Pour tout amoureux de l’art et de la Toscane, c’est un rêve éveillé : l’ancienne résidence de la belle-famille de Lisa Gherardini (1479–1542), femme de la noblesse féodale italienne qui posa en 1503–1506 pour la Joconde de Léonard de Vinci, est actuellement à vendre. L’exception a évidemment un prix : l’agence Sotheby’s International Realty, spécialisée dans l’immobilier de luxe, en demande 18 millions d’euros. En 2016, elle avait déjà été mise en vente au prix de 10 millions d’euros par la famille Bini, qui la possédait depuis 1960…
Située via delle Prata à Scandicci, en pleine campagne toscane, cette villa est entourée d’un paysage idyllique composé de collines verdoyantes, de vignes, de pins et de cyprès élancés, sur fond de montagnes bleutées. Une longue allée bordée de cyprès mène à sa façade abricot surmontée d’une horloge et d’une cloche, et à sa porte d’entrée abritée sous un grand porche à colonnades de type loggia.
Elle a appartenu à la famille du commanditaire du tableau
Le plus célèbre portrait du monde, qui attire chaque année au Louvre des millions de visiteurs, fut commandé à Léonard par le mari de Lisa, le marchand d’étoffes et homme politique florentin Francesco del Giocondo, dont la famille habitait cette propriété au XVIe siècle – ce qui laisse imaginer que la Joconde, qui vivait à Florence, à quelques kilomètres de là, a pu y séjourner ou s’y rendre en visite.
Le salon de la villa datant du XVIe siècle avec son plafond peint
Courtesy Sotheby’s International Realty
Jadis nommée Villa Monna Lisa, cette demeure construite en 1300 avait d’abord appartenu au juriste florentin Baldo d’Agugliano (mort en 1314), qui avait condamné le poète Dante à l’exil. Elle porte aujourd’hui le nom de Villa Antinori di Monte Aguglioni, d’après la famille Antinori, qui y produisit du Chianti et fut sa propriétaire de 1928 à 1960.
Un terrain de 300 000 m2, 14 chambres, 15 salles de bains…
La maison veille sur un superbe terrain de 300 000 mètres carrés comprenant un jardin conçu par l’architecte paysagiste britannique Cecil Pinsent (1884–1963) – spécialisé dans les jardins toscans d’esprit XVIe siècle entre 1909 et 1939 – avec bassin à nymphéas, buis taillés, citronniers en pots, sculptures en pierre, parterres de fleurs symétriques et rosiers. Sur le domaine se trouvent également une piscine, des oliveraies, un court de tennis et une petite forêt, ainsi que plusieurs dépendances, dont la maison du gardien, des bâtiments à usage agricole et une chapelle privée polygonale.
Cette villa de trois étages et 2 800 mètres carrés comporte plusieurs salons à plafonds voûtés ou décorés dans le style Renaissance, pas moins de 14 chambres, dont une avec véranda panoramique en fer ancien, 15 salles de bains, des cuisines, une bibliothèque, une salle de fitness et une terrasse panoramique offrant une vue sublime sur la plaine de Florence.
Le salon avec son balcon principal donnant sur les 27 hectares de jardin
Courtesy Sotheby’s International Realty
La maison doit son aspect actuel à d’importants travaux de restauration réalisés dans les années 1920 par l’architecte Egisto Paolo Fabbri, collectionneur de Cézanne, à la demande de sa sœur, la marquise Nathalie Antinori, alors propriétaire des lieux. Elle fut à nouveau restaurée après des dégâts dus à des bombardements alliés en 1944. Que la Joconde y ait ou non séjourné, ce bien d’exception promet, à qui aura les moyens de se l’offrir, le summum de la dolce vita !