La consommation de poulet augmente en France, notamment dans la restauration rapide où de nouvelles enseignes naissent, ce qui pose la question des sources d’approvisionnement et des conditions d’élevage, alors que la Commission européenne doit réviser sa législation sur le bien-être animal.
L’an dernier, la France est devenue le premier pays consommateur de poulet en Europe devant l’Allemagne et l’Espagne, avec plus de 28 kg consommés par personne en moyenne: cette viande reste l’une des moins chères, bien qu’elle n’ait pas été épargnée par l’inflation (+18 %, selon l’Insee).
Signe de cet engouement, dans la restauration rapide apparaissent de nouvelles franchises, comme la chaîne coréenne de poulet frit Bonchon qui a ouvert son premier restaurant à Paris en mars. Le groupe Napaqaro (Buffalo Grill, Courtepaille) a, lui, lancé dans la capitale la franchise américaine Popeyes Louisiana Kitchen en février et vise 300 établissements d’ici 2030.
« Le poulet a le vent en poupe : c’est une protéine intéressante nutritionnellement et peu émettrice de carbone », dit à l’AFP Isabelle Herman, directrice générale du géant américain Kentucky Fried Chicken (KFC) qui compte 328 restaurants dans l’Hexagone et dit avoir « encore un beau potentiel d’ouvertures », après avoir créé 25 établissements l’an dernier.
Pour soutenir ce développement, KFC a noué un partenariat avec le volailler LDC (poulets de Loué, Le Gaulois) qui lui a permis de doubler ses approvisionnements de poulet tricolore, à 47% du total. Le reste provient « surtout des Pays-Bas et de Pologne », précise-t-elle. Le groupe est fier de cet effort dans « un contexte économique compliqué », affirme Mme Herman. « Nos franchisés ont dû accepter de réduire leur marge, puisqu’on n’a intégré dans nos prix consommateurs que la moitié de l’inflation, qui était de 25 % sur nos coûts de matière première, soit en moyenne 11-12 % ».
De son côté McDonald’s indique s’approvisionner en France, auprès de 219 éleveurs, pour les deux tiers (18 000 tonnes par an) de ses besoins en poulet, et pour le reste, surtout en Allemagne et aux Pays-Bas. L’enseigne s’est engagée à ce que « 100 % des poulets de sa filière française soient élevés dans des bâtiments (…) dotés de lumière naturelle dans un environnement » favorisant les comportements naturels « dont le perchage et les bains de poussière », dit-elle à l’AFP.
Densité de poulet par mètre carré
KFC France promet que « d’ici 2026 » , 100 % de son approvisionnement en poulet sera issu d’élevages et d’abattoirs respectant les critères du « Better Chicken Commitment », un socle de critères défendu par les ONG de protection animale : moindre densité des élevages, meilleur environnement, absence de cages, abattage moins cruel…
Mais KFC ne s’est « pas engagé à inclure une part minimale de plein air dans ses approvisionnements », déplore l’association de protection des animaux d’élevage Welfarm. Celle-ci s’est réjouie de voir le Jury de déontologie publicitaire, le 13 mars, s’alarmer d’une publicité de l’enseigne pour la « Crispy Box » de KFC mettant en scène « un poulet effectuant des rebonds sur le ventre d’une vache (…) dans un cadre bucolique », alors que les volailles « sont élevées en bâtiments en claustration permanente » , relève Welfarm. Cette publicité « est de nature à induire le public en erreur sur la réalité des conditions d’élevage des poulets utilisés par KFC » , a estimé le Jury.
Mais dans la réalité, l’amélioration du bien-être des poulets est-elle en route ? Alors que la Commission européenne doit réviser bientôt sa législation sur le bien-être animal, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a notamment recommandé de réduire la densité de poulets dans les élevages, estimant qu’une densité supérieure à 11 kg par mètre carré leur était préjudiciable. La limite pour les poulets d’entrée de gamme est actuellement de 33 kg au m2 (soit environ 17 poulets au m2) et jusqu’à 42 kg sur dérogation.
Ces préconisations, jugées minimales par les ONG de protection animale qui attendent un durcissement de la réglementation européenne, sont rejetées par les organisations agricoles européennes (Copa-Cogeca, AVEC…), qui alertent sur un risque de « disparition de la majeure partie du secteur avicole européen, viande et œufs confondus », dans un contexte de vive concurrence entre pays producteurs.
Car aux dires des professionnels français de la volaille réunis dans l’Anvol, la filière est « submergée par les importations » : – qui compte 14 000 élevages -, est désormais importée, contre un quart en 2000.