Dans une vidéo diffusée mercredi, l’association animaliste dévoile des actes de maltraitance sur des porcs dans un élevage de l’Aube.
L’association de défense des animaux L214 dénonce les traitements réservés aux porcs dans un élevage de l’Aube fournissant le leader de la charcuterie Herta, via une vidéo diffusée mercredi 1er décembre où l’on voit notamment des coups portés à des animaux.
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Sur les images, tournées en août et septembre 2021 selon l’association, un homme est filmé en train de porter une série de coups secs sur le dos d’une truie à l’aide d’un instrument en plastique. Un peu plus tôt, un autre claque la tête de deux porcelets au sol pour les mettre à mort, une pratique tolérée si les animaux sont moribonds.
On le voit ensuite lancer sans ménagement des porcelets vivants dans un bac en plastique pour pratiquer avec son collègue des interventions souvent observées en élevage : section de la queue pour éviter qu’elle soit mangée par des congénères, épointage des dents pour limiter les blessures infligées aux autres porcelets et aux mamelles des truies. Les mâles sont également castrés sans anesthésie, une pratique qui sera bannie au 1er janvier 2022.
«Herta saura en tirer toutes les conséquences»
Selon L214, l’exploitation appartient à la société Promontval qui compte près de 20.000 cochons (dont près de 1500 truies – la moyenne nationale est de 250 – et leur descendance) sur deux sites et a obtenu récemment l’autorisation de s’agrandir. Elle est engagée, d’après l’association, dans la «filière Préférence» d’Herta. Dans cette filière, «nos éleveurs s’engagent à respecter un guide de bonnes pratiques», souligne sur son site la marque leader de la charcuterie en France.
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Dans un communiqué diffusé peu avant que la vidéo soit rendue publique, l’entreprise indique avoir été informée «de la publication imminente d’une vidéo à charge contre un élevage de porcs». Elle indique qu’elle «analysera cette vidéo, dès qu’elle aura accès aux images, et lancera un audit». «Si des manquements aux règles venaient effectivement à être constatés dans cet élevage, Herta saura en tirer toutes les conséquences», ajoute le groupe, tout en déplorant «l’acharnement de L214 contre l’élevage».
L214 porte plainte
L’association annonce qu’elle porte plainte pour «mauvais traitements envers les animaux et tromperie des consommateurs auprès du procureur de Troyes». Sollicités par l’AFP, le ministère de l’Agriculture et le parquet de Troyes n’avaient pas donné suite mercredi soir. La préfecture de l’Aube n’a pas souhaité communiquer.
L214 a déjà ciblé un élevage «filière Préférence» Herta de l’Allier dans deux vidéos publiées fin 2020 et début 2021. Herta avait suspendu «par précaution» ses approvisionnements après la première vidéo. Le groupe les avait repris après un audit interne et après que les autorités sanitaires locales eurent conclu à la «bonne tenue de l’élevage et à l’absence de non-conformité majeure». Les autorités avaient toutefois demandé des «mesures correctives» en matière d’abreuvement, de réduction de la densité ou de remplacement des caillebotis. L’éleveur doit comparaître le 26 janvier devant le tribunal correctionnel de Moulins pour mauvais traitement sur animal, «entreposage de cadavres d’animaux plus de 24 heures dans un dépôt non réfrigéré», et privation de nourriture, notamment. Il risque une amende et une interdiction d’exercer.