Formes en émoi | Beaux Arts



Un petit cercle rouge de colère, un losange jaune tout sourire, un oblong serein au nez pointu, un nuage molletonné au regard mesquin… Ces quatre figures, à la fois formes et visages, se succèdent dans le film d’animation Apparition des figures standards sur fond de bruitages assourdissants. Lumière stroboscopique, images vibrantes et saccadées, bruits répétitifs et décousus, les presque onze minutes de visionnage ont de quoi donner le vertige.

Martin Martinie, artiste étudiant diplômé du Fresnoy en 2021, cherche à déconstruire graphiquement et narrativement les éléments récurrents de notre espace visuel. C’est ce qu’il fait ici en s’attaquant aux émoticônes, ces petits pictogrammes qui traduisent des sentiments humains. Il joue de la tension entre mouvement et fixité pour défaire les émotions, les secoue et les malmène jusqu’à ce qu’il n’en reste rien.

Fureur, joie, calme ou malice, les « figures standards » incarnent dans un langage universel des émotions qui le sont tout autant. Et permettent par ailleurs au jeune réalisateur de souligner la persistance des hommes en toute chose. Les émoticônes deviennent alors des icônes mystiques ou métaphysiques : les petits dessins si légers et si naïfs nous renvoient d’un simple regard à ce qui nous est le plus chevillé au corps, nos affects et nos sentiments.

Apparition des figures standards, Martin Martinie, 2021, 11 minutes.



Source link

Lire aussi article :  Pierre Bal-Blanc au Palais de Tokyo : « La performance peut se dissoudre et être furtive, en résistance »