Dans le vignoble de Gaillac – Des récoltes amputées par le mildiou – Grandes cultures, Alimentation et agroalimentaire


« Sur certaines parcelles, c’est 100 % de pertes » : feuilles de vigne tachées et raisins desséchés, le mildiou, causé par des épisodes pluvieux associés à la chaleur, met en péril les récoltes dans le vignoble de Gaillac alors que les vendanges vont débuter.

« J’exploite depuis 1995, ça va faire bientôt 30 ans et je n’ai jamais vu ça », confie Pascal Pelissou, 51 ans, vigneron à Brens, dans le Tarn. Entre ses mains, une grappe de raisin ravagée par cette maladie due à de minuscules champignons. Sur son exploitation de 40 hectares, « la pression du mildiou a été tellement forte » que « 100 % des parcelles ont été touchées, à des degrés différents ». Sur le Merlot, « c’est 100 % de pertes » et même les quelques grappes épargnées « ne vaudront pas le coup d’être ramassées car elles ne couvriront pas les frais de récolte », détaille-t-il, arrachant les feuilles jaunâtres, signe de la présence du parasite.

Cédric Carcenac, président de la Maison des vins de Gaillac, évalue à 30 % les pertes globales de récoltes sur le vignoble, mais « ça peut encore monter, on n’est pas à l’abri, pour plusieurs raisons comme la sécheresse qui va nous rattraper au mois d’août », ajoute-t-il.

Moins 30 % de chiffre d’affaires

La maladie, qui a également durement touché le Bordelais, s’est développé à Gaillac lors des forts épisodes pluvieux de juin. « En volume, on était à plus du double de pluies par rapport à une année normale et avec des températures élevées », explique à l’AFP Thierry Massol, conseiller viticole à la chambre d’agriculture du Tarn, venu constater les dégâts dans la vigne de Pascal Pelissou. « Mais c’est très hétérogène », relativise-t-il, après une matinée à rencontrer les vignerons gaillacois : « j’en ai certains qui vont avoir perdu 80 % de leurs récoltes, d’autres vont peut-être faire une très belle année ».

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À 20 kilomètres de là, à Rabastens, Roland Legrand a perdu un hectare sur les 50 de son vignoble, notamment du mauzac, cépage blanc très présent sur le gaillacois. « C’est un cépage sensible et la particularité est que la maladie arrive d’abord sur les grappes et après sur les feuilles, ce qui la rend plus difficile à détecter », explique-t-il. Une situation qui inquiète le vigneron de 38 ans, car « c’est 30 % de chiffre d’affaires en moins, pour des charges supérieures du fait qu’il a fallu traiter davantage ».

« Alors, qui va prendre en charge les coûts de la perte de récolte ? Les assureurs nous disent qu’ils ne peuvent pas. Donc qui? », interroge le vigneron. En juillet, la fédération des assureurs a annoncé que les pertes causées par le mildiou n’étaient pas couvertes par le contrat multirisques climatiques, qui exclut les dommages causés par les maladies. Il couvre seulement les dommages directs causés par l’excès d’eau ou d’humidité, alors que le développement du mildiou s’explique, selon les assureurs, par une « alternance de pluies et de chaleur ».

Indemniser les dégâts ?

Dans une interview au site Vitisphere publiée début août, le ministre de l’agriculture, Marc Fesneau, avait déclaré « travailler sur des mesures classiques (exonérations de charges, mesures sur les taxes sur le foncier non bâti…) ». « Il y a un enjeu, celui de démontrer que cet évènement (du mildiou) est le produit d’un aléa climatique, ce que les assureurs se refusent à faire », avait-il ajouté.

À Brens, Pascal Pelissou pense que « le fait de cumuler des aléas depuis trois ans, soit le gel en 2021 et la sécheresse l’année dernière » ne pousse pas les assurances à vouloir indemniser ces épisodes de forte présence du mildiou. « Nous, on aimerait bien que ce soit assuré car c’est quand même dû à un événement climatique », ajoute-t-il. À ses côtés, Thierry Massol, confirme qu’assurer le mildiou serait « une solution » pour pallier le changement climatique « très présent dans notre vignoble ».

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D’après le service statistique du ministère de l’agriculture, Agreste, « la production viticole se situerait en 2023 entre 44 et 47 millions d’hectolitres, au niveau de la moyenne » des années 2018 à 2022. Mais ces prévisions, selon la même source, « sont provisoires au regard de l’incertitude entourant les conséquences des attaques de mildiou dans les vignobles du Bordelais et du Sud-Ouest ».



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