’audacieuse Berthe Weill, qui a décidé de présenter 32 de ses œuvres dans sa galerie parisienne. Mais la police interrompt brutalement le vernissage et ordonne la fermeture de l’événement. Ses nus aux couleurs chaudes, dont certains affichent une toison pubienne, seraient coupables d’outrage à la pudeur ! L’exposition rouvre sans les toiles incriminées et l’artiste ne fait pas une seule vente. Un comble quand on sait que l’un des tableaux censurés, Nu couché, sera adjugé 170,4 millions de dollars chez Christie’s en 2015, rejoignant les records de l’histoire des enchères…
4. Il tenait tête aux antisémites

Amedeo Modigliani, La Juive, 1907–1908
Huile sur toile • 54,9 × 46 cm • Coll. privée • © Christie’s Images / Bridgeman Images
Issu d’une famille juive séfarade de Tunis installée à Livourne, Modigliani est fier de ses origines. Dès son arrivée à Paris, il est victime de préjugés antisémites, tout comme Marc Chagall, installé dans la même cité d’artistes, la Ruche, qui accueille alors de nombreuses victimes des pogroms de l’est. Mais, courageux face à la haine, Modigliani répond aux piques et proclame de plus belle sa judéité. L’artiste n’hésite pas à souligner le nez busqué de son modèle pour La Juive (1908), le tout premier tableau qu’il expose à Paris. Et se représente même, dans un autoportrait de 1910, vêtu de la tunique associée aux juifs orthodoxes !
5. Il avait des accès de fureur
Beau et attentionné, Modigliani séduit de nombreuses femmes en leur déclamant des vers de Lautréamont ou de Dante. Mais l’artiste est aussi un grand consommateur d’opium et d’alcool qui font ressortir son tempérament colérique jusqu’à aboutir à de terribles rixes qui le mènent parfois au commissariat. Ses différends avec sa compagne Beatrice Hastings finissent en hurlements qui réveillent les voisins. Un jour, alors qu’il est saoul avec son ami Utrillo, une dispute éclate entre les deux hommes qu’on retrouvera le lendemain, enlacés et endormis sur un trottoir…

De gauche à droite : Amedeo Modigliani, Pablo Picasso et André Salmon devant le café « La Rotonde »
Coll. Musée Carnavalet, Paris • © Photo : Paris Musées, Musée Carnavalet, Dist. RMN-Grand Palais / image Ville de Paris / ADAGP, Paris
6. Il a été l’amant d’Anna Akhmatova

Portrait d’Anna Akhmatova
© Calmann & King Ltd / Bridgeman Images
Akhmatova n’a jamais oublié Modigliani, dont elle fut l’amante et la muse durant quelques mois. En 1910, la poétesse russe a 21 ans et se trouve en voyage de noces à Paris lorsqu’elle a le coup de foudre pour cet artiste bohème inconnu au bataillon. En 1911, elle revient seule et le suit dans le département égyptien du Louvre où il dessine sa tête parmi les pharaonnes, et l’écoute lui réciter du Verlaine sous un parapluie au jardin du Luxembourg. Dans un recueil écrit dans les années 1950, elle se souvient de son « côté divin » qui « étincelait ». « Il ne ressemblait à personne d’autre au monde »…
7. Lui et sa dernière compagne ont connu une fin tragique
Avec ses yeux clairs en amande et son visage de madone, Jeanne Hébuterne a inspiré de nombreux portraits à Modigliani, qui la rencontre en mars 1917, alors qu’elle n’a que 18 ans. Pour vivre à ses côtés, la belle rompt avec sa famille qui désapprouve sa religion, sa situation et son mode de vie chaotique. Mais en 1920, le peintre s’éteint à 35 ans d’une méningite tuberculeuse. Enceinte de huit mois de leur deuxième enfant, la jeune femme se jette du haut d’un immeuble. Dix ans plus tard, son père accepte enfin que sa dépouille rejoigne celle de l’artiste au cimetière du Père-Lachaise. Sur la même pierre, une double inscription rend hommage à leur amour shakespearien…

Amedeo Modigliani, Femme aux cheveux roux, 1918
Huile sur toile • Coll. privée • © DR
Chagall, Modigliani, Soutine… Paris pour école, 1905-1940
Du 2 avril 2021 au 31 octobre 2021
Musée d’art et d’histoire du Judaïsme • 71 Rue du Temple • 75003 Paris
www.mahj.org
Les secrets de Modigliani
Du 19 février 2021 au 20 février 2022
LaM • 1, allée du Musée • 59650 Villeneuve-d’Ascq
www.musee-lam.fr
Modigliani. Révolution du primitivisme
Du 17 septembre 2021 au 9 janvier 2022
Albertina • 1 Albertinaplatz • 1010 Wien
www.albertina.at