Une forme architecturale, ultra géométrique, une grange, une cheminée. Voilà à quoi ressemble la plus ancienne photo au monde que l’on connaisse ! Prise par l’inventeur français Nicéphore Niépce en 1827, elle marque les débuts de la photographie.
Remontons en 1816, lorsque Nicéphore Niépce entreprend dans sa maison de Saint-Loup-de-Varennes des recherches sur la photosensibilité des matériaux, et tente de fixer sur un support l’image du fond d’une chambre noire.
En 1822, il parvient à copier (sans qu’on le conserve) le portrait dessiné du pape Pie VII sur une plaque de verre enduite de bitume de Judée, par la simple action de la lumière. Un événement qui fera date dans l’histoire de la photographie, cette année-là signant son point de départ ! En 1824, autre tentative de l’inventeur avec une pierre lithographique, mais le résultat est à peine visible. Il parvient finalement à obtenir quelque chose de probant à l’été 1827 où brille un allié de taille : le soleil.
Clic, enfin le déclic
Car cette photographie est en réalité une héliogravure, soit littéralement « une écriture par le soleil ». Niépce réalise sa prise de vue à l’aide d’une chambre noire et d’une plaque d’étain polie recouverte de bitume de Judée, un goudron naturel connu depuis l’Antiquité. Cette plaque est rincée dans un bain d’essence de lavande.
Au mois de juin 1827, Nicéphore Niépce se poste à la fenêtre du premier étage de l’atelier de son domicile baptisé « Le Gras ». Il prend la première héliographie de l’histoire de la photographie, Point de vue du Gras, avec un niveau de netteté étonnant pour l’époque. On ignore toujours le temps de pose… Le soleil illuminant les bâtiments sur les deux côtés a longtemps fait songer que la pose avait duré une journée entière. Mais une reconstitution de la méthode réalisée dans les années 1990 a remis cette hypothèse en jeu, partant sur un délai raisonnable de plusieurs jours !
L’affaire est dans la boîte
L’année suivante, Nicéphore Niépce améliore sa technique et utilise désormais un support à base d’argent poli où il laisse agir des vapeurs d’iode sur l’image au bitume. Le succès commence à poindre. En 1829, il s’associe avec son confrère inventeur Louis Daguerre pour concevoir à deux un second procédé photographique qui augure du fameux daguerréotype dont le procédé est découvert en 1835… Le premier appareil sera exploité commercialement quelques années plus tard ; mais sans que Niépce, décédé en 1833, ne puisse en profiter !