GRAND REPORTAGE – Les nouveaux maîtres du pays sont confrontés à une grave crise économique, à un désastre humanitaire, ainsi qu’aux violences du groupe État islamique.
Envoyée spéciale à Termez, Kaboul, Nangarhar et Kunar
Termez est un immense lavis de terre et de poussière. L’ocre, mêlée un temps à la voûte orangée, va bientôt s’effacer. Les taillis qui hérissent la lande se muent en spectres hirsutes. Le soleil se dérobe à vue d’œil. Au poste-frontière qui donne sur l’Afghanistan, quelques soldats ouzbeks fument assis sur des chaises bancales, sur fond de musique électronique. «Personne ne passe», lance l’un d’eux, engoncé dans un uniforme trop étroit. L’ordre de fermer la frontière vient d’être donné. La cause? «On ne sait pas.» Rien n’y fera: impossible de traverser. L’une des rares voies d’accès en Afghanistan depuis que les vols commerciaux ont été stoppés à la mi-août, alors que les talibans s’emparaient du pays, vient d’être verrouillée.
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De l’autre côté du pont de l’Amitié qui franchit la rivière Amou-Daria pour relier les deux pays, un commandant taliban consent à livrer quelques explications. «De manière anonyme, sinon, pour moi, c’est la mort