Sa volonté de revenir sur la procédure d’interdiction de l’herbicide S-métolachlore a suscité de vives critiques : le ministre de l’Agriculture persiste dans une tribune publiée samedi sur son compte Twitter, assumant son choix au nom de la « souveraineté alimentaire ».
Assumant sur Twitter sa volonté de revenir sur la procédure d’interdiction de l’herbicide S-métolachlore, Marc Fesneau appelle à « poser correctement le débat » et à « changer de méthode pour avancer », regrettant d’être exposé à « la caricature », « comme si le plus grand des défis de notre temps, la lutte contre le changement climatique et l’indispensable transition écologique, ne pouvait se concevoir que comme une bataille rangée ».
?? Produits phytosanitaires : poser correctement le débat et changer de méthode pour avancer. pic.twitter.com/9LX9RmHHxm
— Marc Fesneau (@MFesneau) April 1, 2023
Rappelant que la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé un « plan d’action stratégique pour anticiper le retrait des substances actives potentiellement problématiques » devant concilier souveraineté alimentaire et transition écologique, il estime que cette planification ne doit « pas introduire une distorsion de concurrence avec nos voisins européens ».
Jeudi, devant le congrès du syndicat agricole majoritaire, la FNSEA, le ministre avait annoncé avoir demandé à l’Agence française de sécurisé sanitaire (Anses) de revenir sur sa volonté d’interdire les principaux usages du S-métolachlore.
L’Anses, mandatée pour évaluer et autoriser ou non les pesticides, avait annoncé le 15 février engager une procédure de retrait concernant cet herbicide agricole très utilisé en France sur le maïs, le soja et le tournesol, et dont les dérivés chimiques ont été détectés au-delà des limites autorisées dans des eaux souterraines – et donc potentiellement dans l’eau potable.
« Je ne serai pas le ministre qui abandonnera des décisions stratégiques pour notre souveraineté alimentaire à la seule appréciation d’une agence », avait lancé Marc Fesneau.
L’ONG Générations Futures avait immédiatement dénoncé un « scandale en matière de protection de la santé publique et de l’environnement » alors que l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a classé cet herbicide comme « substance cancérigène suspectée » en juin dernier.
Plusieurs élus socialistes et écologistes ont déploré une atteinte à l’indépendance de l’Anses. L’eurodéputé (Renaissance) Pascal Canfin, cité par Le Monde, a souligné que la science était « maintenant très claire concernant cet herbicide » et que la priorité était « de travailler aux alternatives pour les agriculteurs, pas de mener des combats du passé ».
Dans son texte, Marc Fesneau assure que l’expertise ou le rôle de l’Anses « n’ont jamais été remis en cause » et justifie sa position par « la synchronisation et la cohérence nécessaires » avec le calendrier européen, sans se prononcer sur les risques sanitaires liés à cet herbicide.
Dans une lettre à l’Anses qu’il a également rendue publique sur Twitter, le ministre explique qu’une décision d’interdiction de la Commission européenne pourrait ne pas intervenir avant novembre 2024, soit « jusqu’à deux ans après la fin de l’utilisation au niveau français », jugeant un tel décalage « peu compréhensible ».