Si la loi Egalim prévoit des objectifs quantitatifs en matière de produits durables, bio et de qualité dans la restauration collective, force est de constater que ceux-ci ne sont ni atteints ni même connus. Le 2 avril, la Conférence des solutions va œuvrer pour accélérer cette dynamique qui doit permettre, en parallèle, de soutenir et structurer des filières agricoles.
Certes, les taux de produits durables et de qualité, et de produits issus de l’agriculture biologique sont en progression dans la restauration collective, mais le secteur reste encore loin des objectifs fixés par la loi Egalim, à savoir mettre globalement 50 % de ces produits dans les assiettes dont 20 % en bio, et 60 % pour les viandes et les poissons (ce dernier taux est fixé à 100 % pour les établissements gérés par l’Etat, depuis le 1er janvier 2024).
Ainsi, le rapport parlementaire sur l’application de la loi Egalim estime à 27,5 % de produits durables et de qualité dans la restauration collective en 2022, dont 13,1 % de bio soit une progression de 4,5 % par rapport à l’année 2021. C’est au sein des cantines de l’administration que le taux est le plus élevé, avec plus de 35 % de produits durables et de qualité en 2022 et 2023.
Identifier des leviers et « pousser des curseurs »
Face à ce constat, une « Conférence des solutions » est organisée le 2 avril au ministère de l’agriculture, sous l’égide de Marc Fesneau et de sa ministre déléguée, Agnès Pannier-Runacher. « L’enjeu est de faire connaitre ces obligations pas forcément très bien connues, et de pousser des curseurs pas encore assez atteints », a indiqué le cabinet des ministres en amont de l’évènement.
Aujourd’hui, seulement 5 000 sites de restauration collective sur les 80 000 qui existent en France remplissent et complètent l’origine de leur approvisionnement sur le site Ma Cantine. Une charte est en cours d’élaboration pour engager davantage d’entreprises dans cette démarche de progrès, le site étant également un outil riche en conseils et guides d’achat pour les orienter vers cet approvisionnement plus durable.
La présence de la ministre des collectivités, Dominique Faure, sera également l’occasion de « lancer un grand appel aux collectivités pour qu’elles prennent leurs responsabilités et se mettent dans les clous de la loi Egalim, afin de redonner de la valeur à l’alimentation », espère le ministère de l’agriculture. Pour y parvenir, il faudra néanmoins « faire sauter le plafond de verre » du repas limité à 2 ou 3 euros par jour par convive, explique le cabinet.
En parallèle, le cas particulier du secteur médico-social, où le taux de produits Egalim est le plus bas (autour de 15 %), sera abordé lors d’une table-ronde spécifique.
La Conférence se veut également une réponse à certaines revendications portées lors des mobilisations agricoles. « On observe aussi qu’aujourd’hui, la restauration collective est un levier majeur pour le monde agricole, afin de soutenir et structurer dans la durée des filières », rappelle ainsi le cabinet.
Au niveau européen, l’initiative Egalim a été défendue par la France auprès de la Commission qui a accepté que le sujet de la commande publique soit ouvert afin de pouvoir orienter, au niveau national, en faveur d’achats de proximité et d’achats locaux.