La fondation Maeght, une institution mythique de l’art moderne


« Ce que j’ai pu faire, plus personne ne pourra le refaire. » Aimé Maeght le savait, sa fondation était unique au monde, et elle le demeure à sa façon. Soixante ans après sa création, le modèle de ce premier musée d’art moderne français en mains privées a essaimé.

Mais les mots du ministre André Malraux à son inauguration restent justes : « Il s’est passé ce soir ici quelque chose dans l’histoire de l’esprit. […] Ici est tenté quelque chose qui n’a jamais été tenté : créer un univers dans lequel l’art moderne pourrait trouver à la fois sa place et l’arrière-monde qui s’est appelé, autrefois, le surnaturel.  » L’institution que l’Express qualifiait en 1962, deux ans avant son ouverture, de « « folie » d’Aimé Maeght » a connu bien des remous, mais la voilà, vivante comme jamais, agrandie et prête à renouer avec son glorieux passé.

Il se rêve peintre

« J’ai essayé de gagner ma vie en étant dessinateur lithographe et ainsi le soir pouvoir peindre. »

L’histoire de la fondation Maeght, c’est avant tout celle d’un gamin du Nord dont la vie fut enchantée par la lumière du Sud et les artistes. Aimé Maeght est né à Hazebrouck en 1906. Son père, employé des chemins de fer, disparaît durant la guerre de 14–18 et sa maison est détruite dans les combats. La famille est prise en charge par la Croix-Rouge et envoyée dans le sud de la France. Brillant élève, Aimé s’initie à la lithographie dans une école professionnelle à Nîmes. Il se rêve peintre. Dans une lettre de 1946 retrouvée dans les papiers du peintre Georges Rouault, il décrit ainsi les débuts de sa carrière : « J’ai essayé de gagner ma vie en étant dessinateur lithographe et ainsi le soir pouvoir peindre. »

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Aimé Maeght avec Pierre Bonnard en 1943. « Si j’avais dû avoir un fils, c’est comme cela que je l’aurais voulu », disait le peintre

Aimé Maeght avec Pierre Bonnard en 1943. « Si j’avais dû avoir un fils, c’est comme cela que je l’aurais voulu », disait le peintre

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© Archives Galerie Maeght

Sans succès : « Les quelques toiles présentées à des marchands soulevaient leur sarcasme ou l’indifférence, encore plus pénible… » Le voilà donc employé chez un imprimeur cannois, qui se spécialise dans la publicité. À la chorale du coin, il tombe sur Marguerite Devaye qui manque de le gifler lors de cette première rencontre ; il l’épouse en 1928. Tout commence alors. Bonnard est le premier peintre à entrer dans leur vie : Aimé Maeght réalise une lithographie pour lui. Et bientôt débarquent Matisse, Kees Van Dongen. La région est chérie des artistes des Années folles. Cocteau, Picasso, Diaghilev et Picabia y animent les casinos de Nice à Monaco de galas tourbillonnants. En 1936, le couple ouvre un magasin de décoration et de radio, baptisé Arte, qui se transforme vite en galerie.

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