10 expos gratuites où se mettre au frais en juillet et août


Dans un vignoble ou dans une galerie d’art parisienne, dans un centre d’art régional ou dans une tour de bureaux, les expositions gratuites à voir cet été sont nombreuses et riches en surprises. Et ce, dans toute la France, du Médoc à la région parisienne, et même un peu au-delà, puisque notre sélection s’aventure jusqu’à Bruxelles.

Toutes nous offrent l’occasion de belles sorties entre deux coups de soleil, et donnent le pouls de l’art d’aujourd’hui : peintres oubliés remis en valeur, céramique contemporaine audacieuse, installations d’art impalpables, compositions cosmiques… À vous les découvertes !

1. Des sculptures de lumière dans un vignoble du Médoc

Michel Verjux, Poursuite au mur, à cheval sur deux surfaces (source haute)

Michel Verjux, Poursuite au mur, à cheval sur deux surfaces (source haute), 2019

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Projecteur à découpe et installation lumineuse • dimensions variables • © Michel Verjux / Château Chasse-Spleen

Dans le Médoc, là où les vignes succèdent aux vignes, le domaine Chasse-Spleen attire depuis 2017 les amateurs d’art contemporain. Cet été, place à Michel Verjux (né en 1956) et à ses installations lumineuses, qui sculptent l’espace, le révèlent, le réveillent aussi. Extrêmement discret car presque sans objet, cet art du visible et de l’invisible est fait de formes géométriques et de poussière, d’ampoules et de surfaces en dialogue. L’expérience est rare, belle… Et pourra se poursuivre en séjour long, le domaine possédant trois chambres d’hôtes à louer.

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Michel Verjux. L’avantage de la clarté

Du 4 mai 2023 au 1 octobre 2023

art.chasse-spleen.com

2. Peintures cauchemardesques et intérieur domestique à Lafayette Anticipations

Vue de l’exposition : Pol Taburet OPERA III: ZOO “The Day of Heaven and Hell” à Lafayette Anticipations

Vue de l’exposition : Pol Taburet OPERA III: ZOO “The Day of Heaven and Hell” à Lafayette Anticipations

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© Pierre Antoine, Lafayette Anticipations

Ne vous fiez pas à son jeune âge : si Pol Taburet (né en 1997) bénéficie déjà d’une exposition monographique entre les murs de Lafayette Anticipations, c’est bien parce que son univers, et la façon dont il s’étend en peintures, sculptures et installations, apparaît singulièrement envoûtant et abouti. Parisien d’origine guadeloupéenne, remarqué par François Pinault et autres collectionneurs prescripteurs, l’artiste diplômé de l’École nationale supérieure d’arts de Paris-Cergy a transformé l’architecture de Rem Koolhaas en maison domestique, avec fenêtres, rideaux et salle à manger. Sauf que, sous la table, des pattes griffues dépassent, et qu’aux murs sont accrochées des visions cauchemardesques, parées d’orages et d’éclats inquiétants. Un vertige terriblement séduisant.

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Pol Taburet. OPERA III : ZOO “The Day of Heaven and Hell”

Du 21 juin 2023 au 3 septembre 2023

www.lafayetteanticipations.com

3. La couleur pour point cardinal chez Magnum

Des images en couleurs, tout simplement. Pour son exposition estivale, la galerie Magnum, qui représente les photographes de l’agence éponyme, est allée chercher dans ses archives les plus beaux tirages en couleurs de huit de ses photographes, tous pris au XXe siècle. Soit une quarantaine de clichés, paysages, scènes de rue, natures mortes fleuries et portraits cocasses, signés de grands noms internationaux tels que le Suisse Werner Bischof, l’Austro-Américain Ernst Haas, le Belge Harry Gruyaert, le Brésilien Miguel Rio Branco ou le Russe Gueorgui Pinkhassov. Efficace, réussi, bref : une bonne expo photo, à recommander à ceux qui ne pourront pas aller aux Rencontres d’Arles ou qui en reviendraient encore affamés d’images.

