Gaec Ar Gwazh, Bouvron, Loire-Atlantique – Aurélie Michel : « Si on ne nous écoute pas, on va parler plus fort » – Juridique, fiscal et social


26 % des agriculteurs sont des agricultrices. En cette journée internationale des droits des femmes, zoom sur l’une d’entre elles, Aurélie Michel, éleveuse et élue syndicale. L’heure n’est plus vraiment aux revendications sur le statut des femmes en agriculture et celles-ci ont toute légitimité pour représenter la profession aux côtés de leurs confrères.

Le féminisme tranquille. C’est peut-être un des qualificatifs qui pourraient s’appliquer au travail d’Aurélie Michel, éleveuse en Loire-Atlantique et vice-présidente de la FNSEA 44. Pas vraiment le genre à brandir des slogans, Aurélie, plutôt à occuper sa place calmement mais avec conviction. En 2008, elle s’installe avec son mari. « Le même jour pour tous les deux », se souvient-elle, avant de reconnaître que cela aurait peut-être été plus facile en décalé. « Mais c’est comme ça, c’est fait. »

Ni l’un, ni l’autre ne sont issus du milieu agricole. Aurélie a fait des études horticoles pour obtenir un CAP de fleuriste. Matthias, son mari, a étudié l’agriculture à l’Esa d’Angers, avant de travailler au service de remplacement.

Une part et demi

En 2008, Aurélie est indécise. Mais elle vient de terminer un contrat, elle est enceinte et l’envie de s’installer en élevage prend le dessus. « Je me suis embarquée dans le projet », raconte-t-elle. Le couple décide de reprendre une exploitation laitière à Bouvron (Loire-Atlantique), en EARL.

« À cette époque, le Gaec entre époux n’était pas possible », rappelle Aurélie. Or, en EARL, un couple représente une part et demi. « Je ne sais pas qui de mon mari ou de moi représentait le 0,5 », commente-t-elle, mi-moqueuse, mi-agacée. Et même si elle précise que dans son couple, « ce n’était pas un sujet », son mari et elle ont été contents de pouvoir convertir l’EARL en Gaec lorsque c’est devenu possible. « Contents, l’un et l’autre, d’être à égalité de statuts. »

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Aujourd’hui, l’exploitation produit presque 600 000 litres de lait avec 65 vaches en trois voies : Prim’holstein, Brune des Alpes et Rouge scandinave. Récemment, un petit atelier allaitant est venu compléter la production principale. Une douzaine de vaches Hereford ont rejoint l’élevage, avec un objectif de production à terme de 20 animaux par an. « Pour valoriser le pâturage avec une race rustique et ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier », explique Aurélie.

Être agricultrice aujourd’hui

Quant à l’installation en elle-même, être une femme n’a rien changé. « C’est plutôt le fait de ne pas être issue du milieu agricole, qui a compliqué les choses », admet-elle.

Au quotidien, l’effet des précédentes luttes pour l’égalité est palpable. Par exemple, les agricultrices se sont battues pour avoir un congé maternité équivalent à celui des salariées. De même pour le congé paternité. « On n’est pas si mal loties », analyse-t-elle.

Quant à l’aspect physique du métier d’éleveur, le nouveau matériel réduit les écarts. « Dans la stabulation, nous avons plus de passages d’homme, l’ensilage est repoussé au tracteur, nous utilisons un taxi à lait, une vêleuse, une brouette pour transporter les veaux…, précise Aurélie. Et avec les vaches, il faut être plus maligne qu’elles et avoir un bon matériel de contention. »

« C’était chouette »

En 2016, Aurélie entre au conseil d’administration des JA. « On est venu me chercher, dit-elle mais j’y suis allée volontiers et avec plaisir ». Adhérente depuis son installation, elle apprécie « de voir le syndicat de l’intérieur et la rencontre avec d’autres agriculteurs ». Elle devient ensuite secrétaire générale en 2018 et présidente en 2020. « Pour la présidence, on m’a un peu poussée, reconnaît-elle, et heureusement que j’avais été secrétaire générale avant parce que c’est quand même un poste à responsabilités. » Mais elle ne regrette pas de s’être embarquée dans l’aventure. En plein confinement, elle s’est attachée à maintenir l’activité et les liens entre les adhérents. « C’était chouette », se souvient-elle.

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Des JA à la FNSEA

« Grâce à l’engagement syndical, on peut prendre l’air, partager, se rendre compte qu’on n’est pas seuls à défendre le métier d’éleveur », souligne Aurélie. À l’issue de son mandat de présidente des JA, elle passe à la FNSEA 44, dont elle est élue vice-présidente en 2023. « J’ai l’impression d’être utile », explique-t-elle.

Et sur sa légitimité à être agricultrice et élue syndicale, Aurélie ne s’est jamais posé de question : c’est une évidence. « Les femmes apportent un point de vue différent, elles ont tendance à nuancer le débat, expose-t-elle. Et ceux qui ne sont pas contents, tant pis. » Et si elle rappelle que les générations précédentes se sont battues pour une égalité de statut, jusqu’à la possibilité d’être en Gaec entre époux, aujourd’hui, pour elle, « ce n’est plus un sujet ».

Se faire traiter d’emmerdeuse

« Nous arrivons avec nos dossiers et nos compétences, détaille-t-elle. Nous représentons les agriculteurs de manière professionnelle. » Et s’il y a une différence d’approche, c’est plutôt dans le fait de « se mettre un peu plus la pression, de ne pas arriver en réunion sans notes, sans quelque chose qui rassure. »

C’est plutôt dans les réactions des uns et des autres que les différences se font encore sentir. « On se fait traiter d’emmerdeuse parce qu’on a réclamé ou donné notre avis, alors que ça passe tout seul quand un homme dit la même chose », pointe Aurélie. « Mais peu importe, conclut-elle. Si on ne nous écoute pas, à un moment donné, on va parler plus fort, donc on va nous écouter. »

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