– Rapace protégé empoisonné : prison avec sursis pour un pisciculteur – Viticulture


Un pisciculteur a été condamné mardi à huit mois de prison avec sursis pour l’empoisonnement d’un rapace protégé, un pygargue découvert mort en mai dans les Ardennes, et son salarié à quatre mois de sursis par le tribunal de Troyes.

Le pygargue est le rapace le plus rare de France: on compte moins de 30
spécimens présents sur le territoire, en captivité et en liberté confondus. Les deux prévenus étaient poursuivis pour « destruction d’espèces protégées », « utilisation et à la détention illégales de produits phytopharmaceutiques ».

Les peines sont en deçà des réquisitions: à l’audience le 30 août, le procureur avait réclamé 12 mois d’emprisonnement avec sursis contre le gérant, et huit mois avec sursis pour le salarié.

L’entreprise de pisciculture a été condamnée a 40 000 euros d’amende dont
20 000 assortis d’un sursis. Les deux prévenus et l’entreprise ont en outre été condamnés à verser ensemble plus de 32 000 euros à l’État « en réparation du préjudice écologique » et au total plus de 5.000 euros à une dizaine d’associations parties civiles, notamment la LPO, France Nature Environnement, la Fédération des chasseurs des Ardennes.

Le pisciculteur a expliqué son geste en indiquant que les oiseaux, en se
nourrissant dans ses étangs, avaient entraîné des milliers d’euros de pertes
sur ses élevages de poissons. « La décision rendue semble avoir pris en compte la détresse de nos pisciculteurs en diminuant très substantiellement les sommes réclamées par les parties civiles » a noté Me Timothée Dufour, l’avocat du pisciculteur, notant que la LPO, qui avait réclamé 180 000 euros, en obtient 400.

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La filière « est abandonnée par l’État, vous n’avez aucune indemnisation
pour les cormorans » contrairement aux troupeaux touchés par le loup. « C’est la détresse d’un homme et de toute une filière qui a conduit à ce geste », a
souligné Me Dufour pour qui désormais « la priorité est au dialogue » entre
services de l’Etat, filières piscicoles et associations « pour éviter d’autres
affaires similaires ».

« Même s’il y a (dans les peines prononcées) du sursis, j’espère que cela demeure quelque chose d’assez dissuasif pour que d’autres personnes
réfléchissent avant de commettre le même genre d’actes », a réagi auprès de
l’AFP Etienne Clément de la Ligue de protection des oiseaux de Champagne-Ardenne.

Le rapace, un pygargue à queue blanche, avait été découvert mort le 4 mai à
proximité d’une zone d’étangs, retrouvé grâce à sa balise télémétrique. L’autopsie avait révélé la présence dans son estomac de poissons recouverts
de carbofuran, un insecticide interdit en France depuis 2008, avait indiqué
l’Office français de la biodiversité (OFB) et la gendarmerie dans un
communiqué le 17 juillet.

Chez le propriétaire de l’étang ont été retrouvés plusieurs dizaines de kilos de cet insecticide ainsi que d’autres produits toxiques pour les oiseaux, soupçonnés d’avoir entraîné la mort de plusieurs autres oiseaux, cormorans, cigognes ou hérons.

Le propriétaire, déjà connu de la justice et de l’OFB pour des faits précédents d’empoisonnement d’espèces protégées, avait été interpellé avec deux autres personnes. Placés sous contrôle judiciaire, ils avaient reconnu les faits.



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