108 tonnes pour 36 mètres de long. Clara-Clara, sculpture monumentale de l’Américain Richard Serra (1938–2024), avait disparu du paysage parisien depuis 2008… Et pourrait, suite à la mort de l’artiste le 26 mars dernier, revenir d’ici peu dans un site du « cœur historique de Paris », a affirmé l’entourage de Carine Rolland, adjointe chargée de la culture à la mairie. Le Champ-de-Mars est sérieusement envisagé, selon M Le magazine du Monde, en lieu et place de l’actuel Grand Palais éphémère ; ou peut-être les Tuileries… Un retournement de situation des plus inattendus !
Cette sublime mais imposante parenthèse d’acier corten, composée de deux courbes démesurée, a été réalisée par l’artiste en hommage à son épouse Clara avant d’être acquise par la Ville de Paris pour son espace public suite à la grande rétrospective que lui a consacré en 1983 le Centre Pompidou… Posant, immédiatement, une question de taille : où l’installer ?
Ce sera d’abord le très touristique jardin des Tuileries (1er arrondissement), puis, le discret et populaire parc de Choisy (13e arrondissement). Problème : Clara-Clara s’attire, où qu’elle soit, bien des quolibets. Des riverains vont alors jusqu’à déposer leurs ordures à ses pieds en signe de protestation, quand les tagueurs s’en donnent à cœur joie sur ses parois…
Vingt-six sites envisagés pour ce monument hors normes
En 1990, elle disparaît (enfin !, se réjouissent certains) de l’espace public, pour rejoindre le silence et l’ombre des réserves de la Ville. En 2008, sa réapparition éphémère durant trois mois dans le jardin des Tuileries, à l’occasion de l’exposition événement « Monumenta. Promenade » de Richard Serra au Grand Palais, provoque à nouveau les critiques. La Tribune de l’art, toujours prompt à défendre le patrimoine français, affirme que l’œuvre « défigure l’un des lieux les plus célèbres de la capitale ».
Au fil des années, vingt-six sites seront proposés à Richard Serra, dont le parvis de la Bibliothèque nationale de France, la Philharmonie ou encore la place de la République… Sans succès, l’œuvre étant d’une taille et d’un poids si exigeants pour le sol de Paris qu’elle ne semble trouver sa place nulle part. Résultat ? Clara-Clara a disparu du paysage parisien, alors qu’elle aurait pu en devenir l’un des emblèmes contemporains comme c’est le cas à Bâle, où Intersection accueille les spectateurs du Theater Basel. « Serra était découragé, a confié l’historien de l’art Alfred Pacquement à M Le Magazine du Monde. Il en avait assez de visiter des sites, de s’emballer pour qu’on lui dise que finalement ce n’était pas possible. »
Un retour demandé par un élu des Républicains
« Quel avenir réserver à une sculpture majeure pareille ? »
Aurélien Véron
Début avril, la presse étrangère ricane. « Cette sculpture de Richard Serra qui était tout simplement trop pour Paris » titre le média en ligne américain Hyperallergic. Mais la disparition récente de Richard Serraa rappelé aux Parisiens la mémoire de cet OVNI oublié. L’élu Aurélien Véron (Les Républicains), a récemment interpellé sur X (ex-Twitter) : « Quel avenir réserver à une sculpture majeure pareille ? », et sommé la mairie de choisir « un lieu emblématique pour exposer à nouveau l’œuvre… Les Parisiens le méritent bien. »
À la veille de son probable retour, une question reste à poser : qu’en diront les habitants, plus de trente ans après sa première apparition dans l’espace public ? Affaire à suivre…