Le futur design intérieur de Notre-Dame de Paris, qui a partiellement brûlé en 2019, devrait être connu ce jeudi dans ses grandes lignes.
Ni révolutionnaire, ni refait à l’identique mais modernisé à grand renfort d’art contemporain: le futur design intérieur de Notre-Dame de Paris, qui a partiellement brûlé en 2019, devrait être connu jeudi dans ses grandes lignes. Une vingtaine d’experts du patrimoine et des monuments historiques doivent se rassembler dès 09H30 au sein de la Commission nationale du patrimoine et de l’architecture (CNPA) pour assister à la présentation par le clergé de cette rénovation très attendue. Un vote est prévu à la mi-journée à l’issue d’une délibération à huis clos.
À lire aussiNotre-Dame de Paris: «Ce que l’incendie a épargné, le diocèse veut le détruire»
Le diocèse entend profiter de la restauration de la célèbre cathédrale gothique, ravagée le 15 avril 2019 par un gigantesque incendie qui avait bouleversé le monde entier, pour lui offrir une nouvelle jeunesse, avant sa réouverture prévue en 2024. Tout ce qui touche à Notre-Dame, admirée par 12 millions de visiteurs chaque année, fait parler hors de France. La presse étrangère a évoqué un nouveau «Disneyland politiquement correct» (The Telegraph). Car des artistes contemporains comme le père français de l’art urbain Ernest Pignon-Ernest, les artistes Anselm Kiefer ou Louise Bourgeois pourraient y voir leurs œuvres «dialoguer» avec celles de maîtres anciens comme les frères Le Nain ou Charles Le Brun, selon Le Monde. Une information confirmée à l’AFP «à titre d’exemples» par le ministère de la Culture, qui n’y est «pas du tout opposé». Lumière à hauteur de visage, bancs à roulettes dotés de luminions pour remplacer les chaises séculaires, font également partie du projet.
Un projet où «la niaiserie le dispute au kitsch»
De telles propositions «dénature(nt) entièrement le décor et l’espace liturgique», étrillent une centaine de personnalités, dont l’animateur Stéphane Bern ou le philosophe Alain Finkielkraut, dans une tribune publiée mercredi dans nos colonnes. «Respectons l’œuvre de Viollet-le-Duc, respectons le travail des artistes et des artisans qui ont œuvré pour nous offrir ce joyau», ajoutent-ils, dénonçant un projet où selon eux «bien souvent la niaiserie le dispute au kitsch».
La CNPA doit avant tout examiner s’il respecte «les lois du patrimoine» et la «réversibilité» (de certains choix), insiste le sénateur Albéric de Montgolfier, qui la préside. Il salue les «nombreux rapprochements» intervenus depuis le début du projet il y a deux ans et demi entre «des visions qui pouvaient s’opposer», concernant le parcours déambulatoire ou l’éclairage.
À lire aussiLe projet d’aménagement intérieur de Notre-Dame prend forme
Au menu du renouveau annoncé: un parcours aéré pour touristes et fidèles du monde entier autour d’un axe central épuré, de la nef au chœur, qui accueille 2.400 offices et 150 concerts annuels avec un «nettoyage en profondeur» des 14 chapelles, déjà très délabrées avant l’incendie. Ce nettoyage devrait permettre de redécouvrir les «Mays», grands tableaux d’autel commandés chaque année à de grands artistes, entre 1630 et 1707, par la corporation des orfèvres qui les offrait à la cathédrale.
Conservateur général honoraire du patrimoine et grand ami du peintre français Pierre Soulages, Alfred Pacquement est partisan d’un renouveau «qui respecte l’architecture, l’histoire et le caractère sacré» de l’édifice religieux. Mais il «trouverait dommage que rien ne change», dit-il à l’AFP. Chargé du projet dans ses moindres détails, le père Drouin assure qu’il s’agit de «mieux accueillir» le public dans «le respect du culte». Il s’en tient à des solutions fonctionnelles, pragmatiques et didactiques comme le fait de projeter sur les murs des phrases bibliques ou de tradition spirituelle chrétienne en plusieurs langues.