Deux jours avant les législatives allemandes, des milliers de défenseurs du climat, menés par Greta Thunberg, comptent mettre la pression sur les candidats en manifestant vendredi 24 septembre dans tout le pays pour réclamer des mesures décisives contre le réchauffement.
À lire aussiInondations: la Vesdre et ses affluents ont semé la désolation dans toute la vallée
Durant la campagne électorale, «les partis politiques n’ont pas pris suffisamment la mesure de la catastrophe» climatique, a fustigé Luisa Neubauer, responsable en Allemagne du mouvement «Fridays for future», dans un entretien à l’AFP. «Le grand changement ne sera possible que si nous mettons la pression dans la rue (…) si nous défions les partis politiques en disant «maintenant il n’y a plus d’excuses», a-t-elle ajouté, assurant que ces élections étaient «extrêmement importantes» car elles «fixeront le cours des choses» pour les prochaines décennies.
«Fridays for future», lancé en 2018 et devenu la tribune de la jeune «génération climat», organise vendredi sa 8e «grève» dans plus de 70 pays, avec 470 mobilisations prévues en Allemagne. Figure du mouvement, la militante suédoise Greta Thunberg doit s’exprimer en début d’après-midi devant le Reichstag, où siègent les députés allemands.
Dans la dernière ligne droite avant les législatives, les sondages prédisent un match serré entre les sociaux-démocrates en tête avec 25% des intentions de vote et le camp conservateur (CDU/CSU) remonté à 23% selon un dernier sondage Civey jeudi. Les Verts, à l’issue d’une campagne jugée décevante, obtiendraient quant à eux 15% des intentions de vote en s’adjugeant la troisième place, devant le parti libéral (12%). Au moment où les militants écologistes descendront dans la rue, les trois principaux candidats à la chancellerie entameront leurs dernières réunions de campagne à 48 heures d’un scrutin décisif et dont les résultats seront scrutés dans toute l’Europe.
À lire aussiAllemagne: le coup de pouce d’Angela Merkel à Armin Laschet
Le candidat en difficulté des conservateurs, Armin Laschet, est attendu à Munich aux côtés de la chancelière Angela Merkel en passe de quitter la scène politique après 16 années au pouvoir de la première économie européenne. Après s’être tenue en retrait de la campagne, la dirigeante ne ménage plus ses efforts depuis un mois pour soutenir un Armin Laschet peu populaire et qui a multiplié les faux pas. Elle sera d’ailleurs encore à ses côtés samedi pour un tout dernier rassemblement dans le fief d’Armin Laschet, à Aix-la-Chapelle.
De son côté, le social-démocrate Olaf Scholz, ministre des Finances et vice-chancelier du gouvernement sortant, doit s’exprimer vendredi à Cologne avant un ultime déplacement, samedi, dans la circonscription de Potsdam où il brigue un mandat de député. La Verte Annalena Baerbock sera quant à elle à Düsseldorf. Dans leurs programmes électoraux, les trois candidats ont fait de la protection de l’environnement l’une de leurs grandes priorités pour les quatre prochaines années, s’engageant notamment à limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5°C.
Le changement climatique est un défi majeur pour l’Allemagne, quatrième puissance économique mondiale aux industries puissantes mais polluantes. Pendant la campagne électorale, à la mi-juillet, le pays a d’ailleurs été frappé par des inondations meurtrières, qui ont fait plus de 180 morts dans l’ouest du pays et sont directement liées au changement climatique, selon les experts.
À lire aussiL’Allemagne au milieu du gué
Greta Thunberg a néanmoins relativisé la portée des élections allemandes dans la lutte contre le réchauffement climatique mondial. «La crise climatique ne peut pas être résolue par les partis politiques seuls», a-t-elle assuré avant son déplacement à Berlin. «Nous ne pouvons pas seulement voter pour le changement, nous devons aussi être des citoyens de démocratie actifs et descendre dans la rue pour réclamer une action», a-t-elle ajouté.
Dans un nouveau rapport, l’Onu a conclu que limiter le réchauffement climatique mondial à 1,5°C est impossible sans une réduction immédiate et massive des émissions de gaz à effet de serre. L’Accord de Paris de 2015 sur le changement climatique appelait à limiter le réchauffement planétaire à moins de 2°C au-dessus du niveau préindustriel, et dans l’idéal à 1,5°C. Mais sur la base des engagements actuels des États membres de l’accord, «le monde est sur le chemin catastrophique de 2,7°C», a mis en garde récemment le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.