Conservation : ces dangers qui guettent les œuvres d’art


Parmi les œuvres exposées dans les musées, il en est de plus fragiles que d’autres. Vous viennent sûrement à l’esprit d’immenses tableaux vieux de plusieurs siècles… Raté ! Les pièces les plus délicates à conserver appartiennent au registre des arts graphiques, qui englobe les dessins, estampes et toute œuvre sur papier, tirages photographiques compris. Au même rang se hissent les matières textiles, de la tapisserie aux costumes de mode.

Un dessin de Gustav Klimt et un chapeau en feutre ont le même ennemi : la lumière ! Ses rayons constituent un facteur important de dégradation des matériaux organiques (rappelons que la pâte à papier est constituée de fibres de cellulose issues du bois). Même s’il existe de nos jours des moyens de protéger les œuvres graphiques ou textiles avec des LED moins agressives ou des verres anti-UV, la règle chez les conservateurs de musées est de ne pas les exposer plus de trois mois à une lumière de 50 lux au maximum ; puis, à l’issue de l’accrochage, de laisser les spécimens dans le noir pour se « reposer ».

Gérer le taux d’humidité

Maurice Quentin de la Tour, Autoportrait

Maurice Quentin de la Tour, Autoportrait, XVIIIe siècle

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Pastel sur papier • 27 × 17 cm • Coll. musée du Louvre, Paris • © Bridgeman Images

Le papier, le cuir, le bois ou les fibres naturelles sont également très sensibles à l’humidité : un climat trop sec peut provoquer des éclatements et des pertes de matière ; un air trop humide génère des déformations et concourt au développement de mycélium (moisissures)… L’une des hantises des conservateurs et des restaurateurs d’œuvres pastels, médium qui a la particularité d’être poudreux et velouté.

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Pour éviter les catastrophes, on maintient le taux d’humidité dans les salles et les réserves de musées entre 45 et 55 %. Bien entendu, tous les matériaux ne se comportent pas de la même manière ; ainsi les métaux doivent être conservés dans un environnement un peu plus sec pour éviter la corrosion. Les insectes, vrillettes xylophages (qui se nourrissent du bois), poissons d’argent (papier, tissu) ou mites kératophages (cuir, tissu, poils, fourrures, …) incarnent également un danger pour les œuvres.

Les cas particuliers

Pour l’art contemporain, qui ne manque pas d’explorer des matériaux divers, des protocoles sont aussi prévus. Comment garder la fraîcheur de la viande de bœuf crue (de la bavette) ayant servi à Jana Sterbak en 1987 pour confectionner Vanitas : robe de chair pour albinos anorexique ?

Jana Sterbak, Vanitas : robe de chair pour albinos anorexique

Jana Sterbak, Vanitas : robe de chair pour albinos anorexique, 1987

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Viande de bœuf crue cousue sur mannequin en métal, photographie couleur • H 155 cm • Coll. Centre Pompidou, Paris

Lorsqu’une œuvre aux matériaux instables entre dans la collection d’un musée, celle-ci est généralement accompagnée d’une documentation très détaillée qui va permettre de conserver son intégrité. Ainsi, séchée et salée afin d’être préservée le plus longtemps possible, la robe de Sterbak est parfois recréée avec de la viande fraîche pour des expositions, selon les instructions consignées par l’artiste. C’est aussi le cas d’autres œuvres utilisant des aliments ou des matières organiques, réactivées avec des matériaux similaires à chaque exposition.



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