4. À Dijon, une aile qui donne des ailes

Alyne Harris, Sans titre

Alyne Harris, Sans titre, non daté

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Courtesy de l’artiste / Dan Bradica

Le Consortium de Dijon, institution historique de l’art contemporain, fait cet été un pari : confier une aile de son premier étage à deux artistes, pour qu’ils y mettent sur pied une exposition. Tobias Pils (né en 1971) et Joe Bradley (né en 1975), qui ont tous deux déjà été exposés entre ses murs, ont choisi de mettre en avant deux peintres passés sous les radars de l’histoire de l’art, Hans Kruckenhauser (1940–2017) et Alyne Harris (née en 1943). L’Autrichien et l’Américaine ont pour point commun une obsession pour l’art du paysage, qu’il pratique avec la légèreté troublante de l’aquarelle, et, elle, avec un pinceau gras, tendre et un brin naïf. Un accrochage généreux, qui touche au cœur.

Du 1 juillet 2023 au 28 janvier 2024

www.leconsortium.fr

5. Chez Kamel Mennour, en plein dans le mille !

Étonnant rendez-vous que celui proposé par le critique d’art Philippe Dagen à la galerie Kamel Mennour : un accrochage collectif autour du motif de la cible. « Pourquoi consacrer une exposition à cette forme simple ? Pour montrer combien elle peut accueillir de significations diverses et parfois complexes », éclaire le commissaire. Éloge de la variation autour du cercle coloré, le parcours réunit un dessin de Man Ray, une Composition (1939) de Sonia Delaunay, une acrylique sur toile d’Ugo Rondinone ou encore un tirage argentique de Roger Ballen. Notre favorite ? Peut-être le Sunwise (1960) de Kenneth Noland, soit une toile carrée de presque deux mètres sur deux, et qui transforme la cible en coucher de soleil évanescent…

6. À Nantes, le masque est (toujours) obligatoire

La « Collection des masques Peignon » à la Maison de l’Immaculée à Nantes

La « Collection des masques Peignon » à la Maison de l’Immaculée à Nantes

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Grande nouvelle : le Voyage à Nantes nous réconcilie avec le masque grâce à une exposition atypique dédiée à Maison Peignon de Nantes, dont l’atelier a vu le jour en 1853 et livré ses costumes jusqu’au début des années 2000. Depuis le XIXe siècle, la Maison a conservé dans ses réserves des dizaines et des dizaines de masques : animaliers, colorés, affriolants ou grimaçants ; surtout conçus de 1864 à 1894 par Eugène Peignon et réunis par une descendante de la famille, qui a accepté de les prêter pour un accrochage exceptionnel au sein du cloître de la maison de l’Immaculée. Une parade inoubliable et poétique !

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Collection des masques Peignon

Du 3 juillet 2023 au 25 août 2023

www.levoyageanantes.fr

7. À La Défense, une collection qui restaure notre lien à la nature

À gauche, « Balançoire en feuilles de robiner » (1992), et à droite « Nid d’eau » (1976) de Nils Udo

À gauche, « Balançoire en feuilles de robiner » (1992), et à droite « Nid d’eau » (1976) de Nils Udo

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Photographie • 125 × 125 cm ; 67,5 × 107,5 cm • Courtesy de l’artiste et Collection d’art Société Générale

La Défense, ses tours, ses commerciaux pressés… A priori, tout sauf un coin de campagne ! Et pourtant : dans la tour de la banque Société générale (qui abrite, rappelons-le, une exceptionnelle collection d’art), une figure bien connue de l’écologie a eu carte blanche pour concevoir une exposition qui entend mettre « l’accent sur ce qui unit les êtres humains à la nature ». Lauranne Germond, directrice de l’association COAL (Coalition pour une écologie culturelle), a réuni des artistes tels que la figure du land art Nils-Udo, le Brésilien amateur de recyclages de déchets Vik Muniz, ou encore le reporter Pascal Maitre, dans un parcours qui veut sensibiliser ses visiteurs à la préservation des écosystèmes… Louable et passionnant. PS : profitez-en pour découvrir « Les Extatiques », vaste exposition d’art contemporain à ciel ouvert, qui s’empare de tout le quartier de La Défense, et de la Seine Musicale à Boulogne-Billancourt.

