1. Le surnaturel de Shine Shivan à la galerie Felix Frachon
Installée depuis 2016 à Ixelles, en Belgique, la galerie Felix Frachon a choisi d’axer sa sélection sur trois plasticiens, dont deux Français – Marianne Aublet (née en 1948) et Jimmy Ruf (né en 1980) – et un dessinateur indien, Shine Shivan (né en 1981), découverte à ne surtout pas manquer. L’artiste travaille sur de grandes feuilles de papier traditionnel indien à l’encre, au fusain… Pour donner vie à d’ambitieuses compositions, où apparaissent hommes, animaux et créatures surnaturelles, et où fusionnent ses différentes influences, entre art indien et occidental, mythologie ancienne et violence contemporaine.
2. Le textile sculptural de Vanessa Barragão chez This Is Not A White Cube
C’est une galerie à deux racines, l’une plantée à Lisbonne, au Portugal, et l’autre à Luanda, en Angola : This Is Not A White Cube présente sur son stand deux artistes femmes, Manuela Pimentel (née en 1979) et Vanessa Barragão (née en 1992). La plus jeune des deux a parfaitement saisi l’air du temps puisqu’elle travaille à partir de laine récupérée, qu’elle sublime au sein d’imposantes sculptures multicolores. Héritière de savoir-faire ancestraux comme d’artistes contemporaines telles que Sheila Hicks ou Magdalena Abakanowicz, la Portugaise manie aussi bien le crochet et la broderie que le tissage et le macramé, et s’inspire des fonds marins (elle veut alerter sur leur dégradation) pour concevoir des paysages textiles, bluffants de maîtrise. Canon.
3. Les peintures rêveuses de Raffael Bader à la Enari Gallery
Toute nouvelle – elle a été créée en novembre 2022 ! –, la Enari Gallery arrive d’Amsterdam avec deux peintres dans ses valises : Thomas Mau (né en 1978) et Raffael Bader (né en 1987). Ce dernier, originaire de Leipzig, est l’auteur de peintures à l’huile subtiles, entre figuration et abstraction, représentant des montagnes, des nuages, des canyons, de la neige, des étendues d’eau… Chaque toile est un troublant mirage où les couleurs s’évaporent, frottées, translucides, et où les formes sont saisies en pleine métamorphose, telles des volutes de fumée. Des évasions silencieuses, qui touchent au cœur.
4. Les collages de Damir Očko à la galerie Gaep
Venue de Bucarest, où elle est implantée dans un espace tout en voûtes et en briques, la galerie Gaep se propose de confronter les travaux du Roumain Mircea Stănescu (né en 1954) et du Croate Damir Očko (né en 1977). Ce dernier avait vu ses vidéos diffusées en 2012 au Palais de Tokyo (qui le présentait alors comme « l’un des artistes croates les plus prometteurs de sa génération »), puis en 2018 au Jeu de Paume, et montre ici un travail de collage qui poursuit ses réflexions autour du pouvoir politique et du langage. Dont un très beau portrait de 2017, visage noir et blanc aux yeux fermés mais maquillés pour sembler ouverts, la bouche barrée d’un flot de lettres et d’une langue de serpent… Image stupéfiante d’un somnambulisme bavard.
5. Les installations photographiques de Lucile Boiron à la galerie Hors-Cadre
Fondée en 2018 à Paris, la galerie Hors-Cadre retient notre attention avec son accrochage d’œuvres de Clara Imbert (née en 1994), de Mathieu Merlet Briand (né en 1990) et de Lucile Boiron (née en 1990). Cette dernière poursuit depuis plusieurs années un très beau travail photographique autour du corps, ses plis et ses ombres, qu’elle développe aujourd’hui sous la forme d’installations en trois dimensions – notamment vues à la dernière Biennale de Lyon, où elles figuraient parmi les œuvres les plus frappantes du musée Guimet. Avec ses extensions ondulantes et plastiques de photographies de peaux fripées et de veines apparentes, Lucile Boiron réussit à manier la fameuse ambivalence attraction-répulsion, et à sublimer ce que chacun préfère cacher…
Du 30 mars 2023 au 2 avril 2023
Grand Palais Éphémère • 2 Place Joffre • 75007 Paris
www.grandpalais.fr