Des bisons, des chevaux, ou encore des cerfs, des félins et parfois des paumes de mains humaines… Ces dessins hérités de la Préhistoire, ornant nombre de cavernes ou de parois rocheuses, n’ont cessé d’intriguer les spécialistes qui ont formulé de nombreuses hypothèses sur leurs auteurs. Non sans clichés !
Dans notre imaginaire collectif, les femmes de la Préhistoire étaient des cueilleuses, attendant dans leur grotte le retour de la chasse des hommes. Une même vision s’impose lorsqu’il s’agit de se représenter ceux qui ont peint des fresques au creux des cavernes, il y a des dizaines de milliers d’années : ce sont les hommes qui sont à la manœuvre !
Un point de vue biaisé
Pourtant, en l’état des connaissances actuelles et des preuves archéologiques, rien ne permet de penser que les femmes préhistoriques n’ont pas peint dans les grottes. Rien ne prouve que les femmes n’étaient pas artistes. Au contraire ! Comme le souligne Marylène Patou-Mathis, préhistorienne du Muséum d’Histoire naturelle, dans son livre L’Homme préhistorique est aussi une femme (Allary Editions, 2020), il apparaît davantage que nous ayons calqué sur le passé nos biais modernes, partant du principe que la domination masculine s’est imposée depuis la nuit des temps. Ces recherches ont même donné lieu, il y a trois ans, à une expérience de réalité virtuelle intitulée Lady Sapiens permettant de vivre 24 heures de la vie d’une femme du paléolithique, loin de ce que l’on imagine…
Ces présupposés à la dent dure sur les femmes préhistoriques remontent aux fondements de l’archéologie, discipline jeune née au XIXe siècle : « Les premiers préhistoriens anthropologues étaient tous des hommes. Donc ils ont calqué sur le mode de vie des préhistoriques leur système de pensée, leur société à eux », rappelle Marylène Patou-Mathis dans un entretien sur France Culture. « Et bien entendu, l’homme c’est toujours le héros, et c’est lui qui va à la chasse au mammouth, et c’est lui qui taille les silex, c’est lui qui peint Lascaux… » Ajoutons à cela que jusque dans les années 1950, rares sont les femmes à exercer le métier d’archéologue.
Les femmes ont bien posé leur empreinte
Les stéréotypes ont pu s’installer, jusqu’à ce que l’on réalise que les femmes préhistoriques avaient des positions sociales élevées, chassaient, taillaient les outils… Car de nouvelles études, à partir des années 1980, vont mettre à mal les clichés.
Concernant les arts, l’analyse de différents paramètres biométriques réalisée à partir d’empreintes de mains peintes dans plusieurs grottes françaises et espagnoles contribue à se faire une idée du genre de leurs auteurs.
Surprise : la plupart des peintres des grottes ornées sont des femmes ! On le sait grâce au ratio index-annulaire : l’annulaire des hommes étant en moyenne plus long que leur index. Si on part du principe que les femmes ont peint des mains, pourquoi ne pas imaginer, dès lors, qu’elles aient pu aussi peindre des mammouths laineux ou des aurochs ?