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L’eau et le diamant

Du 28 juin 2023 au 31 mars 2024

www.collectionsocietegenerale.com

8. Mélancolie de crayons dans les vignes de la Romanée-Conti

GaHee Park, Tipsy Lovers

GaHee Park, Tipsy Lovers, 2021

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Huile sur toile • 116,8 × 152,4 cm • Courtesy of the artist and Perrotin / Tanguy Beurdeley

Encore un vignoble, et non des moindres : le domaine de la Romanée-Conti organise depuis 2012 des expositions d’artistes contemporains dans une belle demeure du XVIIIe siècle, ancienne cuverie du prince de Conti à Vosne-Romanée. Cette année, place à GaHee Park (née en 1985), Coréenne vivant au Canada, autrice de dessins et de peintures où les femmes ont les ongles pointus et les cheveux qui ondulent, où les yeux se dédoublent et où rien, même un simple verre à cocktail, ne semble tout à fait innocent. Représentée par la galerie Perrotin, l’artiste fait se côtoyer la mort et la vie dans une proximité domestique troublante…

9. Le cosmos subtil d’Ouattara Watts rue de Turenne

Ouattara Watts, The Shaman’s Eye

Ouattara Watts, The Shaman’s Eye, 2023

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Technique mixte sur bâche • 147,3 × 198,1 cm • Courtesy de l’artiste et Almine Rech / Photo Dan Bradica

« Ma vision n’est pas reliée à un pays ni à un continent ; elle dépasse les frontières et tout ce qu’on peut repérer sur une carte. Si j’utilise des éléments identifiables pour mieux être compris, il s’agit toutefois d’un projet qui va bien au-delà. C’est le cosmos que je peins. » Attention, beauté : l’Ivoirien Ouattara Watts (né en 1957) est à la galerie Almine Rech jusqu’à la fin du mois de juillet, et c’est à ne pas manquer. Pourquoi ? Parce que le spectacle de ses compositions poétiques, de ses géographies inventées et de ses constellations grandioses marque à tout jamais la rétine, qui s’attache à observer les jeux de textures et de couleurs subtils, les trouvailles collées et les dessins délicats de cet artiste installé à New York. C’est mélodieux, enchanteur… beau (tout simplement).

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Ouattara Watts. Ouattara in Paris

Du 9 juin 2023 au 29 juillet 2023

www.alminerech.com

10. À Bruxelles, de la vaisselle cassée émerveille

Anne Marie Laureys, Bise Opus #7, L’acte troublé

Anne Marie Laureys, Bise Opus #7, L’acte troublé, 2023

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Céramique • © Fondation D’entreprise Hermès / Photo Isabelle Arthuis

Cap sur Bruxelles, où la Verrière, centre d’art contemporain de la fondation Hermès, nous fait faire une belle découverte avec la céramiste Anne Marie Laureys (née en 1962). Au centre de l’espace, une ronde de sculptures. Toutes sont posées sur des socles plus ou moins abîmés, sortis de l’atelier de l’artiste – une volonté du commissaire Joël Riff, qui souhaitait faire entrer un peu des coulisses de la création dans ce parfait white cube. Chaque sculpture est une abstraction parfaite, réalisée à partir de céramiques utilitaires (bols, vases) brisées, recomposées, agglomérées en totems où les doigts se sont glissés, sensuels. Les émaux sont poudrés, délicatement délavés et dégradés. On meurt d’envie de toucher ! Et c’est d’ailleurs possible, l’artiste ayant laissé à disposition une petite sculpture exprès pour ses visiteurs (trop) curieux. Un délice de céramique, qui dialogue ici avec quelques peintures de Maude Maris et un petit bronze d’Auguste Rodin.

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Anne Marie Laureys. Bise

Du 17 mai 2023 au 29 juillet 2023

www.fondationdentreprisehermes.org



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