Le Datura gagne du terrain : on en retrouve désormais jusqu’en Normandie. Très toxique, il est important de connaitre la plante pour savoir la détecter et s’en débarrasser.
Le datura stramonium est une adventice annuelle, de la famille des solanacées, devenue un vraie fléau des cultures d’été. Si cette plante est présente dans le sud depuis de nombreuses années, on la retrouve aujourd’hui quasiment partout, même dans l’Orne où elle a été détectée en 2020.
Le datura contient des alcaloïdes très toxiques pour l’Homme et les animaux (et pas seulement dans la sève, les tiges et feuilles en contiennent aussi). Ils agissent sur le système nerveux et peuvent causer des troubles importants pouvant conduire jusqu’à la mort. Chez les vaches, on parle de 0,5 g/kg de poids vif pour une dose létale.
Le Datura : pas seulement dans le maïs
Si on associe principalement le datura au maïs, on peut aussi en trouver dans d’autres cultures. « Soja, tournesol, sorgho, mais aussi dans les chaumes de céréales et dans les prairies », détaille Sylvie Nicolier, ingénieur régional Arvalis. Il se plait surtout dans les zones claires : fourrières, passage d’enrouleur, dans les talus… » Si une vache ne consomme pas la plante sur pied en raison de son odeur répulsive, c’est dans les fourrages conservés (ensilage de maïs et récolte d’herbe) que le danger est présent. Et le foin n’est pas épargné non plus puisque même sèche, la plante contient toujours ses alcaloïdes.
Le datura s’adapte très bien à son environnement et peut devenir très invasif avec une production de 5 000 graines par plant. « Ses graines vivent de nombreuses années dans le sol, avec une grande persistance. Les matériels de travail du sol et de récolte favorisent la contamination des parcelles en les transportant, il faut donc bien les nettoyer. » Le labour a notamment tendance à diluer les graines dans le sol et échelonner les levées.
Que faire pour s’en débarrasser ?
La priorité est de ne pas laisser la plante monter à graine : au moindre pied, il faut l’arracher (en prenant toutes les précautions nécessaires, notamment en portant des gants). « Dans notre secteur dans l’Orne, la plupart des agriculteurs qui en ont constaté dans leurs parcelles s’en sont occupés et n’en ont pas revu ensuite, preuve que ça peut être géré », rassure Emilie Turmeau, conseillère en élevage pour Elvup.
Cette dernière ne se veut pas alarmiste : « En ouvrant l’œil, on peut tous agir. Ce qui m’inquiète le plus ce sont les particuliers car certains la cultivent comme plante ornementale (alors même qu’elle est dangereuse pour l’Homme) et augmentent ainsi le risque de propagation. »
Les désherbages fonctionnent, mais la plante est d’autant plus difficile à contrôler que sa levée est échelonnée dans le temps : « On en a vu des pieds à l’automne et même fleuris au mois de février alors que la plante germe d’avril à septembre normalement », explique Emilie Turmeau. La solution la plus efficace est donc de passer dans les parcelles pour arracher les pieds.
Plusieurs entreprises se sont spécialisées dans la détection des plantes par drone. Cela fonctionne aussi pour le datura. « Ça se fait surtout sur des cultures à forte valeur ajoutée car cela représente un certain coût, mais un éleveur qui n’aurait pas le temps d’inspecter ses parcelles de maïs a tout intérêt à y faire appel plutôt que d’être contraint par la suite de jeter un silo entier contaminé », estime Sylvie Nicolier.
Silo contaminé par le Datura : ne pas consommer
Il est vraiment très important de faire le tour des parcelles de façon régulière pour arracher les jeunes plantes et les exporter en dehors de la parcelle. Ensuite, en cas de suspicion de contamination du fourrage, mieux vaut le faire analyser.
« Si les alcaloïdes sont présents dans le silo, il est préférable de ne pas le consommer, affirme l’experte d’Arvalis. En fonction de la concentration, la dose ne sera pas forcément létale en une seule prise, mais la contamination du troupeau peut se faire sur la durée et avoir de grosses conséquences. »