La tour Eiffel, pas classée aux monuments historiques ? Cela paraît fou, et pourtant : le célèbre édifice, érigé par Gustave Eiffel en 1887–1889, symbole de la France et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1991, est seulement inscrit (depuis 1964) au titre des monuments historiques. Un niveau de protection régional nettement inférieur au classement, qui, de niveau national, garantit une meilleure préservation !
Ce fait surprenant a été mis en lumière dans le contexte d’un mouvement social : pour un quatrième jour consécutif, les salariés de la Société d’exploitation de la tour Eiffel (Sete) font grève (entraînant de fait la fermeture du site) pour dénoncer un manque d’entretien du monument dû, selon les syndicats CGT et FO, à une mauvaise gestion financière par la mairie de Paris.
« Aujourd’hui, la tour Eiffel n’a pas de protection suffisante »
Des « traces de rouille » et « un état de délabrement » inédit ont ainsi été dénoncés par Denis Vavassori, délégué syndical de la CGT, qui pointe également une mauvaise anticipation et gestion des travaux de décapage et de peinture – la tour devant être repeinte tous les 7 ans pour protéger le fer. Cela pouvant entraîner non seulement des problèmes de corrosion, mais aussi alourdir la tour (si les anciennes couches de peinture ne sont pas assez décapées, peindre la tour nécessitant 70 tonnes de peinture à chaque fois) et donc la menacer d’effondrement. Sur Sud Radio, la ministre déléguée en charge du Tourisme, Olivia Grégoire, a reproché à la maire de Paris Anne Hidalgo (qui, elle, assure que « ce joyau est en très bon état ») de « laisser s’effondrer » la tour.
« Aujourd’hui, la tour Eiffel n’a pas de protection suffisante », a déclaré le 22 février la ministre de la Culture Rachida Dati dans un post sur le réseau social X (ex-Twitter). En effet, l’État subventionne 30 à 40 % des travaux pour un monument classé, contre 15 à 20 % pour un bâtiment inscrit. De plus, pour un édifice classé, la procédure de demande de travaux est plus directe, et oblige à recourir à l’architecte du patrimoine ou l’architecte en chef des monuments historiques comme maître d’œuvre.
Une procédure nécessaire
« Cela permettrait de lui faire bénéficier d’un contrôle scientifique et technique de l’État… »
Il est donc « nécessaire d’initier une procédure de classement », poursuit Rachida Dati. « Cela permettrait de lui faire bénéficier d’un contrôle scientifique et technique de l’État, et, si nécessaire, d’engager des travaux d’office. Je ne comprends pas ce qui retient la maire de Paris d’initier cette démarche auprès du ministère de la Culture, car c’est à elle qu’il appartient de le faire. Je suis prête à recevoir cette demande afin d’engager la procédure de classement au plus vite » a-t-elle précisé.
Mais cette déclaration de la ministre a étonné plusieurs commentateurs au fait de la législation. Car pour une demande de classement, « l’État peut se saisir du dossier sans attendre la mairie, et la ministre de la Culture peut classer d’office en absence d’accord de la mairie », rappelle sur X La Tribune de l’Art. Un pouvoir en effet confirmé sur le site même du ministère de la Culture !
5 Avenue Anatole France • 75007 Paris
www.toureiffel.paris
La Tour Eiffel – Histoire et secrets d’une star mondiale
Par Beaux Arts Éditions
68 pages – Paru le 7 juillet 2021 – Broché – 22 × 28.5 cm
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