Le puissant syndicat agricole FNSEA, en congrès cette semaine à Angers, va renouveler son conseil d’administration et rendre hommage à sa future ex-présidente, l’omniprésente Christiane Lambert. Son successeur sera élu courant avril, avec guère de suspense : le céréalier Arnaud Rousseau est l’unique candidat.
L’éleveuse de 61 ans avait annoncé en décembre qu’elle ne rempilerait pas pour un troisième mandat. Sa présidence du syndicat majoritaire s’achèvera donc officiellement jeudi, six ans après son élection et au dernier jour du congrès annuel de l’organisation à Angers. C’est dans ce département que la native d’Auvergne gère, avec son époux, une exploitation porcine depuis plus de trente ans.
Le Maine-et-Loire, dans l’histoire du syndicat, ce sont aussi les terres du premier président, Eugène Forget, qui a fondé en 1946 l’organisation qui a depuis lors largement façonné la politique agricole du pays. La Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) revendique 210 000 adhérents (anciens exploitants inclus).
Pendant la première partie – à huis clos – du congrès, de mardi à mercredi en fin d’après-midi, 850 congressistes vont renouveler le conseil d’administration de quasiment 70 membres. Puis le syndicat patronal ouvrira ses portes, jusqu’à jeudi, à des responsables politiques et d’autres invités, comme la climatologue Valérie Masson-Delmotte.
Dans un contexte troublé pour le gouvernement devant la contestation de la réforme des retraites, sont annoncées les venues de l’ex-maire d’Angers et ministre de la transition écologique Christophe Béchu, en tant qu’élu local, et celle du ministre de l’agriculture Marc Fesneau. Le nouveau conseil d’administration élira par la suite, le 13 avril, le bureau et son nouveau président.
« Agriculture offensive »
Arnaud Rousseau, 49 ans, est le seul candidat. Ce céréalier de Seine-et-Marne est aussi président du groupe Avril (6,9 milliards de chiffre d’affaires en 2021), un géant des huiles doublé d’une société d’investissement, plus connu du grand public pour les marques Lesieur et Puget, mais aussi actif dans les agrocarburants et l’alimentation des animaux d’élevage.
A la FNSEA, il était jusqu’ici premier vice-président, chargé des négociations sur la répartition des neuf milliards d’euros annuels des fonds européens de soutien à l’agriculture française (la politique agricole commune ou Pac).
La double casquette de dirigeant syndical et homme d’affaires avait été reprochée à Xavier Beulin, président de la FNSEA (2010-2017) et du groupe Avril jusqu’à son décès soudain en 2017.
Dans un courrier adressé aux responsables du syndicat en forme de profession de foi, daté du 16 décembre et consulté par l’AFP, M. Rousseau dit sa volonté de « sortir [la FNSEA] d’une posture de « citadelle assiégée » ».
« Cela exige que nous portions collectivement la voix d’une agriculture offensive, ouverte au dialogue, qui explique les difficultés de son quotidien mais qui refuse de se laisser enfermer par les idéologies, les violences inacceptables, et les sirènes de la décroissance ». Il prône également « plus d’exigence, plus de détermination, dans notre relation avec les pouvoirs publics ».
« Il va peut-être instaurer un rapport de forces avec le gouvernement », a estimé auprès de l’AFP l’actuel secrétaire général de la FNSEA, Jérôme Despey, qui ne se représente pas à ce poste.
A l’intérieur du syndicat – souvent analysé à l’aune des tiraillements entre les intérêts des éleveurs, en particulier de montagne, et ceux des céréaliers – « il est important d’éviter l’affrontement entre deux blocs », observe Jérôme Despey. « Notre président est bien sûr notre capitaine, il ne peut réussir qu’en incarnant la diversité des productions et en étant le président de tous, je pense que c’est ce dont il a envie », ajoute Jérôme Despey.
En attendant, la FNSEA doit rendre hommage mercredi soir à Christiane Lambert, selon lui « la meilleure communicante d’entre nous ».