Pourquoi tant d’artistes font-ils leur autoportrait ?


On connaît les plus fameux, indissociables de leur auteur… L’un a l’oreille coupée, l’autre est clouée au lit. De Van Gogh à Frida Kahlo, l’autoportrait est le thème de prédilection de nombreux artistes. Et ça ne date pas d’hier !

Ce type d’expression remonte à l’Antiquité. Parmi les premiers autoportraits, celui, sculpté dans la pierre, de Bak, sculpteur en chef du pharaon Akhenaton remonte en effet à 1365 avant notre ère ! Les archives suggèrent aussi la présence de l’effigie du sculpteur Phidias dans la frise de la bataille des Amazones du Parthénon à Athènes.

Jan van Eyck, Portrait d’homme (Autoportrait)

Jan van Eyck, Portrait d’homme (Autoportrait), 1433

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Huile sur panneau • 19 × 15,5 cm • Coll. National Gallery, Londres • © Wikimedia Commons

Mais le boom de l’autoportrait se fait à la Renaissance. En 1433, Jan van Eyck signe le premier autoportrait remarquable de cette période, donnant le coup d’envoi d’un engouement des peintres à se représenter eux-mêmes.

Pourquoi prospèrent-ils ?

Longtemps, les artistes ne jouissaient pas d’un prestige spécifique, car la séparation entre artisan et artiste n’est pas encore solidement établie. À la Renaissance, les créateurs vont s’émanciper et le statut d’artiste naît avec l’émergence de commanditaires qui règnent sur des États et veulent montrer leur puissance. Auteur de trois autoportraits à l’huile, Dürer incarne l’ingénieux « homme de la Renaissance ». Cette aspiration s’exprime en particulier dans son autoportrait daté « 1500 AD » dans lequel il se métamorphose en Christ, boucles dorées encadrant son visage. C’est l’image d’un créateur divin !

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L’émergence de l’autoportrait est aussi étroitement liée aux avancées techniques telles que les premiers miroirs de haute qualité, qui se dotent de revêtement en verre et en étain au XVIe siècle, notamment à Venise, centre de production important. De tels dispositifs réfléchissants permettaient aux artistes d’obtenir une image nette d’eux-mêmes.

Plus tard, le développement des appareils photo dans les années 1830 va permettre aux artistes de réaliser des « autophotographies » – même si l’affaire est souvent corsée avec un temps de pose extrêmement long excédant souvent plus de dix minutes et surtout l’impossibilité pour le photographe de se voir en tirant sa propre image. Certains seront toutefois capables de réaliser des prouesses, à l’instar de la photo de Robert Cornelius de novembre 1839, que l’on peut voir comme le premier selfie de l’histoire de l’art !

Qu’est-ce qu’on veut nous dire ?

Portrait de Frida Kahlo devant son « Autoportrait en Tehuana » dit aussi « Diego dans mes pensées »

Portrait de Frida Kahlo devant son « Autoportrait en Tehuana » dit aussi « Diego dans mes pensées », vers 1943

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Photographie en couleurs • © akg-images

Mise en scène de soi, l’autoportrait est avant tout un moyen d’exprimer une intériorité. Il est aussi là pour manifester le désir de figer une tranche de vie significative. Une traduction largement entreprise aux XIXe et XXe siècles, ère des individualités. C’est ce qu’on observe en particulier dans l’œuvre de Frida Kahlo qui expose ses souffrances sur la toile – l’artiste mexicaine signe dans ce registre quelque cinquante-cinq autoportraits sur un corpus de 143 tableaux ! Et aujourd’hui ? À l’ère des selfies et des questions d’identité, l’autoportrait est un thème plus qu’incontournable.

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