Playground, c’est disons un peu le Insomniac de Microsoft, à savoir le rachat ultra rentable en terme d’image qui ne peut être regretté par celui qui a signé le chèque, tant c’est typiquement le studio sur lequel on peut compter, enchaînant les productions de qualité, toujours dans les temps. Devenu l’emblème du jeu de course jusqu’à dépasser son « concurrent » de simulation coté aura auprès d’un large public, Forza Horizon arrive donc à son cinquième épisode après une pause naturellement plus longue que le cycle habituel pour nous livrer une sublime prestation et surtout une exclusivité de poids pour la marque Xbox.
Et c’est donc après le Colorado, le sud de la France (et un bout d’Italie), l’Australie et le Royaume-Uni que la franchise nous emmène cette fois non pas au Japon (ça arrivera un jour hein, sûrement…) mais au Mexique, ce qui n’est pas franchement étonnant tant la marque trouve une certaine popularité de l’autre coté du bout du mur de Trump, et que niveau panorama, il y avait effectivement de quoi faire. Le studio possède aujourd’hui plus de budget pour décupler ses ambitions et sans évidemment miser l’échelle 1:1 qui n’aurait aucun sens pour la densité d’un jeu, on a tout de même droit à une carte 50 % plus vaste que dans Forza Horizon 4 avec une belle variété dans les biomes où faisant fi de la moindre logique, on passe de la jungle au désert sans oublier les zones rocailleuses (où on y coince sa voiture parfois), le tout avec en son cœur le gigantesque volcan Gran Caldera.
La première présentation à l’E3 dernier était suffisamment éloquente, autant que le constat manette en main : Forza Horizon 5 est la grosse claque graphique attendue, montrant toute la valeur d’une Xbox Series X avec son 4K/60FPS (mode Performance, l’autre est inutile) qui ne bronche pas malgré la déferlante visuelle aux rares défauts, le plus gros des critiques venant du game design. Oui, il y a toujours peu de villes, oui, ça manque globalement de vie en dehors des voitures qui sillonnent les routes et oui, vous pouvez tenter un buzz sur les réseaux sociaux en montrant qu’il est impossible d’écraser les rares animaux. Mais quelque part on s’en fout car ce n’est pas sur ces aspects que l’on attend chaque épisode de la franchise, mais bien l’art et la manière d’en foutre plein la gueule, ce qui est réussi, et dès l’introduction même : juste au premier tremplin, le jeu enterre visuellement et esthétiquement tout ce que l’on a pu voir dans la concurrence du même type, genre Need for Speed et The Crew.
Après on ne va pas se mentir, ce cinquième épisode ne va pas chercher une révolution d’ailleurs difficile à trouver vu le style, mais a « juste » la volonté d’être une sorte d’apothéose de tout ce que le studio a appris jusqu’à présent. Enfin presque car les mecs n’ont justement pas retenu que la narration dans Forza Horizon, c’est aussi dispensable que des dialogues dans Tetris et on aurait très bien pu se contenter des blabla de la radio déjà gonflants sans avoir besoin qu’on nous casse le rythme avec des cinématiques d’un intérêt proche du néant, rares moments où l’on sort du cadre New Gen tant les PNJ sont atroces et expressément montrés de loin pour éviter le malaise. On appréciera néanmoins une légère évolution de la campagne qui dans les grandes lignes de progression restera identique, avec les différentes antennes réparties à travers le Mexique mais qui cette fois tenteront de pousser une certaine différence dans les thèmes et proposeront à chaque fois une poignée de « missions » changeant des habitudes, assez proches de défis ponctuels. Toujours sympa.
Le reste on connaît, ce qui n’empêche pas de très vite ne plus savoir où donner de la tête tant les icônes spamment plus rapidement sur la map que dans une progression Ubisoft. Courses en multiples formats et selon le terrain (sans oublier les épreuves mixtes, celles qui changent l’heure de la journée voire imposent des conditions météorologiques, ou encore quand la circulation devient le principal problème), les radars, les zones de drift, les tremplins, les garages à acheter, les défis rivaux, les rassemblements toujours aussi classes en terme de mise en scène, les panneaux à xp… Le tout naturellement englobé dans le online qui n’est évidemment pas obligatoire mais permet de voir circuler d’autres joueurs et lancer des convoi en quelques clics pour s’adonner à des espèces de mini-jeux, faire des courses en coop, lancer des championnats temporaires ou tout simplement des sessions classiques où s’enchaînent diverses courses et le retour des épreuves en arènes. Sur ce dernier point, on retrouve la totale (Infection, Roi, Capture de Drapeau…) jusqu’au retour du simili Battle Royale. Tout y est, jusqu’à la boucle saisonnière ici entre tempêtes de sable et chaos orageux, et même pour la première fois le don de voiture à un pote dans le besoin.
Depuis ses débuts ou plus particulièrement le deuxième épisode, Forza Horizon a toujours eu ce don d’être chronophage et de pouvoir plaire jusqu’aux réfractaires du jeu de courses par son rythme effréné où le joueur est abreuvé d’argent, d’expérience et de distinctions pour gratter des bonus pour son véhicule et surtout en acheter d’autres quand on ne les gagne pas directement à la roulette (plus de 500 bolides au programme répartis dans plusieurs catégories, avec toujours des skins de communauté à créer/télécharger). On ne trouve pas le même mérite que dans certains titres où il faut suer pour obtenir l’un des St Graal vu qu’on nous déroule très vite le tapis rouge vers des véhicules dont vos PEL ne suffiraient même pas à acheter une option, ce qui n’empêche pas de trouver un petit plaisir en se tournant parfois vers les petites cacahuètes, déjà parce que obligatoires pour certaines épreuves, mais aussi parce que rien ne vous empêche de leur rendre hommage en créant vos propres circuits à partager via l’EventLab qui laisse libre court à votre imagination, jusqu’à pouvoir créer des trucs sans rapport avec des courses comme faire mumuse avec un ballon. Tout y est encore une fois.
On en viendrait à oublier de parler du feeling qui reste de toute manière toujours aussi excellent en terme de sensation, laissant le joueur modifier les curseurs entre de l’arcade avec assistance très poussée jusqu’à quelque chose de « plus simu » sans non plus entrer dans le terrain des Motorsport. Comme à chaque épisode, jouez simplement comme vous voulez mais prenez juste en compte que moins vous cocherez d’aide, plus le gain d’argent sera élevé. On serait tenté de le considérer comme l’épisode parfait si deux des qualités de Forza Horizon 3, supprimées dans le 4, répondaient une nouvelle fois aux abonnés absents. La radio Spotify, c’était quand même cool pour les abonnés, et surtout, la fonction Club reste une nouvelle fois affiliée au dashboard et si ça fait parfaitement le taf en terme d’options, on regrettera toujours le menu du 3 qui poussait l’aspect compétition entre les différents membres par un classement hebdomadaire en temps réel, motivant à enchaîner les sessions jusqu’à tard dans la nuit pour gratter quelques